« Je veux qu’il reste le plus possible en prison… dans 5 ans, je serai encore un adolescent. Il faudrait attendre que je sois un adulte [pour qu’il sorte] », à la barre du tribunal de Nanterre, les propos de plusieurs enfants victimes d’Edouard de B., rapportés par nos confrères de 20 Minutes, particulièrement difficiles à entendre, ont fait craquer l’accusé, qui a reconnu la quasi-totalité des faits.

Il était accusé d’agressions sexuelles sur quinze enfants et de viols sur deux d’entre eux, notamment à l’école, où il sévissait dans les toilettes du gymnase et lors de baby-sitting. Après cinq jours d’audition, le verdict est tombé : l’ancien animateur périscolaire a finalement été condamné à quinze ans de réclusion criminelle, dont 10 ans de période de sûreté. Si la peine est inférieure aux 18 ans requis par l’avocate générale, elle est assortie d’un suivi socio-judiciaire de sept ans, ainsi que d’une peine supplémentaire de sept ans s’il ne respecte pas le suivi, et d’une interdiction d’exercer un métier au contact des enfants.

Âgé de 29 ans lors du procès, il a exprimé des remords : « J’avance et j’ai envie d’être dans la vérité. Dans un premier temps pour les familles. Je sais le mal que j’ai fait et la douleur. Je sais qu’ils ne me pardonneront jamais. »

L’accusé travaillait dans un centre Vacances-animations-loisirs (Val) depuis 2012 à Courbevoie. C’est en octobre 2015 que des parents se sont rendus au commissariat pour des soupçons d’abus sur leur enfant. Après une vaste enquête de la police, où plusieurs centaines d’enfants scolarisés dans les quatre écoles primaires où l’homme avait travaillé, sont entendus, l’animateur est mis en examen et écroué.

Autre enjeu de ce dossier : le dysfonctionnement de la structure Val. Visé par un signalement en décembre 2012, Edouard de B. avait reçu une lettre d’avertissement de sa hiérarchie. À peine six mois plus tard, un autre enfant l’accuse à nouveau. Après une suspension de quatre mois, la mairie de Courbevoie l’autorise à reprendre le travail.

Comme l’avait révélé 20 Minutes dès 2017, une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nanterre pour « non-dénonciation de crime sexuel » est toujours en cours. « Ce qui est insupportable dans ce dossier, c’est qu’il aurait pu y avoir moins de victimes », s’est indignée Maître Nathalie Bucquet, pour l’association Innocence en danger : « Cette audience a été complète et je crois qu’elle vous permet aujourd’hui de juger un coupable, et demain, les responsables. »

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