L’entreprise promet de former « mieux, plus vite, et en digital », en s’inspirant des connaissances scientifiques sur le cerveau. La petite start-up Xos learning, qui compte une quinzaine de salariés au sein de l’espace de coworking Nextdoor,  dans la tour Cœur Défense. Elle séduirait de grandes entreprises avec son système industrialisé de création de formations aboutissant à des délais de livraison de ses modules limités de quelques semaines.

Des 125 clients que compte l’entreprise en 2018, (chiffre en augmentation de 25 % par rapport à 2017, Ndlr) de nombreuses entreprises du monde de la banque et des assurances présentes dans le quartier d’affaires, telles que la Société Générale, la BNP, Allianz ou encore Groupama, ont recours aux services de Xos learning. Pour l’instant, ils sont dans un « océan bleu », se réjouit Guillaume Coppin, le fondateur de cette start-up créée il y a six ans.

Sa société serait en effet seule sur le marché de la neuropsychologie appliquée à la confection en grands volumes de modules de formation. « On avance avec l’idée : qu’est-ce qui fait que nos apprenants mémorisent, qu’est-ce qui peut rendre une formation efficace ? », développe le chef d’entreprise. « Je suis passionné par les neurosciences », raconte-t-il de la genèse de sa jeune pousse.

L’une des formations sur la gestion de projet en « fast learning », testée par La Gazette, propose ainsi de courtes vidéos explicatives, où une experte, consultante en management, tente d’inculquer en 10 min les bases aux apprenants. Le système introduit des exemples pratiques pour comprendre la relation entre qualité, délais et coûts. Des textes à trous testent ensuite les connaissances retenues, et le module est validé par les notes récoltées.

« Avant de créer Xos learning, j’ai travaillé 12 ans dans le domaine de la formation pour des grandes entreprises du CAC 40. J’ai aussi travaillé sur des déploiements monde de formations complexes avec Sanofi et Alcatel-Lucens, ça allait d’une formation sur des badgeuses à de la création d’outils de gestion du temps en passant par des formations managériales, se souvient Guillaume Coppin. Il fallait s’adapter, s’ajuster à la linguistique, à la culture… et le critère déterminant, pour moi, c’est celui de la pédagogie. »

Pour améliorer la pédagogie, le chef d’entreprise a donc misé sur les recherches en sciences du cerveau. « On travaille avec des scientifiques d’horizons divers, ça va des biologistes moléculaires aux neuroscientifiques. Nous sommes en étroite collaboration avec deux scientifiques en particulier : Art Kohn, un neuroscientifique qui est un conseiller de Google en termes de formation, et Pascal Roulois, qui tient notamment le site neuropédagogie.com, et qui est une véritable bible de savoir. »

En collaboration avec ce dernier, avec qui il anime d’aillleurs des conférences, Guillaume Coppin analyse et utilise les recherches en cours. « Ça peut être comment fonctionne notre mémoire à court terme, comment fonctionnent les émotions sur notre cerveau ou comment fonctionne l’oubli », détaille-t-il. « Notre secteur d’activité est dominé par des modes, des cycles qui durent en général 18 mois, note le patron de son secteur d’activité. Hier, c’était les serious games (procédant sous la forme de jeux vidéo, Ndlr ), aujourd’hui, ça va être la réalité virtuelle, par exemple. »

L’entreprise s’intéresse aux « marqueurs » du cerveaux dont dépendent les mécaniques d’apprentissage.

«  Notre parti-pris, c’est de dire que ces technos sont intéressantes. Mais si elles sont utiles, la finalité, ça reste d’avoir une bonne pédagogie », nuance-t-il. Ce créneau de la recherche neurobiologique qui n’en oublie pas la pédagogie réussirait plutôt pour la jeune société : « Quand nous avons signé un contrat avec la Société générale, et je leur ai demandé pourquoi ils nous avaient choisis, et ils m’ont répondu qu’on avait été les seuls à insister sur l’aspect pédagogique ! »

Au programme des services de formation en ligne offerts par Xos learning, deux types de programmes : sur-mesure, ou « sur étagère » avec 800 formations disponibles à la façon des sites de streaming comme Netflix. Ces dernières comprennent entre autres l’efficacité professionnelle, portant donc sur la gestion de projets ou la communication écrite et orale, la bureautique et l’anglais, en passant par le management.

« Nous fonctionnons avec cinq « briques pédagogiques » », précise le chef d’entreprise : le « micro learning », qui présente un savoir précis sur un temps court, le « fast learning », pour former sur un sujet avec des vidéos d’experts, les tests, la pratique avec des échanges sur des cas pratiques, et le terrain qui met en situation les connaissances acquises. « Les conseils se veulent pratiques et immédiatement opérationnels », commente le chef d’entreprise.

« Pour chaque demande des clients, on mélange ces briques pour des formations créées pour l’occasion, et d’autres qui sont déjà présentes dans notre catalogue », ajoute-t-il. « Notre atout, c’est que nous avons une machine qui nous permet d’industrialiser la création de contenus de formations, met-il en avant de la combinaison entre création quasi-industrielle de formations et catalogue en ligne. Là où nos concurrents partent d’une page blanche, nous, nous sommes déjà capables de leur montrer des exemples-type de ce à quoi va ressembler leur formation. »

Certains contrats demandent cependant la réalisation de nouveaux modules. Ainsi, en 2018, Xos learning a créé en huit semaines, pour le Crédit agricole, sept heures de cours d’apprentissage en ligne pour 55 000 salariés. Selon Guillaume Coppin, le procédé d’industrialisation a été déterminant : « Même de grosses entreprises ne seraient pas forcément capables de le faire ».

« Parmi les tendances de l’année, on retrouve le développement personnel et la culture digitale, analyse de l’état du marché la commerciale de l’entreprise, Marie Béranger. Les plus fortes demandes sont toutefois assez classiques : elles portent sur la bureautique et l’efficacité professionnelle. »

Mais la start-up anticipe aussi les projets de loi qui demandent une formation du personnel. Récemment, les compagnies d’assurance ont ainsi dû se mettre en conformité avec une directive européenne sur la distribution d’assurances. Une partie du texte européen sera effective le 23 février 2019, elle introduit l’obligation d’une formation continue de 15 h par an et par personne, représentant une aubaine pour la société.