Les aventures en Coupe d’Europe pour les racingmen, qui vivaient samedi dernier à Bristol la troisième finale de leur histoire, ressemblent fort au mythe de Sisyphe. Sitôt arrivés en finale, à 80 minutes d’une première victoire tant espérée, qu’il leur faut revenir au point de départ. L’entame du match, cataclysmique avec 14 points encaissés et quatre pénalités dans les 15 premières minutes, laissait d’emblée envisager le pire. La grosse contre-performance de Teddy Iribaren, le capitaine, n’a pas seulement handicapé l’équipe. Auteur de plusieurs bévues, il a servi sur un plateau plusieurs grosses occasions et deux essais pour Exeter Chiefs.

Laurent Travers a aussi dû faire avec un Finn Russell visiblement tendu. Son coup de pied, souvent magique, n’a pas été dès plus inspiré durant le match, engendrant plusieurs ballons dangereux pour le Racing. Georges-Henri Colombe, bien que pénalisé, Juan Imhoff mais surtout Simon Zebo ont, eux, réalisés individuellement une finale au niveau. 

Les Franciliens ont tout de même montré un visage plus combatif après la première mi-temps, marquée par trois essais contre deux à l’avantage des Chiefs anglais. Mais, la puissance offensive d’Exeter, son rideau défensif et son jeu à l’ancienne, quelque peu déroutant avec ses remises en jeu à la main, se sont montrés trop efficaces, même lorsqu’il semblaient prenables.

Comment ne pas passer à côté de la contre-performance de Teddy Iribaren, qui blessé aux adducteurs, aura tout de même joué une mi-temps entière. Le demi de mêlée, auteur de passes mal assurées et d’une mauvaise lecture du jeu, a tout de même tenu à rester sur le terrain 40 minutes, demandant à Laurent Travers de lui faire confiance alors que l’entraîneur avait dès la 13ème minute envoyé Maxime Machenaud à l’échauffement. 

Exemple type, après un ballon potentiellement dangereux pour Exeter, Jack Nowell dégage en touche d’un coup de pied. Teddy Iribaren, isolé dans sa moitié de terrain, décide de la jouer rapidement mais est vite rattrapé et plaqué par le même Jack Nowell. Sans soutien, il conserve le ballon au sol et est logiquement pénalisé. 

Une voie royale vers l’en-but des racingmen pour les Chiefs, qui après avoir trouvé la touche, ont propulsé d’un puissant maul Luke Cowan-Dickie qui aplatit à la 7ème minute. Joe Simmonds signe sa première transformation du match ; il n’en manquera aucune.

La 12ème minute signe un nouveau cafouillage de Teddy Iribaren, qui pris dans les 5 mètres du Racing, feint de dégager au pied mais sert en fin de compte Finn Russell à l’arrière. Surpris, l’ouvreur jongle avec le ballon, qui tombe au sol. Jonny Hill, qui a déboulé dans l’en-but adverse, fut alors à deux doigt de l’aplatir. 

« Je me suis fait mal aux adducteurs la veille de la finale et évidemment, comme tout compétiteur, j’ai voulu tenir ma place, a expliqué après coup Teddy Iribaren auprès de nos confrères de Rugbyrama. On a tout fait avec le staff médical pour que je puisse jouer la finale mais sincèrement, j’aurais dû être assez lucide et ne pas disputer la rencontre. J’en étais incapable ».

Finn Russell, d’ordinaire véritable chef d’orchestre de l’équipe, n’a lui aussi pas réalisé son meilleur match. Manifestement fébrile, il aura manqué plusieurs de ses coups de pied, censés percer le rideau de fer anglais et a parfois laissé l’amère impression de se débarrasser du ballon. Il aura aussi manqué la transformation du premier essai du Racing en première période ; marqué grâce un brillant Simon Zebo, servi par Finn Russell sur le côté droit à la 19ème minute. 

Les défenseurs d’Exeter ont aussi été pris de court face à Juan Imhoff un peu plus tard. L’ailier, qui remplace à la récupération Teddy Iribaren plaqué sur l’action précédente, choisi de ne pas expulser le ballon. Il perçoit un trou dans la défense des Chiefs et saisit l’occasion pour se faufiler et marquer un essai entre les poteaux. 

Au retour des vestiaires, Simon Zebo marque rapidement son 31ème essai européen, après avoir résisté aux plaquages de Tom O’Flaherty et Stuart Hogg sur le côté gauche. L’ailier avait été servi quelques secondes plus tôt par Finn Russell, qui beaucoup moins avisé, lâche après la remise en jeu une passe mal dirigée et logiquement interceptée par les Chiefs. Henry Slade se couche entre les poteaux après quelques mètres de course. 

Quatre minutes plus tard, le Racing 92 réplique avec un beau ballon porté de Camille Chat, auteur d’un nouvel essai faisant déjà passer cette finale pour la plus prolifique depuis sa création, avec huit essais inscrits au total. La suite de la partie pour les racingmen est à l’image du reste du match, en dents de scie. De belles actions se succèdent mais les hommes de Laurent Travers butent régulièrement dans le fermé et s’enlisent. 

Les dernières minutes de la rencontre sont tendues à l’extrême. Sur une bonne lancée, les joueurs du Plessis-Robinsson enchainent les rucks à quelques mètres de l’essai libérateur, qui leur ferait prendre l’avantage 28 à 32 sur Exeter, qui ne joue plus qu’à 14 après le carton jaune de Tomas Francis à la 71ème minute. 

Antonie Claassen parvient même à quelques centimètres de la ligne mais le ballon est gratté par Exeter, qui plie le match à la 79ème minute grâce une pénalité transformée. Score final 31 à 27. Le Racing devra se relever avant d’affronter le Stade Français, pour la 6ème journée de Top 14, samedi prochain. 

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PHOTO : ILLUSTRATION / HELENE BRASSEUR