Bleus sur le dos, yeux au beurre-noir, contusions sur les poignets, les tibias…Dans la nuit du 23 mars dernier à Clichy, après une soirée arrosée, une femme subit de plein fouet les coups de son conjoint. L’homme, alcoolisé, sous l’emprise de cannabis et de cocaïne, n’hésite pas à la frapper avec le manche d’un couteau de cuisine, avant de menacer de la défenestrer.

Sur place, la police découvre un logement dévasté et au sol, l’occupante de l’appartement recouverte d’hématomes et de plaies au visage. Autant de blessures répertoriées et photographiées, que la présidente du tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre listera sous le regard baissé de leur auteur, jugé le mercredi 5 mai dernier pour violences volontaires sur conjoint. L’homme de 34 ans comparaissait libre, sous contrôle judiciaire.

Son procès, qui devait se tenir fin mars, a été reporté ; le prévenu étant positif au Covid-19 au moment de son arrestation. Alors qu’il aurait dû rester isolé durant plusieurs jours, cela ne l’a pas empêché de s’adonner à des plaisirs festifs. Mais, sous l’effet de certaines substances, l’homme sans antécédents de violences est pris d’accès de colère, dont sa petite-amie a fait les frais ce soir-là. « Elle avait un rendez-vous chez le gynécologue le même jour et à la même heure que l’audience », argue sans trop convaincre le prévenu, pour justifier de l’absence remarquée de la victime dans la salle. « On est toujours ensemble. On a encore pris notre douche tous les deux ce matin », jure l’homme, cherchant à prouver que sa compagne aurait passé l’éponge. « Oui, enfin elle est peut-être toute cabossée à la maison ? », s’inquiète la présidente.Vêtu d’un costume bleu, chaussé de lunettes dorées, l’homme présente des brûlures récentes à la main gauche. Son doigt ainsi que son poignet droit cachés sous d’épais bandages.

Le résultat d’un panaris et d’un bougeoir qui lui serait tombé sur la main, expliquera-t-il à une des assesseurs, intriguée. « La remise en cause personnelle, je ne l’ai pas entendue », soulignera le procureur dans sa plaidoirie, qui requerra dix mois de prison, dont cinq avec sursis. « Les faits sont ce qu’ils sont et je ne les explique pas par la consommation de stupéfiants », déclarera l’avocat du prévenu, peinant à trouver des motifs de clémence.

A l’annonce du jugement – un an de prison avec sursis assorti d’un sursis probatoire de deux ans et une obligation de soigner ses dépendances – l’homme est soulagé. « C’est la bonne décision », s’est-il réjouit. « J’espère à jamais », lui rétorquera, laconique, la présidente.

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