Longue file d’attente, clapping, jeux de son et lumière, écharpes colorées… Tout portait à croire que la Paris la Défense Arena accueillait une grande compétition sportive, le mardi 7 décembre dernier. Pourtant, pas d’athlète ou de ballon à l’horizon. Mais le directeur général de l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment, Cédric Borel, l’assure : il souhaite rassembler « 70 millions de champions dans la bataille pour le climat ».

Après sa présentation en juillet à la Défense, le championnat de France des économies d’énergie (aussi appelé concours Cube) a démarré ce mardi, avec la présentation des 1 000 entreprises, villes et écoles participantes. Celles-ci seront en concurrence avec un objectif commun : réduire drastiquement leur consommation d’énergie pendant un an avec des actions concrètes et mesurables, à effets immédiats.

« Je fais le pari que nous avons le pouvoir de changer ce qui doit être changé, a martelé Cédric Borel, à l’origine de l’événement. Nous allons transformer peu à peu ce monde, et en ce faisant, nous transformer. L’action doit venir de vous, de nous, dans nos responsabilités du quotidien. Le changement vient du terrain. C’est pour cela que le championnat de France des économies d’énergie a été créé. Car ce sont les champions qui écrivent l’histoire ».

Ce nouveau rendez-vous mise sur les valeurs du sport pour véhiculer une forme d’engagement positive. Une méthode qui a déjà porté ses fruits. Lors des dernières éditions, les participants avaient réussi à atteindre 13 % d’économies d’énergie en moyenne, et au-delà de 50 % pour les plus performants. Saison d’une année, capitaines, arbitres et équipes forment la compétition dans différentes ligues bien distinctes : celles des villes, des entreprises, des établissements scolaires, et des flottes automobiles.
Mais l’une d’entre-elles nous intéresse tout particulièrement : la ligue « Paris La Défense ».

12 acteurs du quartier d’affaires font en effet partie de cette ligue fermée, rassemblant 750 000 m2 de bureaux en compétition, soit 20 % de la totalité de la surface des tours. Un engagement qui fait sens : les bâtiments tertiaires consomment 16 % de l’énergie utilisée en France chaque année. Ils émettent même deux fois plus de gaz à effet de serre que le secteur aérien. Des chiffres alarmants qu’il devient urgent de corriger.

« L’objectif qu’on s’est fixé, avec à la fois réalisme et ambition, c’est d’aller au-delà de la moyenne nationale en divisant par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, annonce Pierre-Yves Guice, directeur général de Paris La Défense. Il y a des sources de consommation que l’on a déjà diagnostiquées, et dont on a la conviction de pouvoir les corriger. Cet effort, c’est l’occasion de renouer avec l’esprit d’inventivité qui caractérisait la Défense à ses origines ».

L’établissement public aménageur du quartier d’affaires, en plus de participer pleinement au concours, a joué le rôle de chef d’orchestre pour mobiliser les potentiels participants au concours. Pour Pierre-Yves Guice, « avoir rassemblé 20 % de la surface des tours dans cette ligue, c’est déjà beaucoup. C’est une démarche embryonnaire. Il y a eu relativement peu de communication, peu de moyens, mais beaucoup de bonne volonté. L’objectif, c’est que ça fasse boule de neige ». À Paris La Défense, des premières mesures ont été prises dans le cadre de la compétition, comme l’accentuation du télétravail, et ainsi, la fermeture des bureaux inutilisés.

Parmi les membres de cette ligue réservée au quartier d’affaires, on retrouve également la Paris la Défense Arena, hôte de l’événement. Car ce n’est pas pour rien que la plus grande Arena d’Europe accueille l’événement : c’est également un moyen de promouvoir ses efforts pour réduire sa facture énergétique. « C’est un gros challenge qu’on s’est lancé dès la conception, assure Bathilde Lorenzetti, vice-présidente de Paris La Défense Arena. On effectue un travail quotidien pour tenir nos objectifs RSE (Responsabilité sociétale des entreprises, Ndlr) ».

 

Un projet salué à la Cop 26

Le championnat de France des économies d’énergie a été présenté et salué à la Cop 26 de Glasgow, comme l’une des rares initiatives qui propose des actions simples et concrètes, réalisables sur le terrain. « L’objectif est de faire de l’économie d’énergie un sport national, a insisté Cédric Borel, organisateur du concours Cube lors de sa prise de parole. Nous allons couronner un champion de France, pourquoi pas élire ensuite un champion du monde ? Des pays comme les États-Unis, la Chine ou l’Inde pourraient économiser jusqu’à 750 millions de tonnes de CO2 par an ». En France, on se situe déjà autour des 500 millions de tonnes.

En effet, la salle nanterrienne a réalisé 30 % d’économie d’énergie entre 2019 et 2021. Comment ? Tout d’abord en coupant la climatisation et le chauffage, sauf en cas de températures extrêmes. En faisant entrer l’air extérieur par les volets, le mélange d’air frais et recyclé permet de maintenir une température oscillant entre 17 et 25 degrés. Des progrès ont également été réalisés en ce qui concerne l’éclairage de la salle. Hormis le choix d’utiliser des LED, moins énergivores, les équipes techniques de l’Arena ont pour consigne de veiller à l’extinction systématique des lumières quand celles-ci ne servent pas.

« C’est pas Versailles ici, sourit Alexandre Maumont, directeur des opérations en charge du bâtiment, de la sûreté et de la sécurité. Avant, tout était allumé non-stop. Mais maintenant, on fait comme à la maison : si on n’est pas dans une pièce, on éteint. Et tout le monde joue le jeu. Le soir, à 19 h, une personne présente sur site envoie une photo de la salle entièrement éteinte sur Whatsapp. Toutes ces choses, c’est du bon sens. Et ça permet de faire plusieurs centaines de milliers d’euros d’économie, qu’on peut ensuite utiliser dans le projet d’amélioration de la salle ».

Gobelets lavables, récupération d’eau de pluie pour arroser la pelouse, ruches sur le toit… La Paris la Défense Arena dispose de nombreux atouts pour faire bonne figure dans le concours. Un nouveau cap qui correspond à l’ambition de Paris la Défense de devenir le premier quartier d’affaires mondial post-carbone (voir notre édition du mercredi 6 octobre 2021).

« Pour y parvenir, nous devons fédérer, mais aussi entraîner, souligne Georges Siffredi (LR), président de l’établissement public et du Département des Hauts-de-Seine. Ça va prendre du temps, mais on a tout ce qu’il faut pour réussir : de la volonté, mais aussi des moyens. C’est avec les investisseurs, les utilisateurs et la population que l’on pourra faire de la Défense le premier quartier d’affaires mondial post-carbone. C’est un objectif ambitieux, mais je suis persuadé que nous y arriverons ».

Palmarès du dernier concours

252 établissements s’étaient affrontés lors de la précédente édition, et c’est Orange qui avait terminé en tête du classement général, avec 57,4 % d’économie d’énergie en un an dans son bâtiment du 15e arrondissement de Paris. Le Département des Yvelines s’était classé en seconde position avec 46,6 %, devant l’ADEME en Corse et ses 39,4 %. Un bâtiment de La Poste à Limoges avait également fait figure de bon élève, avec 70,9 % de réduction d’émissions de CO2.

CREDITS PHOTOS : LA GAZETTE DE LA DEFENSE