Transformer un échangeur routier en jardin suspendu n’est pas chose facile. L’établissement public aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires, Paris La Défense, en a fait l’illustration mercredi 18 septembre lors d’une visite autour du chantier de la Rose de Cherbourg organisée à l’occasion de l’Urban week. L’ancienne voie rapide, côté Puteaux, sera transformée en jardin.

Mais son aménagement n’est pas si simple. Les équipes d’urbanistes et de jardiniers de Paris La Défense doivent mener de nombreux tests sur les dallages pour choisir le plus pratique à l’usage, tout en restant esthétique et en prenant en compte les spécificités du quartier. La problématique des plantes choisies pour arborer les lieux est aussi au centre des préoccupations.

« La composition prend en compte les contraintes du site: trafic routier et flux piétons, voies ferrées enterrées, réseaux », qui émaillent l’ancien échangeur encerclant la future tour Hekla, et la résidence étudiante déjà sortie de terre, commente Raphaëlle Fenet, cheffe des projets urbains à Paris La Défense. En plus d’un réseau de télécommunications qui passe juste sous la résidence étudiante, un réseau de voies ferrées sort de terre à quelques dizaines de mètres, circulent quotidiennement les trains reliant la Défense à Puteaux.

« L’échangeur n’a pas été construit à l’origine pour supporter une promenade végétalisée, explique la cheffe des projets urbains à propos de la Rose de Cherbourg. Positionner des espaces verts dessus modifie les sollicitations prévues à l’époque. » La transformation de la voie rapide donne donc du fil à retordre aux aménageurs, qui doivent limiter le poids des dallages, mais aussi des espaces verts.

Face à la future tour Hekla et à la résidence étudiante Campuséa Rose de Cherbourg, Paris La Défense teste ainsi différents revêtements de sol en bétons clairs ou foncés, en sable, constitués de graviers ou de pavés. Ces finitions sont ainsi mises à l’épreuve des passants, premiers testeurs, bien souvent sans le savoir, de ce qui composera peut-être le futur jardin.

La transformation de la voie rapide donne du fil à retordre aux aménageurs, qui doivent limiter le poids des dallages, mais aussi des espaces verts.

Déjà, les équipes de l’organisme savent que les bandes de cailloux blancs « utiles pour gérer les eaux pluviales » ne seront pas retenues. « Leur fonction a été détournée sur un autre projet, des gens s’en servaient comme projectiles contre les immeubles plus loin », souligne Raphaëlle Fenet. Si rien n’est encore défini, elle indique que les revêtements trop lisses n’ont pas la préférence des équipes de Paris La Défense.

« Ils se salissent plus vite et sont plus glissants », explique-t-elle. Différents petits pavés entourés d’herbes ont aussi montré leurs limites. « Avec l’été, l’aménagement a souffert », concède la responsable devant les petites bandes pavées entourées d’herbes grillées par la chaleur des canicules. « Ça ne fait pas très propre », constate l’une des personnes venue pour la visite. Le reste du groupe ne peut qu’acquiescer.

L’herbe entourant les pavés aurait en effet dû être arrosée et taillée, un travail qui demanderait trop de présence et de minutie. Si les choix ne sont pas encore arrêtés, les futurs promeneurs de la Rose de Cherbourg ne marcheront probablement pas sur ces petits pavés. Dans le même temps, des dallages aux teintes ocres sont testés face à la résidence étudiante.

« On a regardé où on pouvait planter, et partout où on pouvait, on a mis des plantations », détaille-t-elle. Un aménagement qui paraît simple, mais qui demande pourtant un travail minutieux des urbanistes et des jardiniers : « On ne peut pas mettre plus de 40 cm de terre. » Ces spécialistes doivent donc se tourner « vers des plantes adaptées », bosquets ou arbres spécifiques qui répondent à ces exigences.

Les plantes grimpantes, qui ne nécessitent qu’une faible épaisseur de substrat, vont aussi être privilégiées sur la partie sud de la Rose de Cherbourg, à en croire les images qui illustrent le futur projet que Raphaëlle Fenet présente tour à tour sur des plaquettes. Toute cette partie de l’ancien échangeur devrait en effet être abritée par ce genre de plantes, installées sur des tuteurs arrondis entourant toute la largeur de la promenade. Il faudra attendre quelques années pour pouvoir se balader à l’ombre des jardins de la Rose de Cherbourg : le chantier devrait continuer jusqu’en 2022.