Le rêve canadien est soigneusement entretenu. Au salon de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), organisé le 27 novembre à l’espace Grande arche, plusieurs entités venues du Québec étaient présentes : l’agence de développement économique du Québec, la branche montréalaise d’IBM ou encore la Caisse Desjardins. Pour ces dernières, le bassin d’emplois français est une cible de premier choix pour combler les besoins d’un pays qui connaît le plein-emploi.

« Je cherche l’accompagnement de la caisse Desjardins qui est très complet », explique Jean-Philippe, dans la file d’attente de la banque mutualiste québécoise. A 55 ans, il cherche un emploi dans les technologies de l’information. « J’ai réussi à avoir un rendez-vous la semaine prochaine chez LGS, une filiale d’IBM à Montréal », dévoile-t-il en pointant du doigt le stand en face de la caisse Desjardins : « Je vais me renseigner parce que je sais que ma banque, le Crédit mutuel, est partenaire de Desjardins. »

Pour venir travailler au Québec et obtenir le précieux sésame du permis de travail, les conditions de l’immigration sont strictes. Le meilleur moyen demeure d’être déjà engagé par une société, qui fait les démarches administratives, rendues plus souples par les besoins économiques des entreprises québécoises. La filiale d’IBM a ainsi promis à Jean-Philippe qu’elle pourrait lui faciliter les démarches. L’année dernière, elle a recruté 14 salariés français dans les salons.

Officiellement, la Caisse Desjardins, elle, ne fait que de « l’accompagnement ». Rémy Paris, directeur du bureau de représentation à Paris et exposant de la banque, insiste fortement sur ce point : « Nous avons l’interdiction de vendre quoique ce soit ! Tout ce que l’on fait, c’est proposer un accompagnement, expliquer ce qu’implique la vie au Québec, d’ailleurs, dans le manuel que nous offrons, une bonne partie est consacréee à l’adaptation au style de vie canadien… »

La banque mutualiste québécoise Desjardins ne « vend strictement rien » aux futurs immigrés, préférant le terme « accompagnement ». Une démarche « très maligne », selon les visiteurs.

Dans la file d’attente, plusieurs personnes écoutent discrètement les conseils professés par Rémy Paris. « Nous sommes le premier employeur privé du Québec avec 45 000 emplois, et il faut savoir que 80 % des offres viennent des contacts et du réseautage au Québec », détaille-t-il ainsi à une femme de 30 ans qui se dit « prête à aller au bout du monde pour trouver l’emploi de [ses] rêves ».

« Ils travaillent leur image en amont, je trouve ça très malin, d’une certaine façon, ils vendent du rêve », commente Dominique, qui cherche un emploi dans le domaine de l’énergie et du pétrole, et qui aimerait rejoindre ses enfants qui vivent à Montréal. « Bon, on va pas se le cacher, la Caisse desjardins a un intérêt puisque les gens qui souhaitent s’expatrier au Canada vont avoir des besoins financiers », déclare sans ambages Thierry, spécialiste de l’attraction de talents pour l’agence de développement économique de Montréal, présente deux stands plus loin.

« C’est la première fois que l’agence est présente à l’Apec, c’est un test, nous misons sur la force de convergence de la Défense, nous verrons ce que ça donne », annonce-t-il avant d’expliquer les ambitions de l’agence. « Nous avons quasiment le plein-emploi, et il y a beaucoup de besoins qui ne sont pas comblés, détaille-t-il. La France est un endroit privilégié, en terme de bassin d’emplois, ne serait-ce que pour la langue, mais aussi pour recruter des gens spécialisés »