Après avoir envahi le hall d’un bâtiment administratif, le pôle Grappin, au début du mois octobre, l’Unef-Tacle (Unef-Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes, Ndlr) a décidé depuis le mercredi 27 octobre dernier de mettre un coup de pression supplémentaire sur la direction de l’Université de Nanterre. Exigeant l’inscription de 61 étudiants recalés de Parcours Sup, une quarantaine de militants d’extrême-gauche a investi les bureaux de la présidence de l’université et continue d’exercer un chantage sur la direction en occupant les lieux jour et nuit.

Celle-ci, qui a mis fin à toute négociation avec les syndicalistes, estime avoir affecté le maximum d’étudiants que ses différentes filières peuvent supporter et s’en remet désormais au rectorat pour décider du sort des derniers postulants. Depuis la dernière mobilisation étudiante, plusieurs dossiers avaient été étudiés et des dizaines de places trouvées pour ces « sans-facs ». « À notre échelle, nous ne pouvons pas faire plus », indiquaient les instances de l’établissement, dans un communiqué de presse en date du 25 octobre.

L’Unef-Tacle ne veut pas croire la direction à court de solutions, et continue d’organiser des mobilisations en pleines vacances scolaires. Sur un campus vide d’élèves, une quarantaine de personnes – étudiants, syndicalistes CGT, SNES-FSU ou encore une élue de la France Insoumise – s’étaient encore réunis lundi 1er novembre pour scander quelques slogans et tourner des vidéos d’appels à poursuivre le combat ; spots rapidement diffusés sur les réseaux sociaux.

« En ce moment, on est dans une position de bloc par rapport à la présidence, explique Gorai Branbao, étudiant en droit et militant Unef-Tacle. Les 61 dossiers que nous défendons ne sont pas inabsorbables par l’université, parce que tous ne veulent pas aller dans la même filière ». Selon lui, un certain nombre de ces « sans-facs » seraient des « réfugiés, avec des maladies graves ». Or, si l’université est censée trouver une place pour chaque détenteur français du baccalauréat, les réfugiés ou bénéficiaires de la protection de l’Ofpra peuvent voir leur candidature refusée par une faculté sur la base de ses propres critères et en toute légalité.

« Étudier est un droit, et non un privilège », rétorque dogmatiquement l’Unef, qui dénonce le principe même de sélection méritocratique à l’entrée de l’enseignement supérieur public. « Sur le fond, le problème des “sans-facs” doit être pris avec plus de recul que ce que fait l’Unef, dénonce Jacques Smith, délégué national Uni, syndicat étudiant classé à droite.
Il y a certes un manque de places dans les universités, mais il s’agit surtout d’un problème d’orientation. Car trop d’étudiants en première année redoublent ou se réorientent, ce qui crée des engorgements, une surpopulation ».

L’Unef-Tacle compte bien « continuer à occuper » les lieux, jusqu’à obtenir gain de cause. S’ils sont délogés, d’autres modes d’action pourraient être utilisés pour maintenir le bras de fer. « Ce qui est sûr, c’est que l’Unef fera des blocages en décembre, dès que les partiels vont arriver et quelque soit le prétexte, vitupère Jacques Smith. Étudier est un droit, mais c’est aussi une liberté et quand des gens bloquent et dégradent, ils entravent la liberté d’étudier ».

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