Pour redorer le blason des centres commerciaux, quelque peu boudés depuis la crise sanitaire, Westfield a pensé s’associer à Vice Media Group et monter un festival du court-métrage publicitaire, le Westfield Stories. L’idée fut de mobiliser de jeunes réalisateurs de la scène émergente française et de leur donner carte blanche, afin qu’ils donnent une autre vision possible des relations humaines au sein des centres commerciaux.

Ainsi, six réalisateurs ont été pré-sélectionnés sur la base de leur scénario et ont été autorisés à tourner un film de quelques minutes dans une de leurs enseignes franciliennes. Parmi elles, le Westfield les 4 Temps. Et ce fut la jeune cinéaste Sarah Jacquier, qui s’était déjà confrontée aux codes du court-métrage publicitaire en Australie, qui a été choisie pour mettre en scène une histoire fictive dans le décorum du grand mall de la Défense. A son plus grand plaisir.

« Ce film est mon premier vrai film de fiction, raconte la jeune réalisatrice. La décision de tourner aux 4 Temps avait été prise par Vice et Westfield et on était très contents de tourner là-bas, parce que c’est une institution en Île-de-France ». Dans son court-métrage d’un peu plus de quatre minutes, intitulé Suit-up, on peut apercevoir un homme récupérer un colis, renfermant une veste de costume à la couleur dès plus saillante, loin de celle qu’il avait choisie.

Une erreur d’un préparateur de commande, qui lui permettra de rencontrer une photographe et d’échanger quelques mots dans cet environnement plutôt propice à l’anonymat et à la défiance entre des individus qui ne font souvent que se croiser. « C’est quelque chose que j’ai constaté dans les grandes villes, plus il y a de monde, moins on se parle. Depuis le Covid, je pense que c’est quelque chose qui est allé en s’empirant, notamment entre les générations. C’était une thématique que j’avais envie d’étudier
depuis longtemps alors quand on m’a proposé de tourner dans un centre commercial, cela m’est venu de façon très intuitive », raconte la réalisatrice.

Depuis le 15 octobre dernier, sur la plateforme de Vice Media Group, un des six courts-métrages réalisés dans chaque centre commercial Westfield d’Île-de-France est mis en ligne chaque semaine. Vous pouvez d’ores et déjà visionner gratuitement celui de Sarah Jacquier, sur vice.com/fr/partners/westfield.

La réalisatrice, qui pense peut-être revenir dans le quartier d’affaires pour un éventuel tournage. « Je trouve qu’au niveau de l’aménagement, des installations artistiques, il y a des choses et une vue très belles. La Défense, c’est assez intéressant dans ce que cela représente, une facette de Paris qui est plus moderne et que j’adore ».

Elle ne serait ainsi pas la première à investir l’Esplanade, le Parvis ou une tour pour y implanter sa chaise de metteur en scène. L’activité se porte même très bien depuis la sortie des confinements. « Le site de la Défense est particulièrement plébiscité pour les tournages et les prises de vues, notamment pour son architecture unique en France, confirme Noellie Faustino, directrice du pôle événementiel à Paris la Défense, organisme public aménageur du quartier d’affaires. Parce que c’est aussi un domaine piéton, donc il est facile d’y organiser des tournages ».

De nombreuses publicités, pour le marché français ou étranger, ont ainsi été mises en boite récemment. La production de la série américaine Emily in Paris a aussi profité du panorama de gratte-ciel pour y tourner une scène. « On a eu une demande parce qu’ils voulaient faire semblant qu’un des acteurs était à Chicago ou New York, donc ils sont venus tourner à la Défense devant une tour, parce qu’on est les seuls en France à avoir cette perspective-là, précise Noellie Faustino. Et c’est passé sans problème ! ».

Seul impératif : réclamer une autorisation de tournage auprès du service événementiel de Paris la Défense. Surtout pour les tournages impliquant le port d’armes ; une demande récurrente selon l’organisme public. À l’exception des tournages de faibles envergures, menés par des étudiants, les productions audiovisuelles sont donc soumises à autorisation et doivent payer un droit d’occupation de l’espace public.

« Étonnamment, on pourrait penser que c’est le Parvis qui est le plus demandé pour des tournages, mais ce sont l’Esplanade et aussi des quartiers qui montrent des aspects de la Défense qui ne sont pas ceux que l’on connaît d’ordinaire, avec des zones arborées, à taille humaine et sans tours bétonnées ».

CREDIT PHOTO: DR