« Chez les syndicats des profs de [l’université de] Nanterre, il y a des Gilets jaunes, qui sont en contact avec le collectif, alors, ça s’est fait très naturellement », témoigne l’un des Gilets jaunes de Nanterre tout en accrochant devant l’entrée de la fac une banderole revendicative. Alors que le soleil tombe en ce début de soirée du jeudi 16 mai, tandis que se croisent étudiants, passants et manifestants, les organisateurs se pressent pour réussir à démarrer la projection du film J’veux du soleil, réalisé par Gilles Perret et le « député-journaliste » François Ruffin (FI) en un temps record.

Ce dernier, assisté de la rédaction de son magazine Fakir, compte bien ainsi propager ce mouvement de « durs à la peine », comme il les décrit lui-même dans son film. Pour le collectif des gilets jaunes de Nanterre, qui compte plusieurs dizaines de membres actifs, l’organisateur de cette projection-débat un peu particulière, puisque donnée dans un amphithéâtre de l’université, n’est autre que la FSU des enseignants de la fac de Nanterre. En réalité, si c’est bien son secrétaire Thibaut Brouillet, maître de conférence en psychologie, qui l’a organisée, c’est à titre personnel et sans lien avec le syndicat.

François Ruffin, assisté de la rédaction de son magazine Fakir, compte bien ainsi propager ce mouvement de « durs à la peine », comme il les décrit lui-même dans son film.

« On est quelques-uns de l’équipe à tourner partout. On a reçu des centaines de demandes, malheureusement, on ne pouvait être partout, mais quand la demande est arrivée pour Nanterre, je me suis dit que c’était pour moi ! », commente de sa venue Cyril Pocréaux. Journaliste à Fakir, il est en effet lui-même un ancien étudiant de l’université Paris-Nanterre, y ayant appris la sociologie et l’histoire de 1991 à 1995. « A Fakir, François [Ruffin] dit souvent que notre adversaire, c’est la finance mais surtout l’indifférence, il faut que les gens sortent de leur canapé », poursuit-il.

« Dans ce qu’on fait, le but est d’essayer de toucher des milieux sociaux différents, et c’est l’objectif du film aussi », expose Cyril Pocréaux de cette importante tournée de projections, avant la sortie officielle du film comme après. « Nous voulons montrer que les Gilets jaunes, ça pourrait être n’importe qui, que la classe intermédiaire, la classe éduquée, pourraient en être, détaille-t-il des étudiants. À Nanterre, ils sont appelés à faire partie des classes moyennes supérieures, il est important de leur apporter une vision différente, car les jeunes des ronds-points ne font pas forcément d’études à la fac. »