Depuis la dernière rentrée, l’union départementale de la CFDT basée à la Défense propose des permanences juridiques une fois par mois. Licenciements, primes impayées sur objectifs et concernant l’expatriation, ou encore problèmes de harcèlement et discrimination sont les plaintes les plus courantes que rencontre Olivier Bichet, avocat au cabinet Altalexis, en charge de conseiller les salariés. Il considère qu’un tel dispositif n’est pas un luxe pour le quartier d’affaires.

Un jeudi par mois de 14 h à 18 h, ce spécialiste du droit du travail est présent pour des entretiens d’une heure avec les salariés dans les locaux syndicaux de la place de l’Iris, au pied des tours CB21 et Manhattan. Depuis le 22 novembre, une permanence libre est proposée entre 12 h et 14 h, sans rendez-vous et ouverte à tous, pour que les gens puissent venir poser leurs questions ou demander un conseil.

Alors, tous les troisièmes jeudis du mois, Olivier Bichet prend le chemin de la Défense. Au préalable, Cyril Besombes, le responsable juridique de la CFDT départementale lui a sélectionné quatre dossiers, pour lesquels il identifie une possibilité de litige et une difficulté technique, de salarié qu’il a pu rencontrer en rendez-vous au cours du mois. « Pour des questions plus simples, ou des cas moins complexes, on peut les diriger vers un défenseur syndical », précise l’avocat.

Le filtre passé, Olivier Bichet enchaîne des rendez-vous d’une heure pour prendre le temps d’étudier le dossier de la personne en face de lui. « J’étudie la faisabilité, les chances de remporter l’affaire devant un juge, explique le juriste. Ils doivent venir me voir avec un dossier complet de pièces que le responsable juridique leur demande au préalable, comme le contrat de travail, les bulletins de salaire, les avenants, les charges et préjudices etc… »

« Les gens qui viennent me voir le font dans l’ordre pour des licenciements qu’ils contestent, des primes impayées sur les objectifs pour les cadres, ou concernant l’expatriation, et enfin pour des problèmes de harcèlement et discrimination », informe Olivier Bichet, avant de préciser : « Je ne sélectionne que les dossiers auxquels je crois, si je pense qu’on ne peut pas gagner, je le dis à la personne, je ne vends pas du rêve. »

S’il estime que le contentieux peut-être réglé, le salarié prend rendez-vous au cabinet parisien et commence la procédure payante, sauf s’il est adhérent à la CFDT depuis plus de six mois, auquel cas, c’est le syndicat qui prend en charge les honoraires à 60 %. L’avocat a déjà obtenu six à sept clients dans son cabinet par ce biais. « Une bonne moitié est composée de cadres, indique-t-il. J’ai même eu un cadre dirigeant en consultation. »

Ce compromis constitue un échange de bons procédés. « L’idée est de faire connaître la CFDT et le lieu, et de proposer une adhésion, in fine », note le syndicat. Quant à l’avocat, ce bénévolat l’aide à se faire connaître, à gagner en visibilité et à obtenir des clients dont il vient au pied du lieu de travail. « On a eu l’idée de proposer une permanence libre pour que les gens puissent venir voir un avocat à la CFDT, entre midi et deux, sans rendez-vous et gratuitement », annonce-t-il par ailleurs.

« Je pense sincèrement que ça peut intéresser les gens, je pense que beaucoup de gens se posent des questions, mais n’osent pas consulter un avocat par manque d’argent de temps, ou par peur, et puis, ce n’est pas un luxe à la Défense, ajoute-t-il. De plus, le lieu est facilement accessible […] pendant la pause déjeuner, en rez-de-chaussée… il n’y a pas d’obstacles ». De quoi persuader les plus prudents de s’informer ?

Permanences juridiques par téléphone ou en personne, la demande explose

En parallèle de la nouvelle permanence mensuelle, l’union départementale de la CFDT des Hauts-de-Seine organise des permanences juridiques téléphoniques tous les jours du lundi au vendredi de 9 h à 13 h, ouverte également aux non-adhérents, au 08 92 70 23 92. Le lundi après-midi de 14 h à 17 h, son secrétaire général adjoint reçoit physiquement des personnes qui lui ont été envoyées par des conseillers prud’homaux des entreprises, désireux d’obtenir des renseignements pour gérer leur problèmes.

Le mercredi après-midi, une permanence physique est assurée de 9 h à 17 h pour les sujets qui touchent au service de la propreté Île-de-France, c’est-à-dire réservée aux agents qui travaillent à la propreté du quartier des affaires. Une permanence pour toutes personnes travaillant dans l’hôtellerie, le tourisme et la restauration est également proposée par un avocat le mercredi de 9 h à 13 h et de 14 h à 17 h 30 par des militants.

« On en a de plus en plus, commente Cyril Besombes, secrétaire général adjoint de l’union départementale de la CFDT 92. Jusqu’au 17 décembre prochain, on est presque complets. Il y a beaucoup de personnes qui viennent sans rendez vous, ça explose », constate-t-il, chiffres à la clé, en faisant le bilan de la permanence juridique téléphonique et physique de l’année 2018.

Le nombre d’appels de janvier à octobre a quasiment triplé, passant de 16 appels par mois, à 47 en octobre. Concernant les motifs, 48 % concernent un licenciement et 20 % une rupture conventionnelle, les autres oscillant entre solde de tout compte, fiche de paie, procédure prud’homale…

Concernant les permanences juridiques physiques, les chiffres ont également augmenté, passant de 25 rendez-vous sur cinq jours pour le mois de février à 37 rendez-vous pour le même nombre de jours en septembre, et à 48 rendez-vous sur neuf jours en octobre. « Plus on augmente le nombre de jours disponibles, plus il y a de rendez-vous, ça n’arrête pas, confie Cyril Besombes. Même si nos appels sont ouverts à tout le département des Hauts-de-Seine, 70 à 80 % des appels sont effectués par des gens qui travaillent à La Défense. »