À l’initiative de Paris La Défense, l’établissement public aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires, de Yes We Camp et TN+, association et agence en charge de la friche Vive les Groues à Nanterre, habitants, bénévoles et volontaires ont planté plus d’une centaine d’arbres, rassemblés sur les 1 500 m² de la friche.

Ces derniers orneront le onzième quartier de Nanterre dont la livraison est prévue progressivement jusqu’en 2030. Cette initiative avant tout écologique permet ainsi de réduire l’empreinte carbone propre à l’installation de verdure dans les quartiers, mais surtout de créer du lien social autour de la création de ce nouveau quartier.

Sous un ciel gris, une quarantaine de courageux se sont rassemblés au matin du dimanche 1er mars pour planter les arbres de la pépinière du quartier des Groues. La centaine d’arbres constituant l’installation auront pour vocation d’orner le futur quartier de Nanterre, lequel sortira de terre d’ici à 2030.

« C’est pas un truc qui me botte, mais le fait d’être avec des gens je trouve ça marrant », explique Margaux tout en ratissant le sol qui va accueillir les arbres. La Parisienne de 26 ans qui travaille dans la décoration explique qu’elle a été traînée ici par son acolyte, Valentin. De sa présence à l’événement nanterrien, le jeune homme le doit à son intérêt « pour les projets d’agriculture urbaine ».

À ce moment-là, un des superviseurs arrive. « Sur la butte, on est bien avancé, vous avez bien ratissé, dit-il aux deux jardiniers du dimanche. Maintenant, on va faire des trous pour planter les 52 arbres qui seront sur la parcelle. Ça s’organise en quatre rangées de 12 arbres et quatre autres seront plantés en bout de terrain. »

Et le boulot n’est pas fini, car les volontaires présents ce dimanche doivent planter pas moins de 110 arbres sur la friche. Il s’avérera que ce sont en réalité 140 végétaux qui ont été plantés ce matin-là. Un riverain de Courbevoie résidant à deux rues de la friche raconte l’évolution du quartier depuis qu’il s’y est installé, il y a 33 ans de cela, à ceux qui ne connaissent pas la ville.

« Il y a eu une laverie industrielle ici et aussi une casse automobile, c’est pour cela que le sol est pollué », raconte le Courbevoisien retraité avec son accent californien. « Je pouvais voir le quartier d’affaires depuis mon balcon », se souvient-il. « J’adore pouvoir participer à ce genre d’événements, qui se font rares en région parisienne, cela fait vraiment du bien », confesse Sandrine venue jusqu’à la friche depuis Châtillon.

Menée par l’association Yes We Camp et l’agence spécialisée dans les paysages urbains, TN+, la plantation de la pépinière des Groues a pour vocation de faire pousser localement les espèces et les arbres qui orneront le nouveau quartier d’ici à 2030. « On a défini la disposition des arbres en fonction de la date de livraison des arbres dans le quartier, une fois construit, et de la place qui restera à la friche Vive les Groues », détaille Oscar Landais, paysagiste pour Yes We Camp.

Alors que certains des volontaires dégustaient une pizza « faite maison » cuite dans un four fabriqué par un des membres de Yes We Camp, d’autres se sont réchauffés dans le salon de Vive Les Groues.

La genèse de ce projet remonte à 2017, date à laquelle « nous avons récupéré 3 000 m³ de terres acheminées ici depuis Cergy suite au terrassement d’une ancienne ferme, détaille Oscar Landais. Cette terre saine a permis de créer un environnement sur lequel les arbres pourront pousser tranquillement sans être impactés par la pollution des sols : « Il a fallu mettre de la terre saine, dans ce cas 1,20 m [de profondeur] de sol que l’on cultive, dont 30 cm de sol tampon qui ne bouge pas ».

Des variétés d’arbres plantées dans la pépinière, le paysagiste explique qu’elles ont été définies « en concertation avec les maîtrises d’oeuvres [des futurs lots qui seront construits sur les Groues, Ndlr] ». Le but premier était « d’enrichir la palette végétale avec des variétés locales, plus résilientes et qui correspondent aux exigences du changement climatique, c’est-à-dire moins susceptibles de faire de stress hydriques ».

Ainsi, des « érables champêtres, des acovas, des noisetiers, des chênes roburs et pubescents ou encore des merisiers » sont les espèces parmi tant d’autres qui orneront les Groues. L’intérêt de l’opération réside dans la réduction de l’empreinte carbone provoquée par une opération de plantation classique. « Nous avons récupéré des arbres jeunes, moins volumineux, et il n’y aura qu’à la déplacer de quelques dizaines de mètres une fois le lot construit, ce sont des gros camions en moins », détaille Oscar Landais.

L’irruption de la pluie en fin de matinée n’a pas entamé le moral des troupes. Alors que certains des volontaires dégustaient une pizza « faite maison » cuite dans un four fabriqué par un des membres de Yes We Camp, d’autres se sont réchauffés dans le salon de Vive Les Groues.

Marie-Célie Guillaume, directrice générale de Paris La Défense, et le maire de Nanterre, Patrick Jarry (DVG) sont venus féliciter les participants. De l’installation de cette pépinière, la directrice générale de Paris La Défense estime que cela «  a une valeur symbolique très forte, car cela permet d’associer les habitants, les utilisateurs, ceux qui fréquentent le site, de tisser cette relation très forte » tout en rappelant l’aspect « expérimental » de cette démarche.

Le maire de Nanterre, a lui tenu à rappeler à quel point l’émergence des Groues est un « défi difficile ». Car ce quartier « était totalement isolé par des voies ferrées […] et que pour le connecter à la ville et aux habitants, il fallait que ce quartier émerge progressivement de terre à l’aide d’hommes et de femmes, était une chose essentielle », rappelle Patrick Jarry.

« Nous avons finalement planté 140 arbres aujourd’hui », comptabilise en début d’après-midi Dickel Bokoum, coordinatrice du projet pour Yes We Camp, qui rappelle que « cette initiative démontre que nous pouvons faire de la ville un lieu de vie autour de valeurs simples comme le jardinage, le bricolage ou encore l’écologie. » D’ici à 2030, 288 000 m² de logements et 210 500 m² de bureaux seront construits.