Le quartier de la cité Pablo Picasso s’apprête à faire peau neuve. Les célèbres tours Nuages, signature architecturale de ce quartier de Nanterre, vont subir une lourde rénovation énergétique et s’agrémenter de « bas-de-tours » plus modernes. Au programme : de petites entreprises, des espaces de co-working, des ateliers d’artistes, un centre de santé ou encore un centre de formation. À l’occasion du forum organisé le vendredi 14 décembre dernier à l’école Pablo Picasso, l’architecte en charge du projet répondait aux questions des habitants du quartier.

Les 18 tours Nuages ou tours Aillaud, du nom de leur architecte, un temps menacées de destruction au cours des années 2000, occupent une place importante dans le cœur des Nanterriens. Les plus inquiets craignaient une destruction de plusieurs des tours érigées entre 1973 et 1981, représentant 1 607 appartements. Finalement, seule la tour située au 121 avenue Pablo Picasso sera détruite. Sa disparition devra permettre d’ouvrir le parc André Malraux sur l’avenue Pablo Picasso.

Face aux habitants du plus grand quartier de Nanterre, situé au pied du quartier d’affaires de la Défense, l’architecte du patrimoine Bertrand de Monchecourt jouait, en ce vendredi soir de décembre, la carte de l’apaisement : « Mon oncle a vécu dans ce quartier, il m’est cher. Ces tours, ce sont des œuvres d’art et on souhaite les préserver. On veut rester fidèle à l’esprit de l’architecte Emile Aillaud. » Cette rénovation se concentre sur les tours n°1, 29, 24, 17, 151 et 123, celles qui s’articulent autour de la sculpture de serpent géant.

Les plus inquiets craignaient une destruction de plusieurs des tours érigées entre 1973 et 1981, représentant 1 607 appartements. Finalement, seule une des tours sera détruite.

« Nous allons mettre en place les œuvres d’art mais aussi les jeux d’enfants pensés par l’architecte d’origine dans les années 80, détaille l’architecte devant l’assistance. Aujourd’hui, le projet n’est pas encore ficelé et on souhaite faire remonter les envies des habitants. On voudrait réenchanter et redonner vie au quartier. »

Des paroles qui n’ont pas manqué de faire plaisir à Jacqueline, 82 ans. « J’habite le quartier, et je suis déjà allée dans les appartements des tours Nuages chez des amis, et ils sont magnifiques », glisse-t-elle en souriant. « Bon, il faut surtout donner vie au quartier parce que pour l’instant, il n’y a rien », commente sa voisine face à l’architecte.

« Justement, nous avons plusieurs projets pour dynamiser la vie de quartier, on va mettre en place un centre d’exposition, et un centre médical, argumente ce dernier. On va aussi travailler la recomposition des logements et multiplier les manières d’habiter le quartier. Par exemple, on souhaite mettre en place des ateliers d’artistes dans la tour 17 avec des logements pour les artistes au-dessus des ateliers. Idéalement, on aimerait que ces ateliers d’artistes soient le plus ouverts possible. »

L’architecte Bertrand Monchecourt, de l’agence Atelier RMC, présente le projet de rénovation de six des dix-huit tours aux riverains.

Autre axe du projet : ouvrir à l’achat ces logements sociaux, les contours de ces acquisitions se préciseront à partir du second trimestre 2019. Les riverains pourront se rendre à la Maison des habitants pour poser leurs questions et découvrir les premières esquisses des transformations du quartier. Lors des travaux, une offre de relogement sera mise en place, elle concerna entre 300 et 500 locataires.

« Ces relogements se feront sur la base du volontariat, veut cependant rassurer la mairie. Tous ceux qui voudront continuer d’habiter dans les tours Aillaud ou dans le quartier du Parc le pourront. » Ceux qui souhaitent partir des tours auront une offre de relogement dans le futur quartier des Groues.

La rénovation vise aussi à « sécuriser le quartier »

Lors du forum organisé vendredi 14 décembre à l’école Pablo Picasso, les riverains présents ont fait part de leurs inquiétudes quant à l’actuel manque de sécurité du quartier. L’architecte Bertrand Monchecourt en a profité pour présenter ses idées : « Nous allons ouvrir les bas de tours, mais aussi sécuriser le quartier. »

« Ce qui passe par exemple par la création d’une balade autour de la promenade, que l’on va sécuriser pour qu’il n’y ait pas de rodéo et de courses de mobylettes, on veut que ça soit complètement piéton, a-t-il exposé. On veut également proposer un meilleur éclairage des lieux. » L’annonce a semblé plaire à cette mère de famille : « C’est bien parce que c’est tellement fermé que les enfants font n’importe quoi parce qu’ils se sentent cachés, protégés de la police qui a du mal à intervenir. »