Il est connu pour être souvent ­embouteillé, empêtré dans des conflits entre automobilistes, cyclistes et piétons. Il est surtout l’axe stratégique du quartier d’affaires de la Défense, le fameux boulevard circulaire. Depuis que le Département des Hauts-de-Seine en a repris la gestion en août 2017, la volonté de fluidifier et de sécuriser le boulevard circulaire était au cœur des discussions.

En mars 2019, le Département avait lancé un appel à projets innovants. Avec les deux confinements de l’année 2020, les quatre projets sélectionnés n’ont pu être mis en place que depuis début 2021.

« En partenariat avec le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, Ndlr) et Paris La Défense (organisme gestionnaire du quartier d’affaires, Ndlr), quatre projets innovants et connectés ont été retenus afin de mettre en œuvre des solutions innovantes pour fluidifier et sécuriser le trafic de la route du futur », indique le communiqué de presse du Département. Son directeur adjoint des mobilités, Charles Chemama, s’emploie à les présenter directement sur place, en commençant par le plus visible, le projet Flowell du groupe de travaux publics Colas.

« Le projet Flowell, il se situe au niveau de la tour D2 et de la station d’essence Total. C’est de la signalisation dynamique avec des petites dalles incrustées de LED, qui sont raccordées au contrôleur de carrefour à feux et qui fonctionnent en fonction des phases de feux », expose Charles Chemama. Le principe est simple, lorsqu’un cycliste s’avance sur le carrefour de la rue de Strasbourg, une signalisation dynamique s’allume pour permettre aux automobilistes de respecter la distance de sécurité.

Les passages piétons, souvent peu visibles lors des trafics importants, arborent cette même signalisation lumineuse. « En mai ou en juin, nous ferons le deuxième chantier Flowell, qui lui permettra de mieux orienter les gens vers la liaison Médiane », poursuit le directeur adjoint des mobilités du Département.

Le deuxième projet, dit Luciole, entre dans le cadre d’un éclairage public garantissant la réduction de l’impact énergétique et écologique de l’éclaire urbain. « Il se caractérise par la synergie entre un revêtement routier clair aux propriétés photométriques optimisées, et des luminaires LED » précise le communiqué de presse.

Les deux autres projets sont beaucoup plus ambitieux et futuristes. Ils ont « vocation à renforcer notre réflexion, et pourront être appliqués ailleurs », précise ainsi Charles Chemama. L’un deux, nommé « gestion intelligente du trafic » et développé par Citeos, la filiale du groupe Vinci Energies, et la startup Tuss, ambitionne la mise en place « d’un outil de gestion prédictive du trafic via l’intelligence artificielle ».

Ainsi, de nombreuses données (météo, événements, heure de pointe) alimenteront un algorithme permettant de prédire en fonction des événements, une possible congestion du trafic à 15 minutes près et ainsi permettre « au système informatisé de télésurveillance et de régulation du trafic du département (Siter) de prédire des scénarios de feux au lieu de subir le trafic. »

En lançant cet appel à projets, le Département voulait imaginer la route du futur connectée. La dernière solution appelée Sofft V2i est proposée par le groupe Aximum, filiale du leader mondial de la construction et de l’entretien des infrastructures de transport Colas. Des petites unités de bord de route sont installées directement sur le terrain au-dessus des feux.

L’idée c’est que « demain, l’infrastructure dialogue avec le véhicule dit connecté en lui donnant des indications, détaille Charles Chemama. Par exemple, il annoncera au véhicule de rouler à 20 km/h et le feu vert se déclenchera. Pour le coup, c’est une technologie qui est particulièrement nécessaire pour l’arrivée du véhicule autonome dans les prochaines années. »

Du financement, le communiqué de presse du Département indique que ces expérimentations sont soutenues à hauteur de 981 019 euros par le Département et 410 000 euros par la Région Île-de-France, en plus des opérateurs privés qui participent assez fortement selon Charles Chemama.

En fin d’année 2022, un premier bilan sera établi. « Il faudra reconnaître si l’une des initiatives n’est pas concluante », poursuit le directeur adjoint des mobilités du Département. Avec ces quatre projets, le boulevard circulaire de la Défense prend, à n’en pas douter, l’autoroute du futur.

CREDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DEFENSE