Pour la quatrième année, la Maison de l’amitié, en partenariat avec la Maison d’église Notre-Dame-de-Pentecôte, proposait une vente caritative, mercredi 5 novembre à midi dans les locaux de cette dernière. Le principe instauré par la Maison de l’amitié ? Elle fournit le stand d’habits neufs, que les gens « achètent » symboliquement à prix réduits,avant de rendre aussitôt les vêtements à l’association. Sur place, les modalités particulières de cette initiative originale ne sont pas comprises de tous.

« Un bonnet à ce prix, c’est une bonne affaire, mais je le garde après ? » interroge une dame en face du stand. « Non, en fait, vous payez pour le bonnet, mais il va être donné en faveur des personnes en difficultés de la Défense », explique une bénévole de la Maison de l’amitié. La même scène se répète de nombreuses fois à la sortie de la messe.

« J’achète et je donne. » le slogan de la Maison de l’amitié semble pourtant clair. Les donateurs choisissent parmi les vêtements neufs proposés des bonnets à cinq euros, des chaussettes Lee Cooper à trois euros, des hauts de survêtement à 10 euros, ou encore des bas de survêtements à 15 euros.

« On a acheté des affaires selon les besoins des gens qui fréquentent l’association, ça nous permet de donner ces vêtements lors du vestiaire que l’on organise tous les lundis après-midi, explique de la démarche Antoine de Tilly, directeur de la Maison de l’amitié. Ce qui est le plus demandé, c’est les chaussettes, les gros pulls, les jeans, surtout à la bonne taille. Ils ont souvent des chaussures trop petites, ou trop grandes par exemple. »

« Le problème que rencontrent les SDF, c’est qu’ils gardent constamment leurs affaires avec eux, donc quand il fait chaud, ils jettent leurs affaires, et quand l’hiver arrive, ils n’ont plus les vêtements adaptés au froid, détaille le responsable de la structure. Le fait de pouvoir leur proposer des vêtements neufs et à la bonne taille, ça fait toute la différence. »

Parmi les donateurs, de nombreux habitués, comme Jessie, grand-mère à la retraite qui connaît « depuis longtemps » la Maison de l’amitié. « J’achète et je donne à chaque fois que la vente est organisée, rapporte-t-elle. C’est important que nous donnions, c’est pas grand-chose pour nous, mais pour eux, c’est important. »

Blanche, retraitée, est aussi venue en habituée. « J’ai acheté une paire de chaussettes, je n’aime pas le terme de charité, je préfère dire qu’il s’agit d’un cadeau, glisse-t-elle en souriant. Ce cadeau, c’est ma façon d’aller vers l’autre dans ce monde de la Défense, où on ne voit pas beaucoup les gens dans le besoin. »

Mais tous les donateurs potentiels ne sont pas aussi convaincus que leur geste soit utile. « Le risque, c’est de se faire avoir, il y a beaucoup de gens qui abusent des aides », doute ainsi une dame retraitée. « Moi, j’en connais plein qui abusent des dons de vêtements, et qui ont des téléphones à 200 euros et des écrans plats chez eux ! », estime-t-elle sévèrement, après avoir néanmoins « acheté » un bonnet.

« Je peux vous assurer que la personne à qui l’on va donner ce bonnet n’a pas d’écran plat, et peut-être même pas de chez lui », lui rétorque une bénévole. Quelques minutes plus tard, elle souffle : « Il y a toujours eu et il y aura toujours des gens qui doutent », commente une bénévole : « Mais il ne faut pas que ce doute nous paralyse, parce qu’après, on ne fait plus rien et on reste chez soi ! »