Après près de dix ans de combines, la disgrâce. Depuis mercredi 12 juin, un procès hors-norme a lieu au tribunal correctionnel de Nanterre. Il met en lumière les agissements de « Monsieur enveloppe », un cadre de la direction achat d’EDF qui aurait profité pendant une décennie de sa position pour exiger des largesses de la part d’au moins 37 entreprises. Le cadre corrompu aurait pu continuer à passer incognito, s’il ne s’était pas fait rattraper par sa gourmandise débordante, rapporte le Parisien.

Ce cadre de la Défense, affecté à la direction des achats du producteur et fournisseur d’électricité, avait officiellement bonne réputation. « Il n’avait pas du tout la réputation d’un corrompu, se souvient un ancien collègue lors du procès. Au contraire, il a longtemps été considéré comme un bon acheteur qui remplissait parfaitement ses objectifs. »

Il cachait pourtant une face sombre : il n’hésitait pas, pour favoriser certaines sociétés, à communiquer les tarifs des entreprises concurrentes ou aidait carrément à la rédaction des documents d’appels d’offres.

En échange de ses services, et informations, il aurait, entre 2002 et 2012, reçu près d’un million d’euros en liquide et en cadeaux. C’est finalement par l’une des PME qu’il avait « aidé » qu’interviendra sa chute.

Auprès de la Luçonnaise de Montage, une PME familiale spécialisée dans la maintenance de machines, il permet d’obtenir le marché d’entretien des broyeurs de la centrale thermique du Havre. De cette entreprise dont le chiffre d’affaires dépendait à 84 % d’EDF, Christian M. a obtenu, dès 1997, des locations de vacances à la Tranche-sur-Mer et en Espagne, un camescope, un appareil photo, un barbecue d’une valeur de 800 € ou encore un vérin pour le portail de son pavillon. La PME financera même les études d’ingénieur du fils aîné à hauteur de 19 000 €.

En 2010, il réclame à cette entreprise, à qui il demandait avant de « petites enveloppes », la coquette somme de 70 000 euros, « pour près de dix ans de services rendus ». La demande de trop, pour le directeur de cette PME familiale, qui est allé le dénoncer auprès des forces de l’ordre. En tout, 37 entreprises comparaissent aux côtés du cadre jusqu’au 12 juillet pour cette vaste affaire de corruption.