Privé de son rond-point, ses axes routiers et ferroviaires dissimulés sous des centaines de dalles de béton, le jeune quartier de la Défense, au début des années 1970, n’est qu’un grand espace vide ponctué d’immenses tours. Sous l’impulsion de Germain Viatte, encore directeur en 1974 de la documentation contemporaine du centre Beaubourg, est décidé de combler ses dédales laissés vacants au moyen d’œuvres d’art. Des commandes publiques sont faites à des dizaines d’artistes pour des créations d’envergure qui ponctuent encore aujourd’hui le paysage du secteur.

Mais, l’homme veut aller plus loin. Il souhaite ériger des œuvres monumentales, de véritables édifices incrustés dans le béton du quartier d’affaires. De là nait le projet d’une fontaine, confié au plasticien israélien figure de l’art cinétique, Yaacov Agam, qui lui donnera son nom. Sur la photographie, on peut apercevoir le bassin, de 26 par 86 mètres, avant la pose des mosaïques colorées, qui confèrent à l’œuvre une filiation toute trouvée avec l’op art – ou l’art optique – très en vogue durant la décennie 1970.

Ces mosaïques sont faites d’émaux de verre de Venise de 86 nuances de couleurs différentes. Au-delà de son cachet esthétique, la fontaine est avant tout une invention technique qui nécessite une machinerie. Ses 66 jets, capables de propulser de l’eau jusqu’à 15 mètres, sont alimentés par les 210 mètres cubes d’un réservoir, placé juste sous le bassin, d’un volume deux fois plus conséquent avec ses 425 mètres cubes.

Une cascade, située du côté de la place de la Défense, permet de laisser s’écouler une grande quantité d’eau en continue. Celle-ci est retraitée et filtrée grâce à un système mécanique dissimulé dans la machinerie. 16 pompes acheminent l’eau saine vers l’un des deux grands bacs de rétention en polyester qui fournit aux jets leur carburant, bouclant ainsi ce cycle fermé. Chaque jour, du seul fait de l’évaporation, il est nécessaire de déverser 10 à 15 mètres cubes d’eau de ville pour faire les niveaux.

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