La préfecture de police de Paris a décrété la mutualisation de plusieurs commissariats en Ile-de-France. Les Hauts-de-Seine ne sont pas épargnés et à la Défense, celui de Puteaux devrait se rapprocher du commissariat sur l’esplanade. L’annonce n’a pas été bien accueillie par la municipalité. Les syndicats, cependant, se montrent bien plus ouverts, même si des zones d’ombre subsistent.

« Les mutualisations de commissariats, ça ne date pas d’hier, assure Emmanuel Quemener du syndicat Alliance police nationale. Ça se fait déjà en grande couronne, et même en petite couronne. » Le secrétaire régional du syndicat explique que cette mutualisation entre Puteaux et le commissariat de la Défense ne sera « qu’une expérimentation ». Aussi, la décision avait été prise à cause d’effectifs trop peu importants, qui ne permettaient pas de mener un travail efficace.

La nouvelle a, quant à elle, été accueillie très froidement par la ville de Puteaux en juin dernier. La maire Joëlle Ceccaldi-Raynaud (LR) s’était d’ailleurs fendue d’un tweet dans lequel elle accusait le gouvernement de continuer « la destruction des services publics de proximité ». Elle le pointait du doigt en assurant qu’il souhaitait « transformer le commissariat de Puteaux en simple guichet administratif ».

« Les collègues de Puteaux n’étant pas assez nombreux la nuit, on en était rendu à faire du gardiennage, à garder les locaux et ne plus pouvoir équiper de véhicule, témoigne Emmanuel Quemener. La mission de la police quand même, c’est de pouvoir assurer la sécurité des personnes. Et si les fonctionnaires ne peuvent plus sortir, ça perd un peu de son efficacité. »

Emmanuel Quemener a tout de même tenu à rassurer la population : « Le commissariat reste ouvert en journée, c’est uniquement la nuit où on mutualise les effectifs. » Répondant aussi à diverses critiques des détracteurs de cette future mesure, le policier souligne « très peu de personnes déposent plainte la nuit », et poursuit : « Et si le commissariat est fermé la nuit, ils peuvent toujours venir le lendemain matin à 8 h ou faire 2 km de plus pour aller à la Défense, ce n’est pas le bout du monde. »

« On a quand même une grosse présence de la police municipale qui vient pallier quelque part l’absence de policiers nationaux », indique à son tour Pierre-Yves Coz, de l’Union syndicale des syndicats autonomes (UNSA) police. « On est quand même plutôt du genre à vouloir préserver à tout prix un maximum de commissariats de proximité pour des raisons d’accueil du public, regrette-t-il cependant. Après, on aura toujours un accueil à Puteaux et des infrastructures qui ont été rénovées à la Défense. »

Pour les policiers eux-mêmes, ces pratiques devraient changer leurs habitudes de travail, pour le mieux selon les syndicats. Déjà, les deux commissariats sont relativement proches géographiquement, explique Pierre-Yves Coz qui ajoute que des élèves en école de police devraient être affectés prochainement.

« Il y a certains effectifs qui sont très attachés à Puteaux et qui ne vont peut-être pas vouloir aller à la Défense », imagine le représentant syndical. « Au lieu de rester bloqués, ils vont enfin pouvoir sortir et patrouiller. Ils étaient demandeurs, assure de son côté Emmanuel Quemener. Et la sécurité est accrue pour les riverains puisque la police sera dans la rue. »

Pour l’heure, la date de début de cette mutualisation voulue par la préfecture, qui n’a pas pu répondre à La Gazette avant l’écriture de cet article, n’est pas encore fixée, selon les représentants des deux syndicats policiers. Dans les Hauts-de-Seine, il est possible que d’autres commissariats fassent l’objet d’une mutualisation, pense Emmanuel Quemener.

« Il y a forcément des rumeurs. Quand il y a une première modification, souvent, elle en appelle d’autres, explique-t-il. Si l’expérimentation n’est pas favorable, elle sera abandonnée. Alors, attendons de voir cette expérimentation et voyons si elle est bénéfique ou pas. » La mutualisation, qui devrait débuter « dans les prochaines semaines » devrait durer environ six mois dans un premier temps.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE