« Je me suis fait voler un vélo juste ici, alors qu’on est à même pas 50 m du commissariat ! », s’étrangle Frédérique, qui vient tous les jours à la Défense en vélo. Comme elle, de plus en plus de salariés se rendent au travail à vélo. Nombre de ces cyclistes du quotidien interrogés par La Gazette témoignent avoir connu la déprime du vélo subtilisé, en particulier du côté de la Grande arche. Pourtant, le quartier d’affaires se montre plutôt accueillant à leurs montures, accrochées un peu partout, bien au-delà des seuls stationnements prévus, certains étant régulièrement complets.

« Le problème ce n’est pas tellement les parkings, mais plutôt la crainte de finir sa journée et de ne pas retrouver son vélo là où on l’avait rangé », se plaint Antoine. « Honnêtement, j’ai toujours un petit pincement au cœur, en revenant là où je l’ai rangé », confie-t-il, une fin d’après-midi d’octobre, à la sortie du travail, derrière le terminal Jules Verne.

« Je mets un cadenas en U à chaque fois, et je me suis quand même fait voler deux vélos en cinq ans, c’est à croire qu’il y a une mafia des vélos », commente-t-il amèrement. Alors, il précise prendre désormais « toutes les précautions ». Frédérique décroche son cadenas juste à côté, elle réagit à l’échange qu’elle a écouté à la dérobée : « Même les U ne résistent pas aux voleurs. »

De plus en plus de salariés du quartier se rendent au travail à vélo, Le quartier d’affaires se montrant plutôt accueillant à leur montures.

S’adressant à Antoine, elle raconte : « J’ai même vu une scène un peu dingue, c’était le midi et j’ai vu un jeune homme penché sur un cadenas, je croyais que c’était son vélo, en fait il découpait un cadenas, témoigne-t-elle. Sauf que le propriétaire du vélo, une masse, un gars super grand, est arrivé. Il l’a coursé sur cinquantaine mètres et l’a rattrapé… » Elle aussi avance une recrudescence des vols de vélo : « Si même le cadenas en U et la proximité avec le commissariat n’arrête pas les voleurs, je vois pas ce qui les empêchera. »

« Je me suis fais voler mon fixie (vélo à pignon fixe, Ndlr) au Pouce de César, pourtant, il était garé près de plein d’autres vélos, à la vue de tous », se plaint Pierre, qui avait économisé « plusieurs centaines d’euros » pour s’offrir son engin. « Je n’ai pas porté plainte parce que je crois pas une seconde que la police le retrouvera, lâche-t-il, résigné. Je ne suis même pas sûr qu’ils en aient quelque chose à faire, pour être honnête. »

Pour Émilie, le vol des vélos de la Défense n’est pas une surprise : « A la Défense, il y a pas mal de cadres, pas mal de vélos bien entretenus et de qualité… forcément, ça attire », estime-t-elle en enfourchant un vélo neuf. Pied sur la pédale, elle ajoute : « Il faut croire qu’on est des cibles de choix ! »

Nombre de cyclistes du quotidien interrogés par La Gazette témoignent avoir connu la déprime du vélo subtilisé.

Plus bas sur l’esplanade, côté Paris, où les espaces de stationnement pour vélos sont par ailleurs bien moins fréquentés, les vols semblent être plus rares, selon les cyclistes interrogés par La Gazette. Jean-Marc témoigne ainsi n’avoir « jamais eu le moindre problème » à la sortie de la tour Allianz one : « Toujours est-il que quand j’arrive, les parkings du bas de tour sont généralement vides, à cause des marches, l’endroit est difficilement accessible pour les deux-roues », remarque-t-il de la plus faible affluence.

A la sortie de la station de métro Esplanade, le parking à vélos est, lui, complet chaque jour de l’année. « Avec une disqueuse, on vole ce qu’on veut », fait remarquer un trentenaire fataliste, qui estime lui aussi que la partie Est de la dalle, celle qu’il fréquente, semble moins touchée par les larçins de ce type, rappelant au passage que le quartier est très loin d’être le seul où les cyclistes doivent veiller sur leur monture : « Je me suis déjà fait voler plusieurs vélos, mais jamais à la Défense. »