Si le nouveau plan de restructuration du câblier Nexans compte 123 suppressions de postes au siège de la Défense, c’est toute l’Europe qui est visée, avec 950 postes menacés (dont plus de 600 suppressions nettes d’emplois, Ndlr), principalement en Allemagne, en Suisse et en France. Allemands, Suisses et Belges ont donc décidé de rejoindre leurs collègues français pour une journée de rassemblement contre le plan social en face du siège, à côté du pôle universitaire privé Léonard de Vinci.

Mercredi 24 avril, plusieurs dizaines d’entre eux ont manifesté devant l’immeuble de bureaux de 10 h 30 à 14 h. Dans le cortège allemand, trois ont décidé de faire la route en vélo, depuis Hanovre. Andreas Zerbion, lui, est venu en bus avec ses collègues. Il espère que la situation « va s’améliorer » pour l’usine de production de câbles, menacée par 490 suppressions de postes. « Je suis venu pour défendre mon emploi », explique pour sa part Christophe Ioset, salarié suisse gagné par l’impression « qu’on fait un énième plan pour faire plaisir aux grands chefs ».

C’est suite à l’appel de l’European trade union, que les différentes nationalités européennes de l’entreprise française se sont unies pour se faire entendre. Le délégué adjoint du syndicat européen Luis Colunga, a été reçu avec une délégation de 15 personnes, laquelle devait donner son avis, positif ou négatif, sur le plan de restructuration.

Sa place de leader mondial, chipée l’année dernière par l’italien Prysmian qui mis la main sur le géant General cable, semble aujourd’hui, selon les employés interrogés, « non récupérable ».

« On sait bien que l’avis donné par la délégation sera négatif, mais le plan de restructuration va être appliqué, il faut qu’on s’intéresse aux conditions d’accompagnement de ce plan », milite pour sa part, Anne-Catherine, Cudennec, du syndicat CFE-CFC. Le syndicat espère réussir à « sauvegarder 25 emplois », en proposant des réajustements de postes, selon le délégué syndical Didier Laurent.

L’humeur toutefois, parmi les employés historiques de l’entreprise, n’est pas franchement optimiste. Pour David Souillard, qui compte 27 ans d’ancienneté à l’usine Nexans de Paillard, aimerait « que l’entreprise reste française, car sinon, ce sont les Chinois qui vont nous racheter et eux, les plans sociaux, c’est pas leur fort ».

L’entreprise française de 26 000 salariés, spécialisée dans l’industrie du câble, est décidément en berne. Sa place de leader mondial, chipée l’année dernière par l’italien Prysmian qui mit la main sur le géant General cable pour trois milliards d’euros, semble aujourd’hui, selon les employés interrogés, « non récupérable ». Sur le marché du câble, les deux concurrents font toutefois grise mine autant l’un que l’autre. Nexans a ainsi vu la valeur de son titre chuter de plus de 50 % en un an, avec un chiffre d’affaires 2018 établi à 4,41 milliards d’euros contre 4,57 milliards d’euros en 2017. Mais son rival italien aux 30 000 salariés connaît lui aussi des déboires : il a dévissé de plus de 30 % en Bourse depuis un an, avec un chiffre d’affaires 2018 de 11,57 milliards d’euros.