« À la base, c’était une intuition. Une intuition qui a fonctionné ! ». Marie-Pierre Limoges, vice-présidente du Département des Hauts-de-Seine en charge de l’économie sociale et solidaire, s’est ainsi réjouie, à l’ouverture de la 4ème édition du Curious Lab’ le 24 septembre dernier, de la poursuite de ce projet initié par feu Patrick Devedjian. Depuis 2019, ce laboratoire d’idées permet de faire rentrer en relations des étudiants et des élus municipaux en quête de réflexions sur la ville de demain.

Répondant à des « défis » lancés par des Villes comme Antony, Courbevoie, Puteaux ou Levallois-Perret, les élèves participants ont été amenés ces dernières années à répondre à des demandes très axées autour de la démocratie participative, de l’économie, du développement durable ou de l’action sociale. Seuls trois défis concernaient le domaine urbanistique ou architectural, sur les 32 lancés au total. On en compte un seul, pour ce qui est du domaine culturel.

Au-delà, pour les municipalités, de l’apport que peut représenter un nouveau point de vue sur leur gestion, le Curious Lab’ permet surtout de créer des vocations parmi les étudiants et un goût pour la fonction publique territoriale. « On entend souvent les étudiants parler de sens, soulignait d’ailleurs Marie-Pierre Limoges. Ils ont peut-être envie de s’engager dans des projets collectifs de service public mais ne savent pas comment faire. [Grâce au Curious Lab’], beaucoup rentrent en stage dans les Villes ou en alternance, donc cela prouve que cela répondait à quelque chose ».

Cette année, 18 problématiques soulevées par sept Villes devront être résolues par les étudiants de six écoles participantes, que sont : l’Iéseg, l’Institut Français de Géopolitique, l’EPF de Sceaux, l’Université Paris Nanterre, l’ESILV et pour finir, l’école d’architecture d’intérieur et de design Camondo. Ces défis sont dans l’ensemble assez variés et vont d’une solution pour améliorer la fluidité du trafic automobile (Levallois-Perret) à l’amélioration des sites internet et applications municipales, en passant par la sensibilisation des jeunes à la santé auditive (Le Plessis-Robinson).

Seule commune du quartier d’affaires participant cette année à l’opération, Puteaux, qui via le conseiller municipal délégué Pascal Moreau-Luchaire, a ainsi résumé le défi que doit surmonter la municipalité : « Derrière les villes, il y a tout un tas de consommateurs. Nos habitudes de consommation ont évolué et le digital a changé les choses mais les commerces de proximité n’ont pas toujours le temps de concevoir et mettre en place des sites internet ou applis dédiés ».

Ainsi, la petite dizaine d’étudiants de l’ESILV (l’École supérieure d’ingénieurs Léonard de Vinci) ayant répondu à l’appel de Puteaux va devoir trouver une solution pour orienter les clients potentiels vers les boutiques de la ville ou au mieux, les encourager à consulter leur site internet s’il existe. Spécialisés dans des domaines différents (numérique et codage, intelligence artificielle…), les participants vont plancher sur le projet jusqu’à la fin du mois de mars, au rythme d’une dizaine d’heures par semaine.

Ils devront tout d’abord élaborer un scénario et le mettre en forme à l’aide de panneaux méthodologiques, avant de l’approfondir plusieurs mois durant. « Les communes apportent l’expertise de terrain, le Département tout en restant neutre, coache en simultané l’ensemble des groupes d’étudiants et apporte de la valeur ajoutée afin de tendre vers une solution opérationnelle (expertise sur un sujet précis, données démographiques, cartographiques, financières…) », précise le Département, dans un cahier qu’il vient d’éditer pour faire le bilan des trois précédentes éditions.

Si les travaux des étudiants aboutissent, ils pourront peut-être le voir financer grâce à l’enveloppe octroyée cette année par les Hauts-de-Seine. « Le président du Département a initié cette année une enveloppe de 100 000 euros, pour permettre à cinq Villes d’initier leur projet, avec un maximum de 20 000 euros par projet, a précisé Marie-Pierre Limoges. C’est une enveloppe d’amorce, qui permettra d’aller un peu plus loin ».

CRÉDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE