Une réunion de plus de trois heures, vendredi 15 février à 10 h au sein des locaux de l’organisation syndicale place de l’Iris, pour faire le point sur les négociations qui se tiennent toutes les deux semaines avec le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, qui rapportera auprès du gouvernement ses propositions de lois.

« Pourquoi a-t-on besoin d’une réforme des retraites ? », interrogeait en préambule Sonia Giraud, responsable du service protection sociale de la confédération. Selon une enquête intitulée « Parlons retraites », menée par la syndicale auprès de 120 000 personnes (54 % de femmes, 46 % d’hommes, pour 44 % de salariés du privé, 23 % de la fonction publique et 40 % d’adhérents de la CFDT), les inquiétudes concernant l’avenir du régime de retraites sont nombreuses.

Ainsi, 74 % des personnes interrogées pensent que le système actuel « n’est pas juste ». 68 % pensent que le système des retraites sera moins avantageux dans 20 ans, et 29 % pensent qu’il aura disparu.

« Il faut repenser le système car il n’a pas été pensé pour être juste », résume-t-on du côté de l’organisation syndicale. La France, en terme de reversement des retraites, se situe en troisième place de l’union européenne, derrière l’Italie et la Belgique, avec 315 milliards d’euros annuels.

« Le versement de ce ‘pognon de dingue’ », tacle l’organisation en référence à l’expression du président Emmanuel Macron, « nécessite de sortir l’équivalent de deux fois le PIB de la France, mais revient dans l’économie et contribue à la faire tourner ».

Les contours de la réforme du régime des retraites sont toutefois encore flous. Syndicats et organisations patronales échangent toutes les deux semaines avec le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye, en charge de la consultation et qui rapportera ensuite ses propositions au gouvernement. Si l’agenda est respecté, la loi devrait être discutée par les instances parlementaires à l’horizon de l’automne 2019.

« Dans tous les cas cette réforme ne donnera pas moins et sera plus adaptée », espère la CFDT, qui a toutefois certains points de désaccords avec le haut commissaire : « il tique sur notre revendication de ne pas vivre en dessous du smic… ». Le gouvernement, de son côté, se fait discret sur la question.

Autre « point chaud », selon le syndicat, les négociations sur la pénibilité au travail : « nous nous battons pour une meilleure qualité de vie sur le lieu de travail et non juste un départ anticipé à la retraite, on est les seuls sur ce sujet-là».
Dans les propositions de la CFDT qui ne rencontrent pas l’adhésion des autres syndicats, l’organisation milite en faveur d’un régime par points : « si on réforme, c’est parce personne ne comprends rien aux régimes des retraites, et cela nous permettrait d’avoir une meilleure lisibilité », affirme Sonia Giraud.

Un point semble toutefois emporter l’accord des syndicats : le refus d’un système de retraite par capitalisation, comme le souhaiteraient de nombreux assureurs. Ils semblent avoir été entendus : l’AFP a rapporté ce week-end que Jean-Paul Delevoye serait en faveur d’une indexation des retraites sur les salaires et non sur l’inflation.