La start-up Smooovebox, spécialisée dans le « velfie business », fabrique depuis quelques années des cabines permettant aux clients, entreprises ou particuliers, de se filmer puis de partager les vidéos ainsi réalisées. A l’invitation du salon Top recrutement donné mardi 9 octobre à l’espace Grande arche, elle a adapté son produit pour permettre à ceux qui cherchent un emploi de créer leur CV vidéo. Les curieux étaient nombreux : malgré l’hésitation de certains, la plupart se révèlent agréablement surpris une fois leur CV fini.

« On a fait 72 CV aujourd’hui, c’est énorme ! » Il est 17 h au salon Top recrutement, et Sharif Hassan, président de Smooovebox, est particulièrement satisfait de ce galop d’essai devant le grand public, autour d’un potentiel nouveau marché. Le plus récent projet de sa jeune pousse parisienne de cabines vidéo est de mettre en relation des start-up avec des investisseurs en permettant aux entrepreneurs de réaliser simplement une présentation vidéo de leur concept.

Alors, Smooovebox n’avait pas forcément dans l’idée de proposer un service de CV vidéo, mais le salon Top recrutement lui a proposé d’offrir ses services aux visiteurs, qui doivent alors tenter de convaincre de potentiels recruteurs dans des vidéos d’une minute trente. Parmi les testeurs du jour, Christian, 55 ans, qui compte plusieurs années de travail à la Défense, trouve l’initiative « enthousiasmante ».

« C’est une expérience absolument nouvelle pour moi », sourit le quinquagénaire qui recherche un poste de responsable de centre de profit. « C’est une façon de dynamiser la candidature, peut-être même de casser les codes, je compte envoyer mon CV traditionnel avec ce CV vidéo qui fera office de lettre de motivation, poursuit-il. Je veux entrer dans la salle d’entretien et ne pas voir de geste de recul, qu’on soit sur la même page. »

Devant le stand de l’entreprise, plusieurs curieux hésitent. Elizabeth, 22 ans, étudie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. « Je ne comprends pas trop l’intérêt en fait… », se demande-t-elle. Le président de Smooovebox défend son projet : « Ca montre que vous êtes capable de sortir de votre zone de confort ! » L’étudiante se montre quelque peu dubitative.

« Qu’est-ce que vous recherchez comme expérience, mademoiselle ? » s’enquiert-il. La jeune femme rougit, évoque une initiative intéressante, mais rechigne à sauter le pas. « Un stage en assurance », finit-elle par indiquer. Le jeune patron saute sur cette envie : « Mais c’est super, on a justement le PDG d’un grand groupe d’assurance qui a testé notre système et qui est dans notre base de données, il pourra voir votre CV, et peut-être sera-t-il conquis… »

L’argument fait mouche. L’étudiante entre dans le stand et s’assoit à la table. « On procède en plusieurs étapes », explique Sharif Hassan. « D’abord, on leur demande de poser par écrit ce qu’ils veulent dire, détaille-t-il. On les invite à se présenter, puis à parler de leur expérience, puis de ce qu’ils recherchent, et enfin, de trouver une façon de couper, de dire au revoir. »

« Pour adapter notre business aux CV vidéo, on a juste modifié les mots-clés : au lieu de parler d’offres et de besoins, on parle de recruteurs et de candidats. On fait de la pédagogie pour que leur CV donne envie tout autant que les pitchs des entrepreneurs », expose Sharif Hassan tout en admettant avoir des « cas très difficiles à coacher ».

Après une bonne demi-heure d’écriture, Elizabeth s’entraîne devant une coach, un verre en plastique au niveau du menton pour s’entraîner à tenir le micro près de sa bouche : « Bonjour, je m’appelle Elizabeth, j’ai 22 ans et je cherche un stage dans une compagnie d’assurance en service juridique… ». Après quelques essais, le moment de vérité est arrivé, elle se positionne devant la cabine vidéo.

« Dans l’aspect verbal du CV vidéo, on fait passer énormément d’infos, c’est l’entre-deux entre un CV classique où les gens se survendent souvent, et l’entretien d’embauche où ils sont trop stressés et souvent pas très bons », estime le président de Smooovebox. « Même si votre CV n’est pas parfait, vous montrez que vous allez de l’avant, même avec vos défauts, ces velfies (selfies vidéo, Ndlr), c’est la perfection de l’imparfait », glisse-t-il.

Après son passage, Elizabeth se dit satisfaite : « C’est une belle expérience, et on a bien été préparé en amont. » L’entreprise prévoit de mettre en ligne des conseils vidéo pour assister les internautes à distance, afin qu’ils puissent enregistrer leur CV depuis leur webcam. « Bon, maintenant, j’attends de voir les retombées », nuance l’étudiante en repartant.