« Vous savez, on aurait préféré ne pas faire grève, parce qu’on est fiers d’être chez Orange, et quelque part, c’est un peu la honte d’être obligés d’en arriver là », s’indigne Gil Procureur, délégué syndical du syndicat CFE-CGC. Mardi 27 novembre, une trentaine de salariés d’Orange business service (OBS), ont manifesté jusqu’à 10 h du matin pour demander une meilleure équité salariale entre femmes et hommes, alors que l’entreprise, qui argue d’un écart plus faible qu’ailleurs, inaugurait en grande pompe ses nouveaux locaux au sein de la tour Cœur Défense.

« Nous manifestons pour deux choses, tout d’abord, même si c’est quelque chose d’important, cet emménagement, dans ce beau bâtiment, il faut savoir que sept sites sont regroupés ici, explique-t-il de la mobilisation syndicale du jour. Parmi lesquels les salariés du site de Vanves, qui auraient aimé être à Arcueil, parce que c’est beaucoup plus près. »

Mais ce déménagement ne constitue pas le seul motif de cette mobilisation. « On manifeste pour l’égalité salariale, notamment homme – femme », car « officiellement, Orange annonce 1 % d’écart salarial mais dans les faits ce n’est pas vrai, il y a énormément d’écarts salariaux », commente Claire Lhygonaud, qui s’occupe du sujet de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes au sein du syndicat.

« On fait face à un mur, la direction a de bonnes idées mais elle refuse de les améliorer ou de nous écouter », observe Gil Procureur. La troupe des manifestants, qui brandit drapeaux à l’effigie du syndicat, accueille la foule, venue en nombre pour l’inauguration des nouveaux locaux, avec des bruits de klaxons et de sifflets, et distribue des préservatifs aux passants.

L’opération réussit à entâcher ce jour symbolique. Le site, qui accueille 1 000 salariés d’Orange business service, reçoit en effet plusieurs officiels en cette inauguration. Patrick Devedjian (LR), président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, mais également Marie-Célie Guillaume, directrice générale de Paris La Défense, aménageur et gestionnaire public du quartier d’affaires, y vantent les méthodes « modernes d’une entreprise internationale ».

La démarche semble réussir : les manifestants obtiennent un rendez-vous de 30 min, concédé la veille au soir, avec Stéphane Richard, le président directeur général d’Orange, et Helmut Reisinger, le directeur général d’OBS. « On a alerté les RH, puis la RH centrale, sans aucun retour. On a donc dû envoyer une lettre au PDG », commente Claire Lhygonaud.

« Nous, tout ce que l’on souhaite, c’est réamorcer le dialogue social, et voir ensemble comment on peut arriver à plus d’égalité », expose la déléguée syndicale. La CFE-CGC d’Orange réclame également des outils comparatifs sur le positionnement salarial ainsi qu’une stratégie sur la féminisation des métiers.

Contacté par la Gazette, Orange argue que dans l’entreprise, l’écart salarial moyen entre les hommes et les femmes est de 6 %, contre 20 % au niveau national. Suite à la manifestation, la DRH de la direction d’OBS a annoncé que les « queues de budget » de cette année seraient utilisées pour participer à une augmentation des femmes. « Des restes », dénonce le syndicat CFE-CGC, qui continue de demander une « réponse d’envergure ».