Pour le groupe français Suez, poids lourd mondial de la gestion de l’eau et des déchets, dont le siège mondial est situé à la Défense, il n’est pas si simple de recruter dans ses rangs, surtout dans les métiers dits « opérationnels ». Moins glamours que ceux proposés par d’autres grandes entreprises, certains métiers que propose l’entreprise semblent avoir des difficultés à attirer les talents. La forte technicité que requiert ce secteur industriel donne aussi du fil à retordre aux ressources humaines du groupe.

Pour répondre à ce déficit de candidats, Suez s’est lancé tous azimuts sur des projets de formations, stages et alternances pour faire parler d’elle et tenter ainsi d’attirer, de recruter et de former de futurs salariés. L’entreprise mise également sur des partenariats avec des maisons de réinsertion, ou encore avec un dispositif d’intégration pour les réfugiés. Jeudi 21 mars dernier, Suez organisait ainsi une journée nommée Osons l’apprentissage, dans sa tour CB21 de la Défense, avec au programme une visite de son showroom.

« Nos métiers, personne ne les connaît, les déchets ne vendent pas de rêve, même s’ils sont l’avenir du monde, regrette Célia Martin, chargée de communication elle-même en alternance chez Suez. Beaucoup de métiers concernent des fonctions supports, exploitation, maintenance.. qu’on ne trouve pas chez les acteurs publics de l’emploi, ce sont des offres très précises, avec des qualifications précises, donc on préfère former les gens en amont et les recruter après. »

Même si travailler chez Suez est « moins glamour » que dans d’autres grandes entreprises du quartier d’affaires, alors, il faut faire « envie » pour attirer les talents, explique Amélie Rambaud, notamment responsable de l’innovation aux ressources humaines du groupe. « Il faut créer de l’événementiel, comme aujourd’hui », affirme-t-elle.

Certains métiers que proposés semblent avoir des difficultés à attirer les talents. La forte technicité que requiert ce secteur industriel donne ainsi du fil à retordre aux ressources humaines du groupe.

« On a un problème de recrutement, et en particulier sur certains métiers comme les conducteurs poids lourds ou super poids lourds », reconnaît Célia Martin d’un des métiers opérationnels peu pourvus en candidats. Pour pallier ce manque spécifique de chauffeurs, Suez travaille notamment avec l’association d’intégration pour les réfugiés Hope. « On accompagne 12 réfugiés, et hier (le 20 mars, Ndlr), l’un d’eux a obtenu le premier titre de conducteur routier », se réjouit Amélie Rambaud.

Dans le cadre du lancement du Pacte avec les quartiers pour toutes les entreprises (Paqte), en juin 2018, Suez a aussi lancé des perches pour recruter des habitants des Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Le groupe espère susciter des vocations avec ses stages de 3e pour collégiens d’établissements situés en Rep+, et recrutement d’alternants habitant ces quartiers populaires.

« On accueille beaucoup de stagiaires dans le cadre de la loi Paqte, se félicitait jeudi dans la tour CB21 Amélie Rambaud. Nous avons un engagement très fort, puisqu’on a environ 1 000 stagiaires sur l’année, en collèges des QPV. » Cet engagement prend la forme d’une journée avec 20 élèves accueillis dans des sites du groupe dans toute la France, dont une partie à la Tour CB 21, au cœur du quartier d’affaires. L’objectif de l’entreprise est de valoriser ses métiers et de sensibiliser chaque stagiaire au tri, au recyclage et au gaspillage alimentaire afin de faire de chacun « un ambassadeur dans son quartier » des métiers composant cet immense groupe industriel.

« On réfléchit à travailler avec l’association Ma chance moi aussi, pour avoir les jeunes avant même le collège, et les suivre sur plusieurs années, indique aussi la responsable de l’innovation en matière de ressources humaines. Les suivre pendant dix ans, avec les stages puis l’alternance, dès qu’ils ont 6 ou 7 ans, c’est un jeune qu’on aura potentiellement après chez nous. » En parallèle des stages de troisième, Suez embauchera cette année 3 % d’alternants, soit plus de 1 500 postes à pourvoir.

Suez emploie 90 000 collaborateurs dans le monde, dont 25 000 uniquement en France, dans les secteurs de l’eau et déchets. « Il faut insister sur la détermination des élèves à se projeter dans un ou plusieurs métiers et aussi à être mobiles, indique la direction de Suez. Nous avons besoin de jeunes déterminés et passionnés. » L’entreprise travaille également avec des associations d’insertion.

Suez a ainsi créé un pôle d’innovation sociale et le programme Maison pour rebondir, il y a 15 ans, filiale à 100 % de l’entreprise dans les secteurs du recyclage et de la valorisation des déchets. D’ici à 2021, la Maison pour rebondir s’est fixé des objectifs nationaux de 1 000 emplois en insertion par an, de 1 000 emplois créés via de nouveaux services de l’Economie sociale et solidaire (ESS), et de 1 000 salariés formés à l’ESS. Une nouvelle occasion pour tenter de pallier ces manques de main d’œuvre.