Il y a quelques années, la majorité courbevoisienne a pris le parti de considérer la question du sentiment de sécurité des piétons dans ses rues, boulevards, trottoirs et escaliers comme un problème touchant d’abord les piétonnes. En mars 2017, une quinzaine d’habitantes ont donc été conviées à une marche exploratoire du quartier Gambetta, qui borde la Défense. Une autre marche, prévue ce mois-ci dans le quartier Cœur de ville, a été annulée à cause des intempéries, elle sera reprogrammée à l’automne.

« Veiller à l’accessibilité des espaces publics suppose une actualisation constante des aménagements et repose sur l’amélioration de la sécurité des citoyens, et surtout des citoyennes, estime dans le bilan transmis par la municipalité à La Gazette la première adjointe courbevoisienne Marie-Pierre Limoge (LR). Ainsi, promouvoir la sécurité des femmes dans l’espace public consiste à réduire la prévalence de la violence à l’égard des femmes, en légitimant leur droit à la ville et en ­stimulant la liberté de circulation. »

Un constat fortement appuyé par la conseillère municipale d’opposition Maria Cotora, du groupe de gauche Tous pour Courbevoie, qui souhaite dans sa dernière tribune que ces mesures soient accélérées. Elle pose aussi la question de l’occupation des espaces publics du quartier d’affaires, et demande plus d’animation (travail engagé depuis plusieurs années par Defacto puis Paris La Défense, établissement chargé de cet aspect du quartier, Ndlr).

« Ce n’est pas pour rien que ce quartier a été choisi en premier, c’est un lieu qui a des aménagements assez anxiogènes pour les femmes, explique cette élue qui habite Courbevoie depuis 30 ans. Quand on rentre tard le soir parce qu’on a pris les transports, […] quand on doit traverser des tunnels ou des rues vides de la Défense, sans même parler des boulevards circulaire ou de la Défense qu’on évite de toute façon, c’est assez angoissant. »

Ce 13 mars 2017, une quinzaine de courbevoisiennes avaient été sollicitées pour donner leur avis et noter l’allée Mozart, l’ascenseur et les escaliers du Général Audran, l’ascenceur Alsace et l’allée Sainte-Odile, le passage longeant le parc Diderot, le passage souterrain avenue Gambetta, le passage souterrain du boulevard circulaire, le square Regnault et le pont de chemin de fer de la mission Marchand. Sur place, le boulevard circulaire sera ajouté à la liste préétablie par la municipalité.

« Le quartier Gambetta est réparti sur deux niveaux, avec des passerelles, des tunnels, des lieux en travaux », confirme le service démocratie locale et concertation, du choix de ce quartier comme premier évalué par des femmes. « Souvent, c’est l’éclairage qui revient, ainsi que la signalétique et le nettoyage », poursuit la municipalité jointe vendredi, rappelant d’ailleurs qu’à l’époque, l’éclairage public de l’ensemble du boulevard circulaire était défaillant (il a été rétabli depuis que le conseil départemental a récupéré ce boulevard autrefois ­responsabilité de l’Etat, Ndlr).

« Le secteur choisi comporte des lieux anxiogènes lorsque l’on est une femme, mais également lorsque l’on est un homme, établit ainsi le bilan de cette marche exploratoire dédiée aux femmes. Les liaisons piétonnes entre le quartier d’Affaires de la Défense et la ville de Courbevoie peuvent alors devenir de véritables « casse-tête ». Afin d’éviter de passer par certains endroits sombres ou peu rassurants, les piétons sont parfois obligés de ­rallonger leurs parcours. »

Depuis, même si l’installation de chantiers de nouvelles tours peuvent les perturber, la signalétique comme l’éclairage ont été fortement renforcés par Paris La Défense, établissement gestionnaire et aménageur du quartier d’affaires. Il a également engagé une rénovation complète des passerelles. Reste cependant à résoudre le manque de fréquentation des lieux à certaines heures, pointée dans le bilan de la marche comme par la conseillère d’opposition Maria Cotora.

« Sur une dalle plus animée, les femmes se sentent plus en sécurité pour rentrer le soir ou même faire une balade entre copines. Aujourd’hui, le soir sur la dalle, je ne vois pas beaucoup de groupes de filles, ça m’arrive d’y aller, ce n’est pas forcément un moment qui fait peur mais ce n’est pas non plus très agréable, si on est une fille, on sait qu’on va se faire alpaguer quatre fois, rapporte-t-elle. Je sais qu’un travail commence à être mené pour animer cet endroit, maintenant […], ça bouge très lentement… »