« Un esprit sain dans un corps sain. » Si le poète romain Juvénal avait bien compris l’importance de l’activité physique sur le mental des hommes, les entreprises, elles aussi, suivent désormais cet adage en incorporant de plus en plus de sport dans leurs stratégies managériales. Aujourd’hui, de nombreuses jeunes pousses misent d’ailleurs sur cet aspect pour vendre services et produits aux grandes entreprises, à l’instar de Move your buddy et de son application visant à renforcer la cohésion.

« Développer le sport au sein de l’entreprise lui apporte évidemment des bénéfices, commente Frédéric Delannoy, directeur technique national à la Fédération française du sport d’entreprise (FFSE), fédération multisports affiliée au Comité national olympique et sportif français et agréée par le ministère chargé des Sports, contacté la semaine dernière. Toutes les études montrent qu’il y a un retour sur investissement pour une entreprise qui investit dans les activités sportives. »

Initialement introduit par des patrons eux-mêmes férus d’exercice physique, le sport d’entreprise est désormais considéré comme une nécessité au-delà du seul bien-être des salariés, procurant un avantage compétitif en termes de résultats économiques. Le directeur technique national évoque plusieurs études sur le sujet réalisées ces dernières années.

Toutes montreraient en effet l’impact positif du sport sur la productivité des entreprises, à l’instar de l’étude confiée au bureau d’études Goodwill-management, commanditée par le Comité olympique et le Medef avec le soutien de l’assureur AG2R la mondiale, réalisée en 2015. Celle-ci soutient ainsi que le sport apporterait de 6 à 9 % de gain de productivité en plus pour l’entreprise, améliorerait de 4 à 14 % sa rentabilité, et réduirait l’absentéisme.

La FFSE a pour objectif de développer les pratiques d’activités physiques ou sportives adaptées, dans le cadre comme autour de l’entreprise, au bénéfice de la santé, du bien-être et de l’intégration de tous les salariés… ainsi qu’au service de l’efficacité et de la performance des entreprises. « Un salarié qui fait une activité sportive va forcément aller mieux, puisque le sport est salutaire pour la santé, donc s’il va mieux, il va aller mieux dans son travail », explique Frédéric Delannoy. « Si les travailleurs sont mieux préparés aux exercices physiques, par exemple dans le domaine du bâtiment, ils vont moins se blesser, et seront moins absents », poursuit-il des métiers manuels.

Pour le directeur technique national, le sport est aussi un bon levier de communication interne. « C’est peut-être tarte à la crème, mais le sport crée de la cohésion d’équipe, lorsque les objectifs managériaux sont bien définis », indique-t-il. La FFSE propose d’ailleurs d’utiliser l’activité sportive pour accompagner les politiques managériales dans le cadre des « conduites de changement ».

Guillaume Quaetaers, co-fondateur et CEO de Move your buddy, une application mobile destinée à l’organisation d’événements sportifs en entreprise, a ainsi décidé de miser sur la cohésion interne apportée par l’activité sportive entre salariés. « C’est un fait établi, si vous pratiquez une activité sportive avec quelqu’un, il se crée un lien, et ça permet de mieux collaborer avec cette personne », estime-t-il.

Sa solution ? Décloisonner les différents services d’une entreprise avec des activités sportives, pour fédérer. « Il y a deux ans une grande entreprise Française déménageait de la Défense à Saint-Ouen, donne-t-il en exemple. C’était le 6e déménagement en sept ans, et ils passaient en flex office (organisation sans bureau fixe, Ndlr). Le directeur de la qualité de vie a fait appel à nous pour mettre en place des activités sportives, optimiser ce changement, et le rendre plus positif. »

« Le sport permet aussi de mieux accueillir les nouveaux arrivants qui ont besoin de se faire un réseau rapidement », expose Guillaume Quaetaers. Mais selon le jeune patron, l’activité sportive peut également être un facteur d’attractivité dans le cadre de leurs recrutements. « Les grands groupes attiraient naturellement les talents il y a 15 ans, mais maintenant, ils sont en concurrence avec les jeunes start-up », analyse-t-il.

« Ils ont de plus en plus de difficultés à attirer les talents, et je pense que de montrer qu’il peut y avoir une bonne cohésion grâce aux activités sportives, ça se verra forcément à l’extérieur », conclut-il. La jeune pousse, dont le siège est à Biarritz, travaille actuellement dans le quartier d’affaires avec Vinci et Enedis (gestionnaire du réseau électrique, Ndlr).

« L’aspect qualité de vie au travail était important pour eux », commente Guillaume Quaetaers du contrat décroché avec Vinci, géant du BTP. « 41 % des travailleurs se lèvent le matin pour pouvoir se sociabiliser avec leurs collègues, chiffre-t-il. Donc faire en sorte que tout le monde s’entende bien, c’est essentiel, et le sport amène ça. »