Un « petit-déjeuner – atelier », sobrement intitulé « équipes multiculturelles, comment en faire une force ? », se tenait mardi matin au sein du campus de l’école de commerce de l’IESEG, au cours d’une semaine entière dédiée à l’interculturalité, où de nombreux « workshop » s’égrenaient, du lundi au vendredi, sur les campus de Lille et ici, à la Défense (voir encadré). « C’est un événement corporatif que nous essayons d’ouvrir aux entreprises, il y a beaucoup de gens intéressés par le sujet », explique Aline Scholz, responsable des relations entreprises de l’école.

Parmi le personnel encadrant de l’école, plusieurs intervenants occasionnels étaient venus, eux aussi, pour soigner leur réseau, comme Pascale Schmidt Dubois. Elle a réalisé une thèse sur les conditions de réussite des étudiants chinois : « Je suis ici parce que je tiens à m’actualiser sur mes connaissances, et être au point sur ce que je vais apprendre à mes étudiants », glisse-t-elle en échangeant des contacts.

« Nous avons également besoin de communiquer sur le fait que nous comptons 2 700 étudiants à la Défense, car beaucoup d’entreprises pensent encore que nous ne sommes présents qu’à Lille », note par ailleurs Aline Scholz. Si l’Iéseg est née à Lille, elle possède en effet maintenant des locaux dans le socle de la Grand arche de la Défense, mais également quelques centaines de mètres plus loin sur la promenade de l’arche.

Ces ateliers, s’ils « participent au rayonnement de l’école », l’inscrivent aussi sur la carte des grandes entreprises du quartier d’affaires. L’objectif de l’école, qui se targue d’être « la plus internationale » des écoles de commerces avec 82 % de professeurs d’origine étrangère, est de soigner son image et son réseau. Si en 2004, l’Iéseg ne comptait que 22 étudiants étrangers que le personnel venait d’ailleurs chercher à la gare où à l’aéroport, elle en compte maintenant plus de 2 000, issus de 47 pays différents.

Interculturalité : une « cécité culturelle française » ?

« Prenez un post-it et notez votre nom, adresse et numéro de téléphone de votre main non naturelle », est-il demandé aux présents par un enseignant de l’école de commerce lors d’un petit déjeuner et atelier proposé dans le cadre d’une semaine interculturelle. « Vous sentez cette gêne ? Elle est à corréler avec un parcours professionnel interculturel : il faut être capable de sortir de sa zone de confort. »

Au cours de cette session de partage de l’Iéseg, la vingtaine de curieux, aux parcours professionnels internationaux, était invités à se présenter en dix mots. S’ensuit un « café du monde », où la salle est divisée en trois groupes, répondant à tour de rôle à des thématiques générales, concernant les limites, les concepts ou encore les avantages des équipes interculturelles.

L’occasion de s’épancher sur l’actualité française et la « cécité culturelle et interculturelle française ». Pour un expatrié, la fusion de compagnies aériennes, Air France la française et KLM la néerlandaise, serait un cas d’école : ne pas comprendre les différences culturelles nuirait aux bénéfices. Si un tableur permet ainsi de comprendre les aspects techniques, il ne suffit pas à acquérir les connaissances nécessaires pour la signature d’un contrat, bien plus sensible à la culture de chacun.

Parmi les professionnels extérieurs à l’école, Hubert Marchat, directeur du centre d’affaires Etoile entreprises de la BNP Paribas, explique les stratégies pour lesquelles il avait opté lors de ses 16 années passées à la direction du pôle Asie : « J’ai tout de suite voulu qu’on soit dans une démarche de co-direction avec un Anglais. »

« Le message, c’est de dire aux équipes: regardez, nous sommes capables de travailler en venant d’origines différentes », détaille-t-il. Il faut également s’adapter aux spécificités locales : « Les asiatiques adorent le karaoké, et ça s’est révélé être un bon moyen de briser la glace et de souder les équipes. »

Actualité plus brûlante discutée ce jour-là, celle des Gilets jaunes. La notion de « déni de culture » a été évoquée. Le modèle d’assimilation à la française semble parfois être l’arbre qui cache la forêt. Les Français, bien souvent faibles en langues et cultures étrangères, peuvent-ils seulement se comprendre entre eux, se sont demandés les présents ce matin-là.

Au cours de cette session de partage de l’Iéseg, la vingtaine de curieux, aux parcours professionnels internationaux, était invités à se présenter en dix mots.