Occupant 2 500 m² aux 19e et 20e étages de l’aile droite de la Grande arche, cet incubateur de start-up du secteur financier se veut le symbole de l’attractivité française à l’heure du Brexit, avec pour objectif de véhiculer une image plus positive de la finance, très présente dans le quartier d’affaires. Piloté par l’agence de développement économique de la mairie de Paris, Paris & Co, le Swave, inauguré en mars dernier, est soutenu par la préfecture des Hauts-de-Seine, et par un réseau de grandes entreprises telles que la Société générale, Mastercard ou encore le groupe Casino.

Le Swave avance avec une idée en tête, « une baseline », selon l’expression de son directeur général, Edouard Plus : « Faire de Paris l’étendard de la finance durable et responsable ». Cette « rampe de lancement » pour jeunes pousses de la « fintech » se manifeste par un prix du loyer trois fois inférieur au marché de la Défense (200 euros le poste de travail, 330 euros le m², Ndlr), ainsi qu’avec un accompagnement entrepreneurial général, comme plus technique : comment obtenir un agrément bancaire, trouver des clients ou s’accorder au cadre réglementaire.

La formule semble plaire à de nombreuses nouvelles start-up, puisque le récent appel à projet pour la deuxième promotion du Swave a accueilli 102 candidatures : « C’est un quart du marché de la fintech en France, qui se compose d’environ 400 entreprises ! », se réjouit le directeur. Autre motif de réjouissance pour lui, les nouvelles jeunes pousses rempliront les locaux encore partiellement vides de l’incubateur, et y retrouveront l’ensemble des 23 start-up de la première promotion, qui ont toutes décidé de rester une deuxième année.

Avec, entre autres, l’économie inclusive pour thème de sélection, la nouvelle promotion est encouragée à répondre à la question : « Comment faire pour gagner de l’argent en faisant des choses bénéfiques ? » Les sélections se terminent le 4 décembre prochain. Édouard Plus, qui étudie actuellement les premiers projets, ne désespère pas d’arriver à son objectif : « Faire en sorte que les gens se disent  « si la finance nous permet de faire des choses positives, alors elle n’est pas vraiment mon ennemie » ».

Parmi les 23 jeunes pousses accueillies dans cette première promotion, Paygreen propose des arrondis de paiement pour financer des causes environnementales. « Vous êtes à la caisse du supermarché, au lieu de payer 24,90, vous allez payer 25 euros, et les dix centimes restant servent à financer des associations de lutte pour la transition écologique et énergétique, détaille-t-il. L’idée, c’est de dire qu’il y a autant de pouvoir dans une carte de crédit que dans un bulletin de vote. »

La deuxième promotion du Swave a accueilli 102 candidatures : « C’est un quart du marché de la fintech en France, qui se compose d’environ 400 entreprises ! », se réjouit son directeur.

Un autre des « incubés », Pledge, continue Édouard Plus, « propose d’aider les jeunes adultes et les jeunes entrepreneurs, ou encore ceux qui vivent en collocation, pour acheter à plusieurs, mais ne payer que sa part ». Le principe ? « Vous achetez votre canapé pour votre colloc, au moment de régler, vous entrez l’adresse mail de vos colocataires, et Pledge avance les frais, tandis qu’eux ont 48 heures pour rembourser », détaille-t-il.

Dernier exemple, Jenji propose de dématérialiser les notes de frais. Cet objectif du « zéro papier » est atteint grâce à une intelligence artificielle qui lit et analyse les factures, de restaurants par exemple, pour les envoyer directement au service comptabilité de l’entreprise. « Avec ces solutions, on veut réconcilier l’opinion populaire avec l’innovation financière », argumente Édouard Plus : « les gens disent, « la finance, c’est pas pour moi », et pensent à la finance de marché, or aucune de nos solutions se concentre vraiment sur les marchés financiers. »

Le défi est d’ampleur, selon le directeur : « Depuis les années 2000, nous avons créé une série de Frankenstein. L’ingénierie financière a mis sur les rails la crise, déclenchée par une suite d’évènements tels que la chute de la banque Lehman Brothers. » Selon lui, « l’innovation dans la finance avait pris le mauvais chemin. »

Il évoque le trading à haute fréquence né au milieu des années 2000, qui « a créé une hausse massive de la volatilité des marché », car « tant que l’on était dans un phénomène de croissance, les conséquences était faibles, mais dès que la crise arrive, des phénomènes de panique sont arrivés ». « On a pu entendre, lors de cette période, des tradeurs dire « la crise me donne des opportunités d’achats, elle me permet de faire du profit », se remémore-t-il : « Pas étonnant, dans ce contexte, que les gens qui travaillent dans le secteur financier soit mal considérés ».

Selon Edouard Plus, l’autre limite serait la réputation que « la fintech est forcément quelque chose de très compliqué ». Alors, « au sein du Swave, les incubés portent des sujets concrets du quotidien ». Pour sélectionner ces projets, l’incubateur « établit des thématiques » en fonction des besoins de ses entreprises partenaires, de façon à ce que les incubés en fassent leurs premiers clients lors de leur « décollage économique », divulgue-t-il tout en nuançant : « On n’est pas un club d’entreprise, on choisi les start-up selon leur potentiel et leur excellence académique. »