Pliable et légère ou d’un calibre plus imposant, manuelle ou électrique, la trottinette ne passe jamais inaperçue à la Défense. Quelques salariés l’ont adoptée, et filent à travers la nuée de gens qui arpentent d’un pas rapide la dalle aux heures de pointe. Gain de temps, rapidité, évitement des bouchons ou des transports en commun, les promesses de ce moyen de transport en devenir semblent plutôt convaincantes, à écouter les propriétaires croisés ces deux dernières semaines dans le quartier par La Gazette.

Si ceux qui s’en servent sont conscients de la réputation de léger ridicule qui entoure encore ce moyen de transport, ils n’en font guère une histoire. Au contraire, qu’ils soient jeunes salariés branchés ou cadres en costume-cravate, les adeptes de ces engins à roulettes vantent ses louanges. Longtemps considérées comme un jouet pour enfants, elles investissent peu à peu les trottoirs depuis deux décennies, à l’instar de la dalle piétonne du premier quartier d’affaires d’Europe continentale.

Les plus prudents, généralement ceux qui se déplacent en trottinette électrique, ont opté pour un casque. Une vigilance à l’apparence inhabituelle, mais qui peut néanmoins s’avérer utile pour celui qui pousserait son engin à sa vitesse de pointe de 25 km/h. Leur bruit ressemble à un lointain ronronnement, et se confond rapidement dans le brouhaha des passants pressés. Passants et cyclistes ne manquent pas de leur jeter des coups d’œil circonspects, et les « trottinetteurs » eux-mêmes admettent facilement le désamour, ou du moins une légère aversion.

Difficile, cependant, de faire fi de la praticité qu’elles représentent pour se déplacer efficacement dans le quartier aux 31 hectares d’espaces réservés aux piétons. « Voilà pourquoi j’ai décidé d’en acheter une à la rentrée, commente Ludovic, rencontré la semaine dernière près du bassin Takis. J’en voyais certains qui me doublaient souvent avec leur trottinette, et je me suis dit que ce serait un gain de temps. »

Passants et cyclistes ne manquent pas de leur jeter des coups d’œil circonspects, et les « trottinetteurs » eux-mêmes admettent facilement le désamour, ou du moins une légère aversion.

Salarié dans une des tours près de l’esplanade, lui a choisi la trottinette manuelle « Parce que j’habite Nanterre, j’utilise le RER, donc je peux la plier dans les transports », explique Ludovic. « Maintenant, je trace sur la dalle, ça me permet de partir 10 min plus tard de chez moi, se félicite le trentenaire. Je m’en fous de ceux qui critiquent, honnêtement. »

Un autre usager de trottinette, croisé près du centre commercial des 4 Temps rejette lui aussi l’imaginaire collectif qui consisterait à estimer qu’un adulte sur une trottinette paraît forcément ridicule. « Je ne trouve pas, note Oscar. Ça commence à entrer dans les habitudes, à force d’en voir. »

« Ça fait deux ans que j’utilise la mienne, à la Défense, c’est très pratique », poursuite ce vingtenaire qui a opté pour un modèle à batterie. « L’électrique est un bon investissement à mon sens, puisque je ne prends plus les transports, argumente-t-il. J’habite à Colombes et je fais tout en trottinette ». Le gain de temps est un argument partagé chez tous les adeptes de trottinettes croisés par La Gazette. « Ça m’évite de me retrouver dans les encombrements des transports, on gagne réellement du temps, témoigne David, la quarantaine. Là, au moins, je suis libre. »

Les grandes enseignes de vente d’articles de sport ont elles aussi compris que le vent tournait, les seules trottinettes pour enfants ne satisfaisant plus la clientèle du quartier d’affaires. Depuis quelques années, le marché de l’engin à roulettes semble en pleine expansion. Moins édulcorées, devenues plus sportives, parfois plus élégantes, les trottinettes d’aujourd’hui séduisent un tout autre public.

Qu’ils soient jeunes salariés branchés ou cadres en costume-cravate, les adeptes de ces engins à roulettes vantent ses louanges.

« De plus en plus de personnes plus âgées viennent en acheter, pas mal de salariés d’ailleurs » confirme l’un des vendeurs du Décathlon situé au sein du Cnit. « Ils optent pour des modèles haut de gamme, généralement », poursuit-il des clients du quartier, aux moyens financiers plus élevés qu’ailleurs. « On voit pas mal de quarantenaires et cinquantenaires en acheter », commente une vendeuse du Go sport des 4 Temps, croisée dans le rayon dédié aux trottinettes.

Qualifiées de « mobilité urbaine pour adulte » sur le site internet de Décathlon, elles sont désormais disponibles pour tous types de budgets. « Il nous arrive d’être en rupture de stock » confie de leur succès dans le quartier le salarié de Décathlon. « Je suis arrivée il y a deux jours, et j’ai déjà vendu trois trottinettes électriques », remarque de son côté la jeune vendeuse du Go sport.

Pour une trottinette manuelle, conseillée pour les trajets quotidiens de moins de 5 km, il faut compter entre 50 et 200 euros. Pour des trajets supérieurs, les engins électriques à batterie sont recommandés grâce à leur autonomie de 20 km à 30 km, et un tarif oscillant entre 300 et 1 000 euros. Les deux options existent en modèles pliables. « On peut les garer dans les locaux à vélo, ou ceux des tours », souligne Medhi, autre usager de la Défense complètement conquis par sa trottinette manuelle.