Le rendez-vous était donné à 13 h 30, sur la place de l’Hôtel de Ville, désormais baptisée place du 27 mars 2002. Les agents de sécurité de la Municipalité, bien au courant de la tenue d’une manifestation, sont aux aguets. C’est alors que plusieurs dizaines de Nanterriens se massent devant la mairie, toutes pancartes dehors, avec une réclamation : rencontrer le maire, Patrick Jarry, ou l’adjointe à l’habitat et au logement, Samia Kasmi.

Car c’est bien le sujet du logement qui a poussé les manifestants à faire entendre leur voix. Avec dans leur viseur, l’organisme Nanterre Coop Habitat. « Il y a trop de mépris, et trop peu d’écoute, regrette le porte parole de Nanterre Autrement, collectif organisateur de la manifestation. Il y a une vraie dégradation des relations avec les habitants. Ici, il y a des gens qui vivent à 6, 7 personnes dans leur appartement, et qui attendent un relogement depuis des années ».

Parmi ces habitants, on retrouve Fatima, à l’origine de ce rassemblement. « Je suis là pour exprimer ma colère et celle des gens », martèle-t-elle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a été entendue : selon le collectif, plus d’une centaine de personnes ont répondu à son appel, afin de faire entendre leur ras-le-bol, quant au manque d’entretien des immeubles aux problématiques de relogement.

Les témoignages entendus dans la foule en disent long sur la situation des habitants concernés. « J’ai cinq enfants qui dorment dans une même chambre », lance une mère désabusée. « Ma fille fait ses devoirs dans le cellier », ajoute sa voisine. Toutes et tous semblent alors se heurter à un mur, quand vient le moment de demander un relogement.

« J’ai une demande qui date de 2014, et je n’ai reçu aucune proposition de la part du bailleur ou de la Mairie, raconte une habitante, désabusée. On a droit à un seul appel par mois, et quand j’y ai droit, on me redirige vers le bailleur, et vice-versa. Ils se renvoient la balle ».

Un dialogue rompu qui a conduit à un mouvement de colère inévitable, dont les prémices se sont fait sentir du côté de la résidence des Pâquerettes, au sein du quartier Petit-Nanterre. Les riverains ont fait entendre leurs revendications, notamment grâce aux réseaux sociaux, si bien que de nombreux Nanterriens ont fini par se greffer au mouvement. « Ce sont des problématiques que je rencontre sur le terrain, souligne Alexandre Guillemaud, élu d’opposition, et président de l’Union Nationale des Locataires Indépendants (UNLI) de Nanterre. C’est un sujet qui est ancien. Les habitats se dégradent, les Nanterriens viennent me voir régulièrement à ma permanence pour me dire qu’ils n’en peuvent plus ».

Le conseiller municipal d’opposition, qui soutient le collectif dans ses actions, s’est dit « ravi » que les habitants aient pris l’initiative de se faire entendre. « Il y a un vrai ras-le-bol de ce sentiment d’abandon de la part de certains bailleurs, une volonté de dire stop, il y en a marre ».

Du côté de la Municipalité, on assure qu’« à la Ville de Nanterre, les attributions se font selon un critère unique, objectif et vérifiable : l’ancienneté de la demande ». La Mairie rappelle également ses dispositifs déployés pour suivre l’évolution des dossiers. « Depuis septembre 2018, nous publions d’ailleurs dans Nanterre Info chaque mois les anciennetés des demandeurs qui se voient attribuer un logement. Et depuis février 2022, chacun peut suivre l’évolution de sa demande via une plateforme unique ».

Malgré l’irruption des manifestants dans le hall de la mairie, le dialogue souhaité avec le maire et l’adjointe au logement n’a pas eu lieu. Une demande officielle de rencontre a cependant été transmise, afin d’échanger sur les problématiques soulevées par le collectif.

CREDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DEFENSE