« T’es fatiguée ? Ah ouais t’es fatiguée ? Eh bien moi je n’en peux plus ! Tout ce que je veux c’est rentrer chez moi ! Partir loin d’ici ! » Alors qu’une quinzaine de personnes patientent dans la queue d’un food truck, jeudi dernier, en face des marches de la Grande arche de la Défense, deux dames d’une quarantaine d’années se lancent dans une virulente altercation.

Les passants s’arrêtent, les deux femmes se bousculent, se crient dessus, s’attrapent par les épaules. L’une d’elles tombe, hurle de rage, de colère, presque de désespoir : un quidam s’interpose et essaye de relever la malheureuse. Les yeux des témoins de la scène s’arrondissent de surprise tandis que d’autres prennent des photographies : le coup de bluff des comédiennes de la troupe de théâtre des Bataclowns est réussi.

« L’objectif est de s’immiscer dans des petits groupes après le numéro des comédiennes, on rebondit sur les saynètes on arrivant avec des solutions pour les salariés en terme de qualité de vie au travail », explique Cyril Besombes, le secrétaire général adjoint de l’antenne de la CFDT. Cette intiative est tenue dans le cadre d’une « journée orange » proposée à la Défense et destinée à promouvoir l’organisation syndicale.

Les réactions du public varient ce midi-là. Pour Frédéric, cette scène n’a rien d’exceptionnel. « Mon épouse travaille pour la Société générale, vous n’avez qu’à faire un tour dans le hall de l’une de leur tour, c’est comme ça toutes les fins d’après-midi ! », lance-t-il, désabusé. Justine et Louise, elles, ont été prises au dépourvu. « On n’a pas du tout compris que c’était une pièce de théâtre, quand ça s’est passé mon cœur s’est serré, elles étaient super crédibles ! », commente la première. « C’est triste, parce que je ne peux pas m’empêcher que sous l’effet du stress, ça pourrait nous arriver dans quelques années ! », souffle la seconde.

Au cours de cette « journée orange », deux ateliers étaient aussi proposés par la CFDT, l’un sur les méthodes de management des cadres, l’autre sur les risques psychosociaux, avec notamment pour thème la gestion des burn-out. « On essaye de toucher les jeunes cadres avec un propos étayé, sur le management, la charge de travail, l’ambiance de travail, la négociation annuelle ou même le droit à la déconnexion, résume Cyril Besombes. On se rend compte que les salariés de la Défense sont de moins en moins au courant de leurs droits. »