Une petite vingtaine d’exposants, développeurs de jeux vidéo indépendants, étaient présent vendredi 1er mars au campus Ynov nanterrien, pour la journée réservée aux professionnels de la première édition du salon Indie game nation (le samedi était ensuite ouvert au grand public, Ndlr). Au programme : conférences et ambiance conviviale entre passionnés souhaitant améliorer leurs jeux tout en se construisant un réseau.

« Je peux tester ? » demande Ugo Rosini avant de s’installer devant la démo d’une autre équipe de développeurs. Après quelques minutes d’efforts, il vient à bout d’Inmortis. Il n’hésite pas à encourager et conseiller l’équipe du jeu : « Franchement les gars, c’est courageux de se lancer dans un action-RPG en 2D, en termes de développement, c’est du boulot ! En revanche, il y a une sensation un peu frustrante quand tu frappes vers le haut, la commande répond mal. »

« Si on vient, c’est parce qu’on a besoin de ce genre de retours », résume Guillaume Rech-Bieber de cette première journée du salon réservé aux professionnels. « Là, on peut montrer notre jeu à d’autres développeurs, et ils vont repérer des bugs que le grand public ne saurait pas trouver, parce qu’ils ont l’œil et savent où chercher », explique cet étudiant dans le web et exposant du salon.

« Dans le milieu indé, tout le monde se connaît : il n’y a pas vraiment de concurrence ici, on s’entraide et on se fait des contacts, les gens que vous voyez ici, on les croise de salon en salon », assure Guillaume Rech-Bieber. Parti de « rien », il s’est lancé depuis un an et demi avec des amis dans le développement d’Inmortis, un jeu d’action en 2D qui s’inspire des célèbres Diablo et Dark soul, références du hack’n’Slash (jeu où l’on « taille et tranche » ses ennemis, Ndlr) et de l’action-RPG (jeux de rôle, Ndlr).

Comme les autres exposants, ils ont rencontré Peter Pescari, l’organisateur du salon, qui jouit d’une belle réputation dans le milieu des jeux vidéo indépendants. C’est sur son invitation qu’ils ont rejoint l’Indie game nation. Le deuxième organisateur n’est autre que Matthias Crévieaux, le directeur des études création et jeux vidéo du campus Ynov, qui a mis gracieusement ses locaux à disposition.

Les développeurs encouragent leurs confrères à tester leur jeu, et à débusquer les bugs restants.

Matthias Crévieaux a pu lui aussi bénéficier de l’effet « salon » pour son jeu « Song in the void », qui sort sur la plateforme de vente dématérialisée Steam le 15 mars. « Grâce aux retours, j’ai pu me rendre compte que je m’étais trompé de cible, témoigne-t-il. Je visais les 16-30 ans, alors qu’en fait, ce sont les 12-18 ans qui étaient le plus séduits. J’ai changé toute ma communication en conséquence, et ça, ce n’est pas une information que j’aurais pu avoir par une étude de marché. »

La démo du jeu de l’équipe de Guillaume Reich-Bieber, téléchargée un millier de fois sur des plateformes spécialisées telles que itch.io ou encore Gamejolt, est jouable mais pas encore parfaite. Ses concepteurs ont encore besoin de rajouter du gameplay, et doit penser à une stratégie tarifaire lorsque le jeu sera fini. Ugo Rosini, lui, est beaucoup plus avancé sur son jeu, Skybolt Zack. En cours de développement depuis 2 ans et demi, l’équipe des développeurs est arrivée à 75 % du gameplay et compte commercialiser le projet, un « mélange entre Sonic et Guitar hero », en septembre à « 10 ou 20 euros ».

Pour son associé, Maxime Jehenne, les salons tels que l’Indie game nation sont essentiels pour mener à bout leur projet. « Sortir un jeu sans éditeur, c’est du suicide. Nous sommes des artisans, pas des vendeurs, analyse-t-il. Les éditeurs apportent leur réseau, et tout un tas de services : des testeurs, des traducteurs, et de l’investissement pour finir le jeu. »

« Nous aurions du mal à obtenir un rendez-vous officiel, alors que dans un salon, les éditeurs peuvent venir tester le jeu, et nous contacter s’il leur plaît, poursuit-il. Nous, on sortait de l’Isart (école privée réputée spécialisée dans les jeux vidéo, Ndlr), et on a reçu le prix du jury de l’école. Notre speech, c’était de dire : regardez, on a un projet étudiant, mais c’est un jeu qui est déjà jouable et qui pourrait sortir rapidement. »

Enfin, six conférences se sont alternées lors de cette première journée de salon consacrée aux rencontres entre professionnels du secteur. L’occasion pour Emmanuel Forsans, le directeur de l’Agence française pour le jeu vidéo (AFJV), de faire connaître les services de cette société privée spécialisée dans la promotion du domaine vidéoludique : « 90 % de nos services sont gratuits et nous nous concentrons sur l’emploi. Toute les offres du secteur passent sur notre site. »

Créé il y a 16 ans, le « portail pour l’emploi » de l’AFJV propose actuellement 450 annonces, dont 271 en Île-de-France. « On diffuse les offres des gros comme Ubisoft, comme des petits indés, on bosse pour fournir ces services, ce serait dommage que les gens passent à côté, détaille-t-il. Et puis c’est l’occasion de rappeler les bonnes pratiques : que les employeurs répondent aux candidatures, et que les candidats soignent leur lettre de motivation ! »

Mise à jour, 8 mars 2019 : contrairement à ce qui était indiqué initialement, le campus Ynov est une structure de formation privée et non affiliée à l’université Paris-Dauphine. Le nom de son directeur des études création et jeux vidéo était par ailleurs mal orthographié. La rédaction présente ses excuses à l’intéressé.