Fin mai, la présidente de la Région, Valérie Pécresse, suspendait toutes ses subventions au projet Eole de prolongation du RER E en guise d’ultimatum posé au groupe Vinci, suite au déversement de substances grises identifiées comme du béton par les gardes-pêches l’ayant découvert en mars, comme par les policiers appelés pour constater la pollution ensuite révélée en avril sur Europe 1.

Il y a quelques jours, le groupe de BTP a envoyé un communiqué où il dément tout déversement de béton. Il met désormais en avant le fait que les « eaux grises » déversées par la centrale à béton Jules Quentin, située sur l’avenue du même nom à Nanterre et exclusivement utilisée par le groupement E-def chargé du chantier Eole, ne contenaient aucun béton. Il s’engage à remettre la berge souillée en état.

« Après une enquête interne approfondie, Vinci peut aujourd’hui apporter des réponses factuelles aux différentes interrogations soulevées », assure le géant de la construction. Le siège de sa filiale Construction terrassement se situe d’ailleurs sur l’avenue Jules Quentin elle aussi, à quelques centaines de mètres de la centrale à béton mise en cause.

« Les premières constatations sur place ont permis de montrer que les écoulements n’étaient pas du béton mais de l’eau grise chargée de sable et de traces de ciment désactivé, c’est-à-dire ayant perdu ses capacités d’adhésion », assure le groupe. Fin avril, il évoquait un « écoulement involontaire de laitance de béton (caillou, sable et traces de ciment) » comme origine de cette pollution importante, à l’endroit d’une frayère (endroit où se reproduisent les poissons, Ndlr).

« D’après les relevés de profondeur qu’ils ont effectués, l’accumulation de résidus de ciment dans la Seine est telle qu’à l’endroit du déversement, la profondeur de l’eau n’est plus que de 15 à 30 cm, contre 1,80 m normalement », exposait Europe 1 dans son enquête. L’information avait suscité l’émotion et l’ire des élus locaux comme des associations de protection de l’environnement.

« Une dizaine de mètres carrés de talus végétal ont été teintés par une fine couche grisée et un dépôt de sable comportant des traces de ciment sans cohésion s’est déposé en pied de quai dans le lit de la Seine sur une surface d’environ 20 m² et une épaisseur variable de 5 à 20 cm, assure aujourd’hui le groupe Vinci. La quantité de matière déversée dans la Seine est donc estimée à moins de 5 m3, contrairement aux milliers de mètres cubes annoncés dans les médias. »

Selon les analyses réalisées dans le cadre de cette enquête strictement interne à l’entreprise, « les matériaux prélevés sont inertes » et « les échantillons d’eau ne présentent aucune trace de pollution anormale en lien avec l’incident ». Vinci « regrette vivement cet incident », et reconnaît des « dysfonctionnements ayant conduit à une sous capacité des installations de lavage des bétons ».

Il met enfin en avant que sa centrale a été installée en bord de Seine pour « assurer une livraison de 80 % des matériaux par voie fluviale ». Le groupe de construction rappelle qu’il avait envoyé un courrier à Valérie Pécresse le 10 mai dernier où il s’est « engagé à remettre en état la partie de la berge de la Seine concernée immédiagement après en avoir reçu l’autorisation ».