Pour cette première distribution de protections menstruelles aux étudiantes de l’université, elles avaient prévu une centaine de cups, plus de 1 000 serviettes réutilisables et 7 000 serviettes jetables offertes mercredi, jeudi et vendredi derniers sur présentation de la carte d’étudiant. Ce type d’initiatives visant à lutter contre le coût des règles, encore peu communes dans les universités françaises, constituerait à Nanterre une première française par la volonté d’y mêler pleinement l’écologie.

Les étudiantes croisées décrivent l’achat de protections menstruelles comme un coût non négligeable, se sont ruées sur les protections réutilisables, bien au-delà des prévisions des organisatrices. Les responsables de l’université à l’origine du projet, aux côtés de celles du collectif intersectionnel tout juste constitué en association officielle, espèrent que ce succès contribuera à ce que les règles ne soient plus un tabou, mais aussi à la prise en compte de leurs conséquences financières pour les femmes.

Mercredi 18 septembre, le lancement de la distribution a été fait à l’événement le plus couru de la rentrée à l’université Paris-Nanterre : la crémaillère de la Maison de l’étudiant. « On a été le stand le plus convoité, ça a suscité un vrai intérêt ! », se félicite vendredi dernier Maïlys Derenemesnil, avec sa double casquette de cheffe du service Responsabilité sociétale et développement durable (RSE-DD), mais aussi de chargée de mission sur l’égalité femmes – hommes.

« Le domaine des protections périodiques est à la confluence de tout un tas de fonctionnements », résume ce jeudi matin-là Pauline Chycki, responsable du pôle transition écologique de l’université.

Ce jour-là, un millier d’étudiantes se pressent pour demander, à une large majorité, des cups et des serviettes réutilisables. Ces dernières ont été privilégiées, aux côtés des serviettes jetables, pour cette opération représentant un budget de 5 000 euros environ. Les cups, des coupelles de silicone recueillant les règles, sont ainsi en rupture dès le mercredi soir, mais « elles présentent des contraintes car on n’est pas équipé à la fac », faute de lavabos et d’une hygiène parfaite dans les toilettes de l’université.

« Le domaine des protections périodiques est à la confluence de tout un tas de fonctionnements », résume ce jeudi matin-là Pauline Chycki, responsable du pôle transition écologique de l’université. « Nous avons choisi des serviettes jetables sans colorant, parfum ou allergène, qui ont des labels bons pour l’environnement, et privilégié des serviettes réutilisables fabriquées en France, qui répondent aux normes du spectre de la responsabilité sociétale », détaille-t-elle des produits distribués.

« C’est très concret ! On l’a fait pour lutter contre la précarité menstruelle, rendre disponibles des protections éco-responsables, qui sont plus chères, et aussi pour briser le tabou », indique pour sa part Julia, 20 ans, en 3e année de philosophie. Présidente du collectif féministe intersectionnel de la fac, né en 2018, désormais constitué en association d’une quinzaine de membres, elle a pu se charger des aspects opérationnels du projet au printemps dernier, par l’intermédiaire d’un stage au sein du service RSE-DD.

« Chez les étudiantes, ça peut aboutir à un choix entre déjeuner et acheter sa protection, c’est aussi une charge mentale de devoir s’en procurer, on est parfois prise de court en arrivant à l’université et il n’y a pas de distributeurs, analyse-t-elle de la notion de précarité menstruelle. Ce n’est pas qu’une charge économique, et l’aspect tabou est important à ce niveau, le lever enlève un poids psychologique. » Jeudi dernier, elle poursuit la distribution dans un bâtiment excentré de la fac, qui a annoncé l’opération sur les réseaux sociaux et envoyé un courriel aux 34 000 étudiants (dont 18 000 étudiantes, Ndlr).

Jeudi dernier, la distribution s’est poursuivie dans un bâtiment excentré de la fac, qui avait annoncé l’opération sur internet et envoyé un courriel aux 34 000 étudiants (dont 18 000 étudiantes, Ndlr).

Les étudiantes y défilent pendant une heure, avec pour beaucoup le souhait d’essayer des serviettes réutilisables, face au coût des protections menstruelles. « En fait, ça dépend des règles de chacune, celles qui ont un flux excessif, ça va leur coûter très cher, fait ainsi remarquer Alix, étudiante en première année d’histoire de l’art et archéologie. C’est très cher aussi si on fait attention à acheter des protections hypoallergéniques, recyclables ou lavables. »

« C’est un ou deux paquets par mois, ça revient entre 5 et 10 euros, multipliés par 12 pour des flux classiques. Dans une vie, c’est quand même énorme !, confirme Louna, 21 ans, en 3e année de lettres modernes. Aussi, une serviette [jetable], un tampon, on en change trois ou quatre fois dans la journée et ça pollue énormément. »

« C’est une occasion car je n’en vois pas dans le commerce classique, […] ce n’est que sur internet, personnellement, je n’avais jamais vu à quoi ça ressemblait », poursuit cette utilisatrice de cup, qui a profité de cette distribution pour tester la serviette lavable. « Je vais l’utiliser pour le week-end, et si je vois que ça marche bien, j’en achèterai d’autres », ajoute à ses côtés Betty, 20 ans, elle aussi en lettres modernes.

« Il n’est pas impossible qu’on reconduise la semaine prochaine, on les mettra à disposition dans le service médical, et on va travailler avec l’épicerie sociale et solidaire », indiquait vendredi Maïlys Derenemesnil à propos des serviettes jetables restantes. La cheffe du service RSE-DD envisage de nouvelles distributions de protections réutilisables dès cette année. Mais elle compte aussi poser la question d’une future mise en place de distributeurs (l’université Rennes 2 en a d’ailleurs installé cette rentrée dans le cadre de son budget participatif, Ndlr).