Après un demi-siècle consacré uniquement aux anciens combattants, puis une ouverture au grand public avec le développement de l’assurance-vie, l’historique France mutualiste, dont les affiliés avoisinent la moyenne d’âge de 74 ans, opère depuis ces deux dernières années une transformation considérable. Changement de locaux avec l’emménagement de ses 200 salariés dans la tour Pacific, nouvel adage, diversification de ses offres avec le rachat de la start-up Média courtage, courtier d’assurances et mutuelles en ligne… la France mutualiste a opéré un dépoussiérage inédit pour cette ancienne société du monde mutualiste.

« C’est une grande dame qui a rendu son service, note Sylvie Teneul, directrice du développement humain. Mais on aurait pu ne pas la renouveler, parce que la pyramide des âges aurait porté à sa fin son action pour nos anciens combattants. » Pas question, cependant, pour ses dirigeants de la voir s’éteindre avec le nombre de plus en plus réduit d’anciens combattants. En avril, la France mutualiste a emménagé dans de nouveaux locaux au coeur du quartier d’affaires pour entamer une nouvelle jeunesse, tentant de s’adapter à un monde qui a bien changé depuis ses débuts.

« Le monde entrepreneurial est à notre origine, explique Sylvie Teneul. Ce sont des gens qui, par conviction, en état de bénévoles, ont commencé à se fédérer pour cotiser à une retraite. » En 1891, le dentiste Léon Guillot réunit quelques-uns de ses patients dans un café de la rue Montorgueil et leur propose de verser une cotisation mensuelle dans le but de percevoir une retraite, le moment venu. C’est la création de la Boule de neige, qui deviendra la France mutualiste en 1925.

« Ce côté mobilisateur entrepreneur à refait surface, continue la directrice du développement humain. Notre conseil d’administration a choisi en 2017 Dominique Trébuchet comme nouveau directeur général avec cette vision bien précise. C’est dans notre ADN, ainsi que la solidarité et l’approche plurielle, il a fallu redonner une nouvelle vie à cette grande dame. » L’année 2017 est charnière pour l’entreprise de conseil en assurance mutualiste. « Il fallait ouvrir de nouvelles portes », commente Maud de Valicourt, sa responsable communication.

« La start-up Média courtage est arrivée sur notre chemin, et on a vu une belle opportunité à saisir », confie Sylvie Teneul. La France mutualiste possède 100 % du capital de la jeune pousse brestoise d’environ 80 salariés, propriétaire du site internet AcommeAssure. Fort de ce nouveau partenariat, elle lance en 2018 une nouvelle offre d’assurances auto, habitation, emprunteur, santé et prévoyance, mais également sa nouvelle distribution multicanale, avec la possibilité de contracter en ligne certaines assurances via son nouveau site, et des bornes interactives dans les agences.

La France mutualiste dispose de trois étages entiers au sein de la tour Pacific, ainsi que d’un amphithéâtre de 200 places et d’une agence.

« Nous avons voulu déménager à la Défense avec une idée bien précise, explique la directrice du développement humain . L’Arc de triomphe étant notre logo, on cherchait une nouvelle arche moderne. On prolongeait l’Arc de trriomphe et les anciens combattants,finalement la mémoire de ce qui faisait notre contribution, jusqu’à l’arche de la Défense. C’est un devoir de mémoire ». Le déménagement dans le quartier d’affaires est donc fort symbolique. « Nous sommes venus ici pour un renouveau », conclut-elle.
Et d’ajouter : « C’est également un choix stratégique, bon pour le business. On perpétue ce qui fait notre sens, tout en entrant dans un monde de modernité. On fait partie de cet univers d’innovations, et la localisation peut faciliter différents partenariats commerciaux ». La France mutualiste dispose de trois étages entiers au sein de la tour Pacific, ainsi que d’un amphithéâtre de 200 places et d’une agence. « Ça a changé notre vie, commente Maud de Valicourt. Notre emménagement à la Défense dépendait aussi du fait de pouvoir avoir une agence sur place. »

« Il était aussi important d’analyser les domiciles de nos employés, et vérifier que ça faisait sens de venir à la Défense, ajoute Sylvie Teneul. Ça a conforté notre intention initiale ». Les locaux étaient jusque-là établis dans le XVIIe arrondissement de Paris, dans un bâtiment haussmannien. Le changement ne concerne donc pas seulement l’adresse, les moulures et plafonds de bois ont laissé place à un design dans l’air du temps, façon coworking.

« Nos bureaux n’ont pas de portes, ajoute Maud de Valicourt. Les membres du comité de direction non plus. Lorsqu’on ne l’occupe pas, on l’indique en laissant l’encarte verte à l’entrée, et tout le monde peut l’utiliser. C’est une symbolique forte pour montrer que coopération, transversalité et partage, font partie de notre nouveau monde. » Le numérique est omniprésent, comme avec les écrans près des salles pour les réservations. A la Défense, la mutuelle rime désormais avec « agilité ».

Ce changement de locaux correspond au changement de direction de la France mutualiste. « L’idée est de couvrir le cycle de vie de l’adhérent », souligne Tania Gombert, directrice marketing, internet et communication. En avril 2018, on a élargi la partie conseil en épargne à la partie conseil assurance mutualiste concernant toutes les offres pour les particuliers. » Depuis cette année, l’entreprise propose via Média courtage, de souscrire notamment à des assurances de biens, d’auto, d’habitation, de santé et prévoyance.

« Le but est d’intervenir en temps que conseillers, explique-t-elle. On sélectionne pour nos adhérents les offres du marché qu’on aura négocié au préalable. L’esprit de famille adopté, permet de favoriser une réponse globale, il y en a pour tout le monde ». Et d’ajouter : « Les anciens combattants ne sont plus notre cible. Il était question de se mettre à niveau du marché des acteurs en assurances, qui ne sont plus mono-produit. »

« On nous voyait comme une mutuelle poussiéreuse, et on a tout changé », commente Maud de Valicourt. Pour ce changement à 360°, La France mutualiste a dû adopter un plan de conduite du changement pour ses salariés, notamment à travers des campagnes de sensibilisation, communication et formations. Plus de 200 salariés logent désormais à la Défense.

« Nous avons un esprit de famille, donc on essaye d’emmener la famille où l’on veut aller, et ce n’est pas toujours facile, parfois il arrive d’avoir un oncle ronchon, ou une tante un peu lunaire », confie Sylvie Teneul. « Mais il faut que la famille se rallie, et qu’on l’emmène le plus possible dans le monde du futur », ajoute-t-elle : « Le changement peut être anxiogène, et peut être difficile pour les collaborateurs. Cela passe forcément par un apprentissage collectif. Il y a des gens qui ne se sont pas retrouvés dans ce changement, il y a eu quelques cas particuliers qui ont quitté le navire ».

La nouvelle agence de la Défense vise les cadres

L’ouverture de cette nouvelle agence de la France mutualiste dans le quartier d’affaires s’est faite il y a un mois et demi. Un conseiller est présent pour recevoir les affiliés et leur prodiguer des conseils sur leur assurance-vie, ou la gestion de leur patrimoine. L’agence est équipée d’une borne où l’on peut prendre rendez-vous avec un conseiller par visioconférence. « La problématique c’est de se faire connaître », estime Edouard Goxe, le responsable de l’agence.

« Il faut travailler la notion de quartier et convivialité, poursuit-t-il. Les clients sont à portée de main, mais il faut réussir à les capter ». L’agence se situe au rez-de-chaussée de la tour Pacific, nom loin des tours de la Société générale, mais ne donne pas directement sur le parvis de la Défense. Son emplacement n’est donc pas spécialement visible.

« Il y a des leviers qui existent pour faire connaître l’agence, comme l’organisation de petits déjeuners, des cocktails à thèmes, ou encore des conférences d’expertise à mettre en place, explique le conseiller. Il faut créer des événements de quartier, des animations ». D’après lui, un Français sur deux préfère voir un conseiller en face-à-face. « L’idée c’est qu’ici, la cible de l’agence, les actifs de 40 à 45 ans, peuvent venir ici entre midi et deux ou le soir pour avoir quelqu’un en face d’eux pour les conseiller. »