Se fournir en livres à la Défense et dans les villes alentours de Puteaux, Courbevoie et Nanterre n’est pas forcément évident. Il y a très peu de librairies de proximité en dehors des deux géants de l’offre culturelle présents dans les centres commerciaux de la Défense, le Cnit et le Westfield Les 4 Temps, la Fnac pour l’un, Cultura pour l’autre.

Pouvoir lire une bande-dessinée, un roman ou un manga demande alors un budget important, chose qui n’est pas à la portée de tous. Pour y remédier, les riverains et les municipalités ont déployé un réseau de boites à livres en libre service sur leur territoire respectif, les passants pouvant y déposer et prendre des livres gratuitement.

À Nanterre, deux associatifs ont monté un projet de librairie indépendante. Elle a ouvert dans le quartier des Provinces françaises le 12 mars dernier. El Ghorba mon amour a pour objectif de créer du lien pour les habitants du quartier avec des rencontres organisées autour du livre qui toucheront autant les étudiants que les habitants des quartiers de Nanterre.

Obtenir et lire des livres quand l’on vit à proximité du quartier d’affaires peut s’avérer coûteux. En dehors des rayons de la Fnac au Cnit et du Cultura du Westfield Les 4 Temps, il existe peu de librairies implantées dans les quartiers des villes limitrophes de la Défense, Puteaux, Courbevoie et Nanterre.

Pour favoriser la lecture, les trois municipalités ont mis depuis cinq ans en place un réseau de librairies urbaines et solidaires auto-alimentées par les riverains, les boites à livres. Le concept est simple, n’importe qui peut, dans cette boite munie de vitres, laisser un ou plusieurs livres et prendre celui ou ceux qui lui semblera intéressant à découvrir ou redécouvrir.

À Nanterre, la librairie El Ghorba mon amour, a ouvert ses portes jeudi 12 mars dernier situé à côté des Provinces Françaises et de la gare SNCF Nanterre Université.

À proximité directe du quartier de la Défense, deux boites à livres ont été installées, l’une d’elle se situe place des Saisons, à Courbevoie « Je viens régulièrement voir si un livre m’intéresse, explique Pierre, la trentaine qui habite dans le quartier. J’ai pu lire une bonne dizaine de livres au total, j’ai même pu découvrir le Rouge et le Noir de Stendhal présent dans la boite à livre ».

De cette petite installation également présente dans le quartier Boieldieu à Puteaux, Irène en est également satisfaite. « J’ai pu me débarrasser de nombreux livres qui prenaient la poussière chez moi, raconte la retraitée. J’ai découvert pas mal de livres déposés par les gens du quartier dans la boite à livre. » Ce procédé permet la circulation gratuite de dizaines de livres entre les usagers des quartiers où sont implantés le dispositif.

À Nanterre, un dispositif similaire a été mis en place il y a quelques années de cela. Au total, cinq boites à livres sont accessibles 24 h sur 24 h dans la communes, et une quinzaine d’autres présentes sur les sites municipaux viennent compléter le réseau de lecture pour les Nanterriens. Car la ville comptait depuis de nombreuses années uniquement une librairie installée dans le centre-ville.

Face à la désertification, et l’envie de créer du lien social autour du livre, Halima M’Birik et Elsa Piacentino ont franchi le cap de l’association à l’entrepreneuriat en créant un projet local de librairie, installée entre les Provinces françaises et la gare Nanterre-Université. À Nanterre, la librairie El Ghorba mon amour, « l’exil » en arabe, en référence aux luttes de l’immigration à Nanterre, a ouvert ses portes jeudi 12 mars dernier.

« Le projet s’est lancé en 2012, explique Halima lors de l’ouverture de la boutique. En tant qu’acteurs associatifs du quartier, on a remarqué qu’il manquait un lieu fédérateur entre les quartiers et l’université ». Dans une optique de création de lien social entre les différents habitants du quartier, les deux jeunes femmes souhaitent que leur « librairie ne soit pas uniquement un point de vente ».

Dans un esprit de proximité avec les Nanterriens, une page de financement participative a même été lancée, rencontrant un franc succès. 9 330 euros ont été récoltés sur les 7 000 euros fixés comme objectif. « Nous allons organiser des soirées, des rencontres, des projections pour que la librairie soit liée au territoire dans lequel on s’inscrit », prévoit aussi Elsa.