La pratique des hackathons, ces défis au départ dédiés à coder des solutions numériques dans un temps restreint, a désormais gagné l’enseignement avec ces défis collectifs, souvent élargis très au-delà du codage informatique. Désormais proposés sur quelques jours, ils visent cependant toujours à proposer des solutions innovantes sur des thèmes bien précis. Vendredi 5 avril, l’école de commerce Iéseg, au pied de la Grande arche du quartier d’affaires, terminait son deuxième hackathon de l’année, tandis que l’université Paris Nanterre lançait le premier de son histoire.

Vendredi 5 avril, l’école de commerce Iéseg, au coeur du quartier d’affaires, terminait son deuxième hackathon de l’année, tandis que l’université Paris-Nanterre lançait le premier de son histoire.

Avec pour chacun une ambiance très différente. L’Iéseg invite de grandes entreprises à venir soumettre à ses étudiants des problématiques très précises, comme « reconceptualiser une pédale de vélo » ou repenser « l’approche stratégique d’un produit ». L’université propose, elle, à ses élèves de réfléchir à des solutions sur des Jeux olympiques « plus responsables, solidaires et inclusifs ».

A Nanterre ce vendredi-là, les étudiants proposent d’eux-mêmes les idées sur lesquelles ils veulent travailler, en rapport avec leurs propres sensibilités. Timidement, des élèves s’avancent, seuls ou déjà accompagnés d’amis. Tania s’avance avec une copine de cours. Elle cherche trois personnes pour compléter leur groupe destiné à « créer un outil qui permette aux arbitres de transmettre leurs décisions sur le terrain aux personnes sourdes, pour qu’elles puissent jouer avec les valides ». La première phase de cette session de trois jours passe par des jeux de Lego, permettant de briser la glace et de mettre en place la cohésion des nouvelles équipes.

Du principe de base du hackathon, l’école de commerce de la Défense et l’université nanterrienne conservent quelques méthodes communes. Dans l’amphithéâtre du bâtiment de formation continue de l’université, les organisateurs préviennent les étudiants : « Vous devez penser « out of the box », c’est en sortant de vos modes de pensées traditionnels que vous arriverez à des solutions innovantes. »

À Nanterre, la première phase de cette session de trois jours passe par des jeux de Lego, permettant de briser la glace et de mettre en place la cohésion des nouvelles équipes.

« Effectivement, il faut se challenger pour sortir de ses barrières culturelles, économiques et structurelles », confirme Yvon Moysan, directeur du master digital marketing et innovation de l’Iéseg. Il précise que c’est également ce que recherchent les grandes entreprises présentes dans le jury : faire appel à des avis extérieurs, pour leur apporter un éclairage différent.

Au campus de la Défense comme à Nanterre, de petits groupes se forment pour trouver, en « mode start-up », des solutions dans des délais très courts. Selon l’école de commerce, la comparaison s’arrêterait là : « Nous avons décidé de faire un « makeathon » et non un hackathon, qui s’arrêterait à la phase d’idéation, avec une présentation powerpoint à la fin, sans produit fini, détaille Yvon Moysan. Ici, les étudiants doivent arriver devant le jury avec quelque chose de concret. »

Parmi les problématiques propres à chacune des six entreprises sollicitées par l’Iéseg, le brasseur Kronenbourg souhaitait que les étudiants donnent leur analyse de la bière Skoll. Un petit groupe de trois élèves livre ce vendredi après-midi, non sans un certain panache, une analyse marketing qui semble séduire le jury, composé « d’opérationnels » : responsables de l’innovation ou des ressources humaines de l’opérateur Orange, du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger, ou encore du ­cabinet ­d’audit Deloitte.

Ces étudiants présentent une bouteille qu’ils ont « bricolé à partir d’une bière achetée dans un supermarché », ils suggèrent de « développer l’offre premium en afterwork », de « changer le packaging pour avoir moins de carton dans une démarche écologique ». Ils poursuivent : « Abandonner la vodka présente dans la bière pour revenir à de la fraîcheur », ou encore « créer des évènements sous le pont Alexandre III à Paris, avec une péniche Skoll pour toucher un public dynamique ».

Devant un jury de professionnels, les étudiants de cette école de commerce de la Défense ont présenté leur approche marketing de la bière Skoll.

Romain et Laurie, tous deux étudiants en master 1 « digital innovation » à l’Iéseg, se disent séduits par leur participation autour de la marque du brasseur. « Les coachs nous ont apporté de la structure dans les idées, on a appris à être adaptables et nous mêler à d’autres écoles, expliquent-t-ils. Là où les ingénieurs sont centrés sur le produit, nous sommes plus centrés client. Vendre notre concept à des professionnels a été très intéressant. »

À Nanterre, Tania et ses quatre coéquipiers vont également bénéficier de retombées positives à leur participation. Ils ont en effet terminé lauréats, avec 500 euros à la clef et six mois dans l’incubateur de l’université. Ils y développeront l’application Deaf connect, qui doit permettre d’informer les sportifs sourds des décisions de l’arbitre par le biais d’un bracelet connecté. Une victoire personnelle pour l’étudiante : ce sont ses parents, sourds, qui l’avaient motivée à participer à ce challenge.