« Si vous demandez à la plupart des gens du secteur, le premier choix est Paris. » Le responsable d’une « grande banque d’investissement » actuellement basée à la City londonienne reste anonyme, comme bien d’autres témoignages publiés par le Financial Times. Dans un article du 30 septembre dernier, le journal de référence international du monde économique et financier assure que « Paris est donné comme triomphant pour devenir le noeud du trading européen après le Brexit ».

Pour l’instant, le seul déménagement vers la Défense officiellement annoncé par des entreprises du secteur financier en raison de la sortie annoncée du Royaume-Uni hors de l’Union européenne (UE) est celle de l’assureur américain Chubb. Le gros des annonces de déplacements de Londres vers l’Île-de-France des salariés du secteur financier concerne à ce jour Paris intra-muros, avec en tête les traders de Bank of America Merrill Lynch et de HSBC, ainsi que d’autres banques représentant environ 4 000 emplois directs. Bien d’autres pourraient suivre selon le Financial Times.

Si la Défense reste pour l’instant en retrait, le quartier d’affaires devrait largement bénéficier des mouvements internes au sein des établissements bancaires français, dont beaucoup y ont déjà leurs activités. « Chez les françaises installées à Londres, comme BNP Paribas, BPCE, Crédit agricole ou la Société générale, on estime à un millier le nombre d’emplois qui seront transférés à terme », rapportait ainsi L’Express en septembre, citant « une source haut placée » non nommée : « Nous avons vite confirmé que l’on rapatrierait des gens en France, c’est vrai. Mais nous serons les derniers à rentrer. »

Depuis un an, la bagarre entre l’Île-de-France, l’irlandaise Dublin et l’allemande Francfort s’est terminée en défaveur de la région française, au niveau des inscriptions réglementaires destinées à pouvoir exercer une activité financière dans l’ensemble de l’UE. Mais c’est bien la France qui, aujourd’hui, est donnée gagnante des départements de trading « car les banques et les gestionnaires d’actifs réalisent les mérites d’établir un noeud dominant pour concentrer la fluidité des marchés et l’expertise en matière de gestion des produits financiers », assure le Financial Times.

Les raisons de ce choix reviendraient principalement à « la sophistication des régulateurs français », issue de leur surveillance des activités des opérations de produits dérivés complexes de BNP Paribas et de la Société générale. L’autre motif évoqué dans l’article concernerait « la restauration d’une attitude amicale vis-à-vis du monde des affaires évidente par les politiques fiscales et de droit du travail », doublée d’une offensive de charme de l’ensemble des institutions vis-à-vis du secteur bancaire en vue du Brexit.

Selon le journal économique, cette victoire probable, à maintenant six mois du divorce entre Européens et Britanniques, représenterait « une plus grande valeur liée aux emplois et aux taxes qui vont avec » que la défaite lors de la précédente bataille. La banque new-yorkaise JPMorgan chase devrait ainsi bientôt rejoindre celles qui ont déjà officiellement annoncé s’installer de l’autre côté de la Manche.

« Avec le temps, et en fonction de si un endroit devient le nouveau centre financier européen, nous pourrions faire ce que nous avons fait à Londres il y a 20 ans, et nous regrouper », explique au Financial Times Daniel Pinto, responsable du département banque d’investissement de JPMorgan chase.

Les banques veilleraient de près les souhaits de leurs clients gestionnaires de fonds, dont 70 sont en train de s’assurer des licences pour exercer en Île-de-France. Le fonds d’investissement Blackrock, qui gère 6,3 milliards de dollars d’actifs, serait ainsi en train d’évaluer un choix francilien pour déménager son siège européen, avec à la clé plus de 200 emplois supplémentaires.