En 2013, après dix-huit ans d’existence, le Pôle Léonard de Vinci subissait un changement complet de gouvernance, avec à la clé, une légère mise à jour des cursus et des modes de recrutement, mais surtout, une hausse incontestable du nombre d’étudiants. L’établissement est ainsi passé de 2 400 élèves à 8 600 à l’heure actuelle. Un chiffre qui va encore croître de 37 %, selon les attendus de la direction en 2027, soit une augmentation à peu près similaire à celle des professeurs devant rejoindre le corps enseignant, à 245 professeurs permanents d’ici cinq ans.

Une montée en puissance revendiquée par le directeur général du pôle, Pascal Brouaye lors de la conférence de presse du mardi 19 octobre : « Nous avions un projet de croissance quantitative, pour garantir nos grands équilibres économiques, mais aussi qualitative. L’ESILV (l’école d’ingénieur du pôle, Ndrl) n’avait qu’une petite promo de 500-600 étudiants, pareil pour l’IIM en 2012, pourtant première école de l’internet en France, alors qu’elles avaient un potentiel plus important ».

La direction s’est également échinée à adapter les méthodes de recrutement actuelle, en les calquant sur celles des autres écoles d’ingénieur et de commerce. Ainsi, les étudiants de l’EMLV (école de commerce du pôle, Ndrl) sont désormais admissibles via le concours Sésame. Quant à ceux de l’ESILV, ils doivent passer par le concours Avenir. En revanche, l’inscription à l’IIM ne se fait toujours pas par la plateforme Admission Post-bac et aucun changement à ce niveau-là n’est prévu au programme.

« Ce pôle avait besoin de trouver un nouveau souffle, quinze ans après sa création, avec des écoles restées un peu en vase clos, commente Pascal Brouaye. D’autant que l’enseignement supérieur avait bien changé, avec des classements, l’avancée des concours communs, de la communication des écoles… Par exemple, l’école de management n’avait pas de grade de master en 2012-2013. C’était une des dernières écoles comme cela ».

À la traîne, le pôle pense avoir rattrapé à certains égards son retard et pris de l’avance sur d’autres points, via la création de centres de recherche et d’innovation (2015) notamment ou d’un département soft skills (comprenez le savoir-être, la capacité à travailler en équipe…, Ndrl). Après avoir émergé parmi les établissements d’études supérieures, le pôle ambitionne à présent de devenir « une référence » dans le milieu, en s’appuyant notamment sur son atout différenciant : sa capacité à mélanger des étudiants des trois écoles de l’institut, pour doper les compétences de chacun.

Un moyen aussi de compenser l’un des défauts majeurs pointé du doigt par les classements reconnus, soit le manque de double-diplômés au sein du pôle. L’objectif stratégique est d’atteindre les 25 % d’étudiants en double formation ou suivant un programme hybride au sein de l’établissement d’ici cinq ans, que ce soit en ingénierie-gestion, en marketing digital et analyse de données ou encore en business international.

Autres insuffisances du pôle régulièrement mises en avant par les organismes spécialisés : l’insuffisante internationalisation et la faible reconnaissance des écoles par les entreprises. Le directeur général adjoint, Sébastien Tran, promet ainsi « d’être très bien identifié par le marché » dans les années à venir, grâce « aux partenariats avec de très grandes entreprises », dont 15 membres du classement des 500 plus grandes compagnies mondiales. Il s’agira aussi d’augmenter la proportion d’étudiants étrangers au sein des promotions et de multiplier les « campus hébergés » au-delà de nos frontières, comme avec le Dorset College de Dublin, « siège des GAFA en Europe ».

Sébastien Tran en promet un autre en Europe et un troisième localisé en Asie. Un second campus estampillé ESILV devrait aussi ouvrir ses portes en septembre 2022, à Nantes. La conférence de presse, organisée récemment à l’occasion du dévoilement du plan stratégique du pôle, fut aussi l’opportunité pour la direction de confirmer le déménagement prochain du campus du côté du parc André Malraux (voir notre édition du 6 octobre 2021).

« Nous voulons aussi devenir adhérent du campus cyber et on souhaite avoir une participation active à ce campus qui regroupe l’ensemble des établissements qui ont une expertise en cyber sécurité », tracera également comme horizon Sébastien Tran, durant la conférence. Car l’idée de l’équipe dirigeante est aussi de mettre l’accent sur la recherche et les disciplines porteuses dans les années à venir.

Devraient ainsi naître des majeures dans les domaines de la santé, des biotechnologies ou de l’alimentation. Un think tank axé sur les conséquences des nouvelles technologies sur le futur et un accélérateur de startups spécialisées dans la protection de l’environnement sont aussi dans les cartons du pôle.

Afin de faire reconnaître leurs efforts, plusieurs accréditations sont visées par les écoles de Léonard de Vinci. L’EMLV entend bien obtenir les deux labels internationalement reconnus que sont EQUIS (d’ici 2025) et l’AACSB dès l’année prochaine. Pour ce qui concerne l’ESILV, ce sont les accréditations ABET et ISO qui sont espérées. Dernier point notable, dont les répercussions éthiques ont été balayées par Sébastien Tran, le traitement des données des étudiants.

« Sans entrer dans Big Brother, ce qui pourrait effrayer parents et élèves, notre objectif est d’essayer de mieux utiliser les datas dans le suivi du parcours académique de nos étudiants et d’être dans une analyse prédictive de leurs succès, leurs échecs ou des recommandations que nous pourrions leur faire », préviendra ainsi le directeur général adjoint, sans explicitement nommer les données qui seront traitées.

En revanche, l’on sait qu’un analyste de données va être recruté très prochainement à ces fins ; un seul analyste qui aura la charge de recouper les données des 12 000 étudiants que comptera le pôle à l’horizon 2027.

CREDIT PHOTO: LA GAZETTE DE LA DEFENSE