Une immense prostate pour interpeller les passants et les patients. Dans le cadre de Movember, le mois dédié au dépistage des cancer masculins, l’installation a pour but de « libérer » autour d’un cancer encore tabou, car lié dans les esprits à une perte de la virilité. L’idée a été imaginée par le Pr. François Desgrandchamps, chef du service d’urologie à l’hôpital Saint-Louis, avec l’aide gracieuse du designer Philippe Starck.

Ce mercredi 23 novembre de 14 à 18 h, une des trois installations du Prostate tour, impose et détonne avec le décor de la discrète avenue Foch de la Garenne-Colombes. Devant la clinique Legendre, avec ses 3 m de haut et 5 m de long dans la même toile qui façonne les constructions pour enfants dans les parcs d’attractions, la construction interpelle des curieux qui s’arrêtent pour s’informer.

Financé par le laboratoire pharmaceutique Janssen, le tour de France de cette attraction de sensibilisation médicale visait à mieux comprendre le fonctionnement de la prostate et les moyens de détecter une anomalie. Avec 54 000 cas pour 9 000 décès entre 2009 et 2012, le cancer de la prostate est le premier en terme de mortalité. Si l’âge médian des malades est de 74 ans, les médecins conseillent d’y prêter attention dès 45 ans.

« Devoir se lever plusieurs fois dans la nuit pour uriner » serait un symptôme courant selon Caroline Jeandel, salariée du laboratoire pharmaceutique belge et filiale du géant Johnson & Jonhnson. Son caractère encore « tabou » s’expliquerait par le fait qu’il touche à des thèmes ayant attrait à la virilité. Le traitement de ce cancer peut en effet laisser des séquelles sur le plan sexuel, en raison de la proximité de la prostate avec les nerfs de l’érection.

Si ce cancer touche les hommes, de nombreuses femmes étaient présentes ce jour-là devant la clinique pour s’informer à leur place. « Ils ne le font pas, et n’osent pas, donc c’est bien que l’on soit là pour eux », commente une femme sur place. « Nous avons beaucoup de dames qui viennent s’informer », confirme Caroline Jeandel, qui travaille pour le laboratoire Janssen.

Karine, qui habite au coin de la rue, a ainsi découvert l’installation en passant : « Je trouve ça magnifique ! ». Cette sexagénaire s’est arrêtée prendre des informations auprès du stand du laboratoire. « Ils ont été charmants et pédagogues », commente-t-elle, avant de poursuivre : « Je m’intéresse au sujet car mon mari se fait bientôt opérer, du coup, j’ai pris de la documentation. »

Béatrice Terrasse, biologiste à la clinique Lambert, procède aux analyses sanguines qui identifient les marqueurs du cancer de la prostate. « C’est bien parce que même dans mon entourage, je connais une personne de moins de 60 ans qui a attendu trop longtemps avant de se faire dépister, et il a eu des complications », fait-elle remarquer. Toucher rectal comme dosage de marqueurs sanguins sont effectués pour confirmer de premiers symptômes tels que difficultés à uriner ou douleurs osseuses, la Haute autorité de santé déconseillant les dépistages préventifs systématiques.