Complexités techniques, enjeux financiers, exigence du fils d’un des architectes… Nombreuses ont été les barrières auxquelles se sont heurtés différents projets de réaménagement de l’ancienne école d’architecture de Nanterre, laissée à l’abandon depuis 2004. Propriété de l’État évaluée à 13 millions d’euros, le bâtiment de 10 000 m² a été sélectionné (avec le Centre d’accueil et de soins hospitaliers, Ndlr) pour participer à l’appel à projets Inventons la métropole du grand Paris, destiné à permettre un financement de la Métropole du grand Paris (MGP).

Après 12 ans de négociations infructueuses avec la mairie, l’État avait mis le complexe en vente en 2017. Ce concours semble donc sonner comme une dernière chance pour la mairie Nanterre.

Les sites proposés à l’appel à projets, voués à être cédés, seront maîtrisés par les municipalités ou leurs partenaires. Après 12 ans de négociations infructueuses avec la mairie, l’État avait mis le complexe en vente en 2017. Ce concours semble donc sonner comme une dernière chance pour la mairie de Nanterre. « Nous espérons mettre fin à l’abandon et à la dégradation de l’école et promouvoir un projet d’utilité sociale qui apportera à la ville », est-il déclaré lors d’une réunion publique où les quatre projets concurrents ont été exposés aux habitants, le 15 mai dernier.

L’ancienne école d’architecture avait été désaffectée en 2004 et transférée au service des Domaines en vue d’une cession. La ville de Nanterre s’est montrée intéressée, envisageant d’abord un projet d’équipement culturel et associatif, puis une opération mixte intégrant des logements sociaux, conformément aux exigences présentées par la préfecture dans le cadre de la négociation du prix de vente. Dernièrement, la mairie s’était déclarée favorable au projet d’un centre dédié aux arts culinaires, proposé par le groupe Ducasse mais ensuite abandonné.

Les projets du second appel à projets Inventons la métropole du grand Paris seront sélectionnés en vue de leur réalisation effective à court ou moyen terme, dans le cadre d’un transfert de droits pouvant consister en une ou plusieurs ventes ou en la conclusion d’un contrat constitutif de droits réels (bail à construction, bail administratif, Ndlr).

Les habitants présents à la réunion semblent assez réfractaires à l’installation de logements. « Ah non, pas d’autres logements ! », s’exclame Claudia, 65 ans, habitante de l’allée Le Corbusier.

Les quatre propositions (voir encadré) portant sur l’ex-école d’architecture ont été examinées par le jury le 24 mai dernier, obligeant la mairie de Nanterre à ce que la réunion publique du 15 mai reste confidentielle jusque-là (à lire dans la précédente édition, Ndlr). Le vainqueur doit être officiellement annoncé le 19 juin prochain. Les travaux ne devraient pas commencer avant deux ans, le temps que les différents permis soient accordés.

« Nous avons trois projets d’écoles et un projet de logements avec un atelier culturel », résume le maire de Nanterre Patrick Jarry (DVG) à la fin de la réunion. Il indique n’être pas très favorable à la question du logement, étant donné les nombreuses habitations déjà présentes sur le site. « Quel que soit le projet, nous n’acceptons pas plus de 130 à 140 logements étudiants », informe le maire.

Les habitants présents à la réunion semblent eux aussi assez réfractaires à l’installation de logements supplémentaires. « Ah non, pas d’autres logements !, s’exclame Claudia, 65 ans, habitante de l’allée Le Corbusier, qui jouxte l’ancienne école d’architecture. On ne veut pas plus de bruit, il y en a déjà assez avec les squatteurs. » Sa voisine, Martine, ne souhaite pas non plus augmenter les nuisances que des centaines d’étudiants apporteraient s’ils logeaient dans le bâtiment. « Le soir et le week-end, on serait automatiquement dérangé », redoute-t-elle.


La première partie de l’appel à projets s’est terminée en octobre dernier, quatre avaient été sélectionnés. Le 15 mai dernier, les porteurs des projets les ont présentés devant les habitants de Nanterre, invités dans le cadre d’une concertation mise en place par la Ville, qui s’est déroulée en plusieurs temps. Une rencontre avait été organisée en novembre 2018 entre les quatre équipes et les acteurs associatifs et de l’économie sociale et solidaire de Nanterre, pour « impliquer le plus tôt possible les acteurs locaux », et un atelier proposé en janvier dernier avec des représentants de la vie du quartier.

« Nous avons trois projets d’écoles et un projet de logements avec un atelier culturel », résume le maire de Nanterre Patrick Jarry (DVG) à la fin de la réunion.


Les équipes participantes ont dû répondre à plusieurs enjeux : l’objectif de valorisation financière voulue par le ministère des Finances, l’adaptation d’une architecture expérimentale à de nouveaux usages, l’insertion dans un site situé au cœur d’un quartier de 20 000 habitants et 35 000 salariés, mais enclavé. Sans oublier que le bâtiment se situe dans un espace vert protégé du square des Groues et du parc départemental André Malraux.

Un cahier des charges issu de la consultation a été également remis aux équipes. Il y est stipulé qu’il est « souhaitable » que les projets ne dépassent pas la hauteur de 21 m, la hauteur actuelle de l’école culminant à 15,30 m. Il est aussi spécifié comme « important » qu’ils s’appuient sur l’architecture initiale de Jacques Kalisz.

Le jury de l’appel à projet Inventons la métropole du Grand Paris est composé de Patrick Ollier, président de la MGP, Jacques Kossowski (LR), le maire de Courbevoie et président de l’Etablissement public territorial (EPT) Paris Ouest La Défense, Dominique Lamiot, directeur départemental des finances publiques des Hauts-de-Seine représentant l’État, et le maire de Nanterre Patrick Jarry.

Ecoles, pôle culturel et logements : quatre projets pour une friche

Le 15 mai dernier, la salle de quartier des Terrasses grouille d’habitants pour la présentation des quatre projets proposés à l’ancienne école d’architecture. Le premier présenté est celui du fond de développement immobilier Novaxia. Nommé « K-21 », K pour l’architecte de l’ex-école, Jacques Kalisz, et 21 pour le siècle, le projet entend respecter le gabarit de l’actuel bâtiment en l’élargissant de 4 000 m². Il est axé autour d’une ou deux écoles d’enseignement supérieur, ouvertes sur la ville. « On parle d’environ 1 500 étudiants », indique l’investisseur.

« On a pris le parti de retourner vers les fondamentaux du concept initial et original, on va utiliser beaucoup de bois », précise Novaxia. « 1 000 m² en rez-de-chaussée seront destinés aux habitants également, ouvert à tout le monde, informe le porteur de projet. Ce sera un espace hybride de services aux couleurs de l’économie sociale et solidaire ». Panneaux solaires et parvis généreux sont prévus dans le cadre d’une réalisation souhaitée comme « une symbiose de deux architectures », représentant une « fluidité entre ville et parc ».

Le deuxième projet, porté par le promoteur Eiffage immobilier, entend lui aussi redonner à l’ancienne école d’architecture sa première fonction, et y installer deux des écoles d’enseignement supérieur présentes à la Défense voisine. « Avec sa connexion à la ville, sa situation proche de la Défense, et aux espaces verts, il nous est apparu que ce lieu était propice à la réflexion et à la recherche », commentent les porteurs du projet.

Voulu comme un véritable « campus » tourné vers le parc, le projet garde 87 % de prise au sol du bâtiment existant et en renouvelle 60 % de la volumétrie. Environ 3 000 étudiants seraient attendus dans le futur bâtiment qui mesurerait 18 000 m², et resterait sous les 21 m de hauteur. « On a voulu proposer un bâtiment évolutif, avec une structure bois, avec de la transparence, indiquent les porteurs du projet. Le bâtiment tel qu’il est ne se prête plus à l’enseignement d’aujourd’hui, c’est une opportunité pour construire un campus du 21e siècle. »

Le troisième projet, porté par les promoteurs immobiliers Nexity-Ogic, souhaite installer dans l’enceinte de l’ancienne maison d’architecture, une « machine à culture », avec une « programmation mixte », pour « un lieu où l’on vit, travaille et mange autour de la culture », expliquent les porteurs de projet. Celle-ci comprendrait une résidence étudiante de 250 chambres, des logements d’artiste, et des équipements culturels et sociaux, le tout sur 10 000 m².

L’association 6b, qui a ouvert un lieu de travail, de culture et d’échanges autogéré à Saint-Denis en 2010, gèrerait le dispositif culturel qui comprendrait 1 600 m² d’atelier pour artistes, artisans et associations, ainsi que 400 m² ouverts au quartier, 400 m² d’espaces d’exposition, et 300 m² de café solidaire. Le bâtiment ne dépasserait pas 21 m, et sa structure métallique serait préservée à 95 %.

Enfin, le dernier projet, porté par les Promoteurs de l’Ouest parisien, entend rénover l’œuvre initiale des architectes, insérer une école de formation supérieure, et implanter des services aux riverains tels qu’une salle de sport, un cabinet médical ou un service de réparation et de location de vélos. Environ 800 étudiants sont attendus, et le bâtiment a été prévu pour mesurer 31 m de haut pour une surface de 20 000 m². Trois petits bâtiments de 3 000 m² seraient construits pour accueillir des logements pour étudiants étrangers, ou des colocations solidaires, entre autres.