Une petite cinquantaine de futurs riverains venus de Nanterre, de la Garenne-Colombes et de Colombes ont répondu à l’invitation de l’Agora et de la mairie pour une soirée qui lançait le coup d’envoi de la programmation estivale sur le terrain de Vive les groues, jeudi 4 juillet de 18 à 22 h. Au programme, bières artisanales, parties de badminton et surtout une émission de radio de Radio agora, en présence du maire. Pour ce dernier, il faut penser la construction de ce futur quartier différemment, pour ne pas réitérer les erreurs commises dans les années 1960 avec le quartier Picasso.

« Dans les quartiers qui se créent complètement, il y a plus d’échecs que de réussites », introduit sombrement Patrick Jarry face à la trentaine de citoyens présents pour écouter l’émission de radio en direct. « Il ne faut pas laisser les nouveaux quartiers aux urbanistes, élus et promoteurs », poursuit l’édile de Nanterre. « Il faut partager la création de ce quartier », assure le maire des Groues, censé accueillir plus de 12 000 habitants sur ses 65 ha d’ici 2030.

« Sans commencer par tout démolir comme dans le quartier Picasso, où ils ont tout cassé », poursuit-il, assurant que c’est la recette assurée «  pour que le quartier dysfonctionne ». Dans la foule, de nombreux curieux se montrent d’accord avec cette analyse. « Picasso a été un échec : le quartier a été construit sans penser aux écoles ou au vivre-ensemble, le résultat, on le connaît et il est pas brillant », approuve Sonia, Nanterrienne d’une quarantaine d’années.

Patrick Jarry, le maire de Nanterre, le martèle : « On veut faire différemment pour la construction du quartier des Groues ».

À l’occasion de l’appel à manifestations d’intérêt, une vingtaine de prétendants s’étaient présentés. BNP Paripas et Marignan ont remporté la main en 2016 en proposant de « préfigurer » le quartier. Pour ce faire, ils ont fait appel à Yes we camp, société spécialisée dans l’organisation transitoire de friches industrielles, en attendant que les futurs immeubles du quartier soient construits.

« Le but est de créer une identité», explique Philippe Uzzan, qui accompagne le groupement BNP Marignan en qualité de conseil depuis 2016. « Tout le monde est gagnant : la ville, de son côté, améliore son foncier, et les riverains se sentent intégrés au projet : ça devient un peu plus leur quartier », poursuit le conseiller.

Dans la grande friche de 9 000 m², Dickel Bokoum, chargée de projet de Yes we camp présente depuis trois ans, croit fort en ce projet. « On se considère comme des nomades, on défend l’idée que ces opérations-là donnent de la valeur au terrain, assure-t-elle. La préfiguration du quartier, c’est favoriser la naissance d’une communauté. »

« On essaye de favoriser le site et de le rendre accessible à tous », commente-t-elle des chantiers participatifs mis en place tous les vendredis et samedis avec le chef d’atelier de la structure. Hormis ces travaux, plusieurs activités de détente sont proposées, tous les vendredis de 18 h à 22 h, et les samedis de 14 à 22 h : buvette, barbecue en libre-accès et autres espaces de détente pour profiter du soleil. Sur place, plusieurs riverains, dont Marc, qui habite à quelques rues de là, promettent « d’être de la partie ».