Édifié entre 1976 et 1978, cet ensemble de logements aussi appelé quartier Louis-Blanc compte quatre bâtiments, pour un total de 640 logements, répartis entre les Damiers d’Anjou, de Bretagne, de Champagne et du Dauphiné. Ces deux derniers demeurent les plus hauts des quatre, avec 23 étages contre 12. Les Damiers s’établissent à la fois sur la place de Seine et celle des Dominos, toutes deux sur le territoire de Courbevoie, dans le quartier des Saisons.

D’une conception identique en gradins, ils ont été conçus pour accueillir des commerces dans les niveaux inférieurs et les logements dans les étages supérieurs. Une répartition censée garantir un maximum de luminosité à leurs habitants, grâce aussi aux avantages qu’offre une construction de forme pyramidale. Une dalle piétonne fut coulée afin de faciliter les circulations et de dissimuler les 2 400 places de parking situées en-dessous et capables de répondre aux besoins de la société tout voiture des années 1970.

Nous devons cet ensemble immobilier, typique des curiosités architecturales d’après-guerre, avec ses 25 000 mètres carrés de panneaux en préfabriqués de béton, à trois architectes : Jacques Binoux et Michel Folliasson de l’École des Beaux Arts et Abro Kandjian. Aidé du fils de ce dernier, le quatuor réalisera d’autres constructions du quartier d’affaires, comme la tour Allianz-Neptune toute proche ou les résidences Citadines.

Aujourd’hui vidés de ses derniers habitants, après maints recours en justice, les Damiers d’Anjou et de Bretagne, trônant côté Seine, vont être prochainement démolis afin de laisser place aux tours jumelles Hermitage. Un projet longtemps demeuré incertain (voir notre édition du 1er septembre 2021). Ce n’est pas la première fois que les occupants de la zone sont ainsi voués à l’expulsion, au nom d’un grand projet immobilier.

Les Damiers siègent en effet là où se trouvait un quartier résidentiel du XIXe siècle, dont la destruction engagée dans le cadre des travaux de la Défense fut immortalisée dans le célèbre film de Pierre Granier-Deferre, Le Chat, tourné en 1971, avec Jean Gabin et Simone Signoret.

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