La rentrée arrive à grands pas pour les milliers d’étudiants de l’université Paris-Nanterre. Pourtant, certains d’entre eux, souvent les moins aisés financièrement, n’ont toujours pas trouvé de logement pour pouvoir commencer l’année sereinement le 9 septembre prochain. Les places au Centre régional des œuvres universitaires et scolaires, plus communément appelé Crous, ne sont en effet pas assez nombreuses.

Alors que l’université accueille chaque année plus de 30 000 étudiants, le Crous le plus proche, situé sur le campus, ne dispose que de 1 132 studios répartis dans cinq immeubles (dont neuf logements sont accessibles aux étudiants en situation de handicap, Ndlr). Un nombre qui n’est pas appelé à progresser dans les années à venir, déplore le seul syndicat étudiant du campus.

« C’est la même chose chaque année », atteste Imane Ouelhadj, secrétaire générale de l’Union nationale des étudiants de France (Unef), d’ailleurs elle-même confrontée à ces difficultés : elle habite à une heure de la faculté faute de logement universitaire. Les étudiants doivent en assumer les conséquences « tout au long de l’année », quitte à mettre en péril leur scolarité en devant habiter particulièrement loin de la faculté faute de moyens, déplore-t-elle.

Pour d’autres, le coût des loyers de locations traditionnelles est même synonyme d’abandon pur et simple. Eve-Line, jeune étudiante de 17 ans originaire de Champagne-Ardennes, est tout juste lauréate d’un baccalauréat en section littéraire. Elle a été acceptée en licence de psychologie à l’université Paris-Nanterre avant même les résultats du bac, grâce à un bon dossier. Pourtant, à la rentrée, c’est à la faculté de Reims qu’elle étudiera, dans un cursus de lettres classiques.

Comme de nombreux autres élèves, elle n’a en effet pas réussi à avoir de place en logement du Crous. Après un premier refus, la jeune étudiante s’est orientée vers « une recherche de colocation avec une amie », mais en vain à cause d’un budget trop restreint. En logement Crous, « le loyer était de 250 euros », indique celle qui ne pouvait pas dépenser plus de 300 euros pour se loger.

Même son de cloche pour Chiara, originaire de l’Aube. Elle redouble sa première année d’anglais à Nanterre, « meilleure fac » que celle de Reims où elle était inscrite l’année dernière. Malgré une demande « à la mi-juin dès l’ouverture du Crous », elle n’a toujours aucune proposition de logement pour la rentrée du 9 septembre.

Ces deux étudiantes ne seraient pas des cas isolés d’après l’Unef, dont la secrétaire générale affirme avoir reçu tout l’été plusieurs centaines de témoignages « d’étudiants mal orientés, sans logements ou boursiers ». Eve-Line, qui veut devenir pédopsychologue, s’apprête en conséquence à intégrer un cursus qui la « passionne moins » et voit son rêve s’éloigner. « Si ça me plaît je ferai prof, sinon je me réorienterai », explique-t-elle, amère.

Chiara, elle, ne compte pas abandonner son objectif d’étudier à Nanterre. « J’habite dans l’Aube, je mettrai 1 h 30 à venir tous les matins », indique-t-elle, tout en continuant à chercher quotidiennement une place au Crous de Paris, sans grand espoir. Comme d’autres, elle semble seule face aux problèmes administratifs auxquels le Crous ne répondrait que rarement.

« Les assistantes sociales du Crous sont débordées », assure Imane Ouelhadj. Le problème ne serait pas en passe de s’arranger. « Aucun nouveau Crous ne verra le jour dans le 92, regrette la secrétaire générale de l’Unef. En région parisienne, de nouveaux logements vont être ouverts pour le nouveau campus d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), mais ils seront plutôt destinés aux doctorants. »

« Il n’y a plus aucune place libre sur le site messervices.etudiantsgouv.fr », assure Imane Ouelhadj. Pour tenter d’aider les étudiants, l’Unef les renvoie maintenant vers le site coopcoloc.fr, qui propose des colocations à petits prix à Paris et ses alentours : « Mais les offres partent très vite, la demande est extrêmement forte dans la région. » Comme les nombreux étudiants sans logement à quelques jours de la rentrée, et alors que la pré-rentrée a débuté lundi 2 septembre, La Gazette n’a pas réussi à joindre les services du Crous de Nanterre.