Un jeune homme a été violemment roué de coups et volé, à son domicile de Neuilly-sur-Seine en octobre 2017. Malgré ses blessures, il n’a jamais collaboré avec la police durant l’enquête. Mercredi 26 février, l’un de ses agresseurs présumés était tout de même dans le box des accusés au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre.

C’est un dossier aussi étonnant que flou qui a été audiencé mercredi 26 février dernier à Nanterre. Dans cette affaire de vol avec violences survenue à Neuilly-sur-Seine, la jeune victime n’a en effet pas collaboré avec les enquêteurs qui a force d’acharnement ont tout de même réussi à interpeller un suspect. C’est ce dernier, qui niait les faits en bloc, qui était jugé.

Les faits se déroulent en octobre 2017, dans la rue du général Delanne à Neuilly-sur-Seine. Une gardienne d’immeuble prévient la police alors qu’elle entend les cris d’un jeune locataire de l’immeuble qui appelle à l’aide. Si les forces de l’ordre arrivent trop tard sur les lieux, des témoins voient un petit groupe de quatre hommes athlétiques cagoulés quitter le bâtiment à bord d’une voiture qui les attendait là.

La victime, un jeune étudiant en école de commerce est victime de « nombreux coups de pied et de poing sur tout le corps », explique la magistrate. En plus, son appartement « semble avoir été entièrement fouillé, poursuit-elle. Il y a aussi beaucoup de traces de sang. » Le jeune homme, en plus de se voir prescrire sept jours d’incapacité temporaire de travail (ITT), explique avoir été délesté de deux sacs de luxe et d’un ordinateur portable Apple. Un autre ordinateur du même type a d’ailleurs été brisé lors de l’agression.

Mais le jeune homme a étonné par son attitude tout au long de la procédure, qui a tout de même duré deux ans. Il a ignoré tous les appels des enquêteurs qui lui demandaient de plus amples informations après les faits. Aussi, il n’a jamais fait de demande de dédommagement ni fait appel à un avocat jusqu’à l’avant-veille du procès. Là, il a alors demandé 3 000 euros de dommages-intérêts sans justification.

En 2017, le jeune est étudiant en 2ème année dans une école de commerce parisienne. Il est interrogé une seule et unique fois par les enquêteurs et leur explique alors qu’il évolue dans le milieu du rap et espère devenir un jour producteur de musique trap. Il est interrogé sur sa consommation de cannabis. Un témoin assure en effet qu’une forte odeur ressort régulièrement de son appartement et près de 3 000 euros de drogue ont été retrouvés dans sa cave. « Quand on est dans ce milieu, c’est évident qu’on touche à la drogue », explique ainsi ce consommateur très régulier.

Son père et sa mère, qui subviennent largement à ses besoins, estiment de leur côté qu’il a « de mauvaises fréquentations dans le milieu des rappeurs ». Mais le jeune homme ne dira rien de son agression et surtout de ce qui aurait pu pousser les quatre malfrats à attendre devant chez lui pour le voler et le frapper.

Ce sont finalement des traces ADN, retrouvées sur des bouts de ruban adhésif découverts par terre et sur l’œilleton de la porte de la gardienne, qui permettent d’arrêter un suspect. Très grand, il correspond à la description faite d’un des agresseurs par un témoin. « C’était une montagne », expliquait-il. Le tribunal semble ainsi certain de tenir un des coupables, bien que son téléphone ne bornait pas sur les lieux au moment des faits.

Mais le prévenu dans le box nie avoir participé à cette expédition punitive. Son avocate s’emporte d’ailleurs contre le procureur qui vient de requérir trois ans d’emprisonnement. Elle pointe d’abord du doigt le « rapprochement ADN, qui n’est pas une identification ». D’ajouter de son casier judiciaire, « c’est le roi de la conduite sans permis, c’est le roi du trafic de stupéfiants, c’est vrai. Mais on ne se base pas sur la taille pour envoyer quelqu’un trois ans en prison. »

Demandant au tribunal de « juger avec justice et justesse », l’avocate finit sa plaidoirie en estimant qu’il « n’y a pas assez d’éléments pour entrer en voie de condamnation ». Cependant, le tribunal condamne le prévenu de 30 ans à un an de prison ferme puisqu’il n’a pu donner « aucune explication cohérente à la présence de [son] ADN sur les deux bouts de scotch ». Il devra aussi dédommager la victime à hauteur de 500 euros.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE