Une étape administrative supplémentaire a été franchie cet été par la tour des Jardins de l’Arche. Bientôt mis en chantier par Adim Paris Île-de-France, filiale de Vinci construction qui en est chargé, ce projet de gratte-ciel hôtelier et de bureaux mesurera 210 m de hauteur depuis le sol, il est prévu pour ouvrir en 2022. A la suite de l’enquête publique tenue du 22 mai au 22 juin, le commissaire enquêteur a rendu, le 29 juillet dernier, un avis favorable au projet.

Il assort cet avis positif d’une réserve portant sur la nécessité d’une étude destinée à permettre « un fonctionnement harmonieux entre les utilisateurs et clients de la tour, et les visiteurs du cimetière ». Il complète cette réserve de la recommandation de « veiller à une bonne et constante information du public et des riverains », comme « au respect strict des obligations de sécurité », ainsi qu’au « maintien en état des abords » par Vinci construction.

Ce chantier à grande proximité du cimetière de Neuilly ne sera en effet pas une mince affaire pour ses constructeurs, dans une parcelle trapézoïdale d’environ 3 000 m². Située rue de Vimy, sur le territoire communal de Nanterre, elle est coincée entre le cimetière, le boulevard de la Défense, et le bâtiment comprenant tant la Paris La Défense Arena que les locaux du conseil départemental des Hauts-de-Seine.

Le bâtiment sera inséré dans le nouveau quartier des Jardins de l’Arche, à proximité de l’emblématique monument dont le secteur comme la future tour portent le nom. Ce futur gratte-ciel, de 53 étages et près de 63 000 m² de planchers, affiche son ambition avec un florilège de labels environnementaux, au-delà des demandes liées au nouveau quartier, se félicite le constructeur dans l’enquête publique : Haute qualité environnementale (HQE), Building research establishment environmental assessment method (BREEAM), ainsi que E+C-, créé par l’Etat après la Cop 21.

Mais l’élément peut-être le plus significatif de cette nouvelle tour sera bien son architecture, conçue par Jean Mas et les Ateliers 2/3/4. Elle est faite d’étroits parallélépipèdes, empilés sans alignement, contenant chacun une fonction définie du sol au ciel, au départ d’un socle comprenant l’accueil et un centre de conférence. Selon les documents de l’enquête publique, dans le premier d’entre eux viendront s’intégrer plus de 17 000 m² de bureaux pour 1 600 postes de travail. Une certification Well est visée pour ces bureaux, qui concerne le bien-être des salariés les utilisant.

« Le maire de Neuilly pointe les conflits d’usage qu’il redoute et surtout les difficultés de stationnement qu’il prévoit », malgré 400 places prévues dans la tour, note le commissaire enquêteur.

Le second parallélépipède accueillera, sur près de 15 000 m² et 292 chambres, un hôtel Staybridge suites, spécialiste des suites de style résidentiel destiné aux voyageurs d’affaires ainsi qu’aux touristes qui comptent rester plusieurs jours. Le troisième sera destiné à 426 chambres sur près de 22 000 m² d’un complexe hôtelier haut de gamme Crown plaza, spécialiste des professionnels en voyage d’affaires. Les deux enseignes appartiennent à la multinationale hôtelière Intercontinental hotel group.

Le quatrième et dernier des cubes sera, lui, purement dédié à l’agrément des clients. A la jonction avec les hôtels, selon l’enquête publique devraient venir s’intégrer un restaurant panoramique de 250 couverts et un bar lounge. Au-dessus de ces équipements figurent une piscine, un espace fitness et sportif, puis enfin un « sky bar », lui aussi de 250 places, accompagné d’une terrasse belvédère.

L’autre élément largement mis en avant par ses concepteurs comme par son constructeur concerne la végétation, la tour des Jardins de l’Arche devant inclure plus de 800 m² de jardins suspendus, arrosés chaque jour par 1400 L d’eau venant compléter les précipitations naturelles. Ces jardins, placés au sommet de chacun des parallélépipèdes, culmineront avec 380 m² arborés placés aux 48e et 49e étages du gratte-ciel.

Enfin, les architectes ont conçu le bâtiment sans oublier les enjeux économiques futurs, si l’éventuel besoin naissait de transformer les espaces d’hôtellerie en bureaux, et inversement. Les plans, selon l’enquête publique, « démontrent les possibilités d’évolution liée à un besoin de renouvellement du produit », grâce à une tour « caractérisée par une petite largeur entre ses deux façades principales ».

Selon ses concepteurs, il serait même possible « d’envisager une reconversion allant jusqu’au logement », avec « des typologies allant du T1 au T5 » au sein de certains des parallélépipèdes qui sont réalisés « comme un immeuble à part ». Les architectes avancent même la possibilité d’y aménager des appartements « de façon localisée » grâce à « la récupération des gaines techniques verticales de l’hôtel ».

Le chantier est prévu pour démarrer dès l’an prochain avec le terrassement, tandis que la tour commencera à s’élever fin 2019. L’ouverture, elle, est prévue en 2022. Mais le chantier sera l’un des plus complexes à mener dans le quartier, en particulier compte tenu de sa très grande proximité avec le cimetière de Neuilly. Proximité qui pose d’ailleurs quelque peu problème au commissaire enquêteur, qui s’attarde longuement sur le sujet.

Côté chantier, s’il se montre louangeur vis-à-vis des « sujets de bruit et poussières », il l’est nettement moins vis-à-vis de la conservation des places de parking public dédiées aux visiteurs du cimetières. Ces interrogations avaient été formulées par le maire de Neuilly-sur-Seine au cours de l’enquête publique, concernant « les dispositions qui pourraient être prises pour assurer, d’une part, l’accès au cimetière et, d’autre part, un minimum de places de stationnement à proximité immédiate de l’entrée du cimetière ».

La filiale de Vinci construction (sollicitée, l’entreprise n’a pas répondu à La Gazette, Ndlr), Adim Paris Île-de-France, avance pourtant la présence de ses « hommes trafic » réservant les places, et d’un « fléchage spécifique » afin d’éviter que ses prestataires ne s’y garent. Cependant, le commissaire enquêteur estime que « la réponse fournie est partielle », tout comme il analyse que cette méthode lui semble « compromise par la réalité du déroulement d’un chantier de cette envergure ».

Au-delà du chantier lui-même, le maire de Neuilly comme la copropriété de l’immeuble One « redoutent la mise en service de la tour » et les problèmes liés à l’accessibilité comme à la circulation. Ainsi, « le maire de Neuilly pointe les conflits d’usage qu’il redoute et surtout les difficultés de stationnement qu’il prévoit », malgré les plus de 400 places de parking prévues dans les niveaux les plus inférieurs de la future tour.

Le commissaire enquêteur poursuit en indiquant que le cimetière de Neuilly « est un équipement public important par son emprise, par sa qualité et sa fonction et, en prenant en compte les carrés militaires, également par son image symbolique ». Alors, pour lui, si son entrée actuelle « est loin d’avoir la même solennité ou dimension symbolique que celle dont disposait auparavant cet équipement », pour autant, « la construction de la tour, telle que projetée, risque, encore plus, de nuire profondément et durablement à cette entrée ».

Il assort donc son avis favorable d’une réserve, et demande de « réaliser l’étude d’aménagement de l’emprise à l’Est de la future tour, y compris les flux de circulation, le stationnement et les accès ». Le commissaire enquêteur souhaite en effet que soient précisément étudiés « les flux de circulation et le stationnement au pied de la tour », et que soit présenté « un aménagement qui prend en compte l’équipement public que constitue le cimetière ».

Imprimée en 3D, la maquette du projet récompensée

Le 17 septembre dernier, la maquette de la tour des Jardins de l’Arche a emporté un BIM d’or, décerné par les médias spécialisés Le Moniteur et Les Cahiers techniques du bâtiment pour récompenser « les meilleurs projets menés à l’aide de la maquette numérique ». Le jury a presque fait une exception, puisque c’est « la réalisation d’une maquette physique imprimée en 3D élaborée à partir de la maquette numérique » qui a décroché ce prix.

Le projet mené par Adim Paris Île-de-France, filiale de Vinci construction, est lauréat dans la catégorie des bâtiments neufs d’une superficie supérieure à 40 000 m². « Equipé de 500 capteurs, ce modèle physique a servi aux tests en soufflerie au CSTB à Nantes (Loire-Atlantique), détaille Le Moniteur. Autre élément intéressant, Arcora a modélisé en détail quelques trames en vue de l’industrialisation future des panneaux de façade. »

CREDIT PHOTO : JEAN MAS – ATELIERS 2/3/4