Stupeur et effroi, mercredi 5 décembre, devant le pôle universitaire Léonard de Vinci, où un professeur d’anglais de nationalité irlandaise a été sauvagement assassiné, d’une quinzaine de coups de couteau, par un ancien élève. L’agresseur, un pakistanais de 37 ans, avait été repéré rodant autour de l’enceinte de l’école. La police a procédé à son arrestation immédiatement après le crime.

« C’est un drame qui frappe l’ensemble de la communauté, c’est un enseignant de langue qui avait vingt ans de maison et qui était apprécié de tous », s’est ému Pascal Brouaye, directeur général du pôle universitaire Léonard de Vinci, lors d’un point presse improvisé.

La scène s’est passée très vite. Sur les images des caméras de surveillance, on aperçoit l’homme attendre devant un banc en face du pôle universitaire. Il interpelle son ancien professeur, avec qui il engage la discussion, puis sort une lame et frappe la victime, à treize reprises. Des coups au visage, au thorax et au cou.

Les effectifs arrivent sur place quelques minutes plus tard, à 12 h 05. Des passants prodiguent les premiers soins au professeur d’anglais, âgé de 66 ans. Sans succès. Deux vigiles du pôle universitaire retiennent l’homme. Derrière lui gît le professeur, dans une « mare de sang ». Une source policière décrit une « scène figée », l’homme de 37 ans n’oppose aucune résistance lors de son arrestation.

Lors d’un point presse organisé le lendemain des faits, Catherine Denis, la procureure de Nanterre, a décrit un « ressentiment obsessionnel » du mis en cause envers le pôle universitaire, qui l’avait renvoyé après qu’il ait échoué à sa première année d’étude à l’EMLV : « Il est arrivé en France il y a deux ans pour intégrer l’école de management. Son année 2016-2017 n’a pas été validée. Depuis, il venait régulièrement à la faculté où il s’était rendu indésirable au point que l’accès lui avait été interdit. »

Selon les premiers retours de l’enquête, si l’agresseur en voulait à toute l’école, il avait une rancune exacerbée contre John Dowling. Selon une source policière du Parisien, l’homme a affirmé en garde à vue que l’enseignant : « avait fait un dessin, diffusé en cours, insultant pour le prophète ».

Une affirmation mise en doute par la procureure : « personne ne se souvient d’un tel incident ». Détaillant le profil de l’ancien élève, la procureure ajoute qu’il n’y a pas « d’éléments de radicalisation, mais plutôt le sentiment d’avoir affaire à quelqu’un de très religieux, pieux, très pratiquant. »

L’homme, qui n’avait pas renouvelé son titre de séjour, était à la rue depuis plusieurs mois. Il n’était pas connu des services de renseignement et n’a aucun antécédent judiciaire « du moins en France », précise la procureure.

Le ministère irlandais des affaires étrangères a proposé son aide consulaire pour l’affaire. De nombreux hommages, des deux côtés de la Manche, ont eu lieu. L’Emerald cultural institute, école située à Dublin, où le professeur avait enseigné plusieurs mois a partagé sa tristesse.

Au pôle universitaire Léonard de Vinci, plusieurs centaines d’élèves ont rendu hommages à leur ancien enseignant en observant une minute de silence. Des roses blanches et un drapeau de l’Irlande ont été déposés à l’endroit où il a perdu la vie.