Un gang d’un nouveau genre s’est retrouvé à la barre du tribunal correctionnel de Nanterre. Sept personnes, dont six garçons de 19 à 20 ans, ont été interpellées mardi 7 décembre, à Argenteuil (Val-d’Oise). Cette bande organisée est suspectée d’avoir commis une série de quatorze vols à l’arraché de montres de luxe, notamment des Rolex, commis entre fin septembre et novembre 2020.

Les malfaiteurs ont recours à un mode opératoire bien particulier. Ils ciblaient des individus arborant au poignet des montres de luxe et les suivaient jusqu’à leur domicile. À partir de ce moment-là, l’un des membres de la bande étranglait la victime pour l’immobiliser et la rouait de coups, pendant qu’un autre arrachait sa montre. Les malfrats agissaient souvent à trois ou à quatre, dans la majorité des cas.

En l’espace de deux mois, les braqueurs agrandissent leur butin et laissent derrière eux une dizaine de victimes. Parmi elles, on retrouve notamment un couple de jeunes parents, étranglé sous les yeux de leur bébé le 19 octobre dernier, au parc André-Citroën ; le propriétaire d’une Ferrari, suivi du Ve arrondissement de Paris jusqu’à son domicile d’Émerainville (Seine-et-Marne), ou encore un cadre de La Défense, détenteur d’un modèle de Rolex d’une valeur de 6 500 euros.

Une méthode particulièrement brutale, comme en témoignent les séquelles d’une des victimes, qui s’est vu prescrire une  incapacité temporaire de travail (ITT) de 61 jours.
Tandis que d’autres souffrent de troubles du sommeil, de stress, d’anxiété et d’hypervigilance.

Les agressions étaient revendiquées et annoncées dans des clips de rap, ou étaient scandées les paroles «  Le temps c’est d’l’argent, j’cours après ta montre  » ;  « Pour une R. ouais ça t’étouffe », dans une vidéo mise en ligne sur Youtube, en novembre 2020. Dans la soirée du 8 décembre, les sept personnes mises en cause ont été déférées. Une information judiciaire a également été ouverte. Les suspects ont été mis en examen pour vols avec violences commis en bande organisée, ce jeudi, à Nanterre, tandis que le parquet a requis leur placement en détention.

Sans scrupules et motivés par l’appât du gain, les prévenus pouvaient faire disparaître une vingtaine de Rolex en seulement quelques jours. Néanmoins, durant le procès, ils expliquent avoir peu profité des montres. « L’un dit avoir empoché 800 euros pour quatre agressions, un autre 400 euros pour deux faits. » relate Le Parisien.

Lors de la garde à vue, un membre de la bande a reconnu sa participation à plusieurs faits. Ce dernier ira jusqu’à regretter ses actes malveillants, pendant le procès. « Je ne vais pas dire que j’étais dans le besoin mais j’avais envie d’être indépendant », déclare l’un des jeunes. « J’ai accepté les vols que l’on m’a proposés, j’ai tout simplement été bête. »

Au dernier jour de leur procès, mercredi 15 décembre, la procureur a requis des peines allant de sept à neuf ans, à l’encontre des cinq prévenus. Selon Le Parisien, lors du jugement rendu le lundi 20 décembre, les accusés ont été condamnés à des peines de cinq à six ans d’emprisonnement. La peine de l’un d’eux est associée à une année de prison avec sursis.

L’Hexagone fait face à une recrudescence de vols de montres de luxe. Ces derniers se démocratisent de plus en plus. Sur les onze premiers mois de 2021, les vols de montres avec violence à Paris et en petite couronne auraient bondi de 20 % par rapport à la même période l’année précédente, d’après la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) de la préfecture de police de Paris.

Désormais, selon Le Parisien, les vols de montres de luxe sont commis par des voleurs de plus en plus jeunes, avec des profils souvent connus des services de police. « Moins expertes que les voleurs de montres historiques, qui ciblent les modèles haut de gamme, ces petites équipes de quartier s’attaquent essentiellement aux Rolex. » Le prix de certains modèles haut de gamme peut aller jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Dans la capitale, les enquêteurs avaient déjà enregistré 617 vols de montres en 2020, 668 en 2019 et 644 en 2018, avec un taux élevé d’enquêtes élucidées. À Paris, une trentaine d’enquêteurs sont mobilisés sur ce phénomène.

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