Profitant du vide concurrentiel de la Défense sur le marché de la réparation des deux-roues, la start-up Izyscoot est partie à la pêche aux conducteurs. A son arrivée dans le quartier d’affaires en 2016, son mécanicien se déplaçait dans de nombreux parcs de stationnement souterrain. Les propriétaires souhaitant faire réviser ou réparer leurs scooters et motos pouvaient alors les y déposer en quelques minutes le matin, et venir les récupérer le soir.

Si le mode de fonctionnement est resté identique, victime de son succès, la jeune société s’est sédentarisée. Elle continue de se déplacer tous les jeudis dans le parking de la Société générale, mais est sinon présente quatre jours par semaine dans son atelier du parking de Coeur Défense. Le quartier d’affaires signe par ailleurs un retour aux sources pour le fondateur de la start-up de réparation mobile lancée en 2013 : il y travaillait auparavant au Crédit agricole.

« Je viens de me rendre compte que mon pneu arrière a crevé, souffle Laeticia au volant de son scooter Vespa bleu, en arrivant à l’atelier Izyscoot au milieu du parking, ce matin du mardi 2 octobre. « J’ai essayé d’appeler [la station-essence] Total à côté mais ils ne font pas de réparations, du coup, j’ai regardé sur internet et je les ai trouvés, rapporte-t-elle. Franchement, c’est la bonne surprise, je n’ai même pas appelé mon boss car ils m’ont dit que la prise en charge prendrait 5 à 10 minutes maximum. »

La clientèle de l’atelier fixe de Cœur défense se constitue maintenant principalement d’habitués, séduits par la proximité offerte avec leur lieu de travail.

Cette galère, le fondateur d’Izyscoot, Louis-Charles Kiener l’a bien connue. Sorti d’une école de commerce en spécialité finance de marché, il commence à travailler dans le trading à New York, avant de revenir en France pour exercer à la Défense, à l’inspection générale de Crédit agricole CIB, la banque de financement et d’investissement du groupe bancaire. Conducteur de deux-roues à la Défense, le fondateur de la start-up confie sa « galère » de l’époque dès qu’il avait une panne.

« Je me retrouvais bloqué, car avec une grande amplitude d’horaires de travail, et des garages qui ouvrent tard ou ferment trop tôt, je perdais du temps », se souvient-il. « C’est là que l’idée est née, je me suis dis que c’est l’atelier qui devait venir à nous et non l’inverse », poursuit-il de ce qui le mène finalement à une réorientation professionnelle complète pour devenir, à maintenant 33 ans, patron d’une entreprise de réparation mécanique.

« Et puis, je me suis rendu compte que je n’avais pas du tout envie de bosser dans une grande structure, où je devrais jouer des coudes pour monter les échelons un à un », explique-t-il de son désir de quitter, le Crédit agricole, auprès duquel il négocie un congé individuel de formation. Il passe alors un CAP de maintenance cycle et motocycle, quitte son entreprise en juillet 2013, et fonde la jeune pousse dans la foulée. « On a débuté à Issy-les-Moulineaux, avec notre camionnette de réparation mobile, on faisait le tour des entreprises : TF1, Microsoft, etc… », se rappelle-t-il.

En novembre 2016, comme un retour aux sources, l’ancien trader revient conquérir la Défense. S’associant avec les parkings Indigo, Izyscoot fait le tour des parcs de stationnement souterrain du quartier d’affaires, au rythme d’un par jour. L’entreprise y connaît cependant des débuts difficiles : « Faire venir les salariés de la Défense dans un parking, c’est déjà un challenge, et puis, on avait clairement un problème de visibilité. »

Martial Lemonnier, mécano d’Izyscoot à la Défense, revient sur leurs premiers pas dans le quartier : « On a tracté comme des fous avec Louis-Charles, on a mis facile six à sept mois avant d’avoir des clients tous les jours. » Ils décident alors de tenter un coup en gonflant à l’hélium plus d’un millier de ballons oranges siglés de la marque, et les attachent à tous les deux-roues qu’ils croisent sur la Défense.

« L’opération a vraiment bien marché, le retour des clients était super et le bouche-à-oreille a fonctionné », se souvient le fondateur de la start-up. Depuis, l’entreprise s’est taillé une petite réputation, trônant même en haut de la sacro-sainte page de recherche Google pour les réparations de deux-roues à la Défense.

L’entreprise de réparation est allée de parking en parking pendant un an et demi. « Honnêtement, c’était une charge de travail physique très importante, confie le mécanicien. Se déplacer tous les jours, ou même ne pas avoir d’endroit où se laver les mains ou pour aller aux toilettes, c’était difficile. »

« Faire venir les salariés de la Défense dans un parking, c’est déjà un challenge, et puis, on avait clairement un problème de visibilité », se souvient le fondateur de la jeune pousse de ses débuts.

En novembre 2016, elle s’est donc sédentarisée dans son nouvel atelier du parking de Coeur Défense, même si Izyscoot a conservé sa camionnette de réparation mobile pour se rendre dans le parking de la tour Société générale les jeudis. « On l’a choisi pour deux raisons : parce que Coeur Défense est vraiment le centre névralgique de la Défense, et parce que ça nous permet de répondre à l’ensemble des besoins des utilisateurs de deux-roues », détaille Louis-Charles Kiener.

« Ça va de l’entretien de base à la panne plus sérieuse en passant par l’accident, précise-t-il ensuite. On est agréé par les assureurs donc on peut poser des devis, le client vient déposer son scoot’ et on prend tout en charge. » La clientèle de l’atelier fixe de Cœur défense se constitue maintenant principalement d’habitués, séduits par la proximité offerte avec leur lieu de travail.

« J’ai découvert l’endroit par une publicité dans le parking quand je travaillais dans la tour Cœur Défense », indique ainsi ce mardi en fin de matinée Renaud, venu déposer son scooter Honda Swing de 125 cm3 à l’atelier. « C’était super pratique, je suis venu une première fois pour une révision, et puis je suis revenu pour changer un pneu, se remémore le quarantenaire. J’ai trouvé le service de qualité et comme le courant est bien passé, Martial est devenu mon mécano attitré. »

Même son déménagement professionnel hors de la tour Coeur Défense ne l’a pas découragé. « Depuis, les seules fois où je ne suis pas venu ici c’est parce que mon scoot’ ne démarrait pas à cause de la batterie qui était morte, assure-t-il. Et, même maintenant que ma boîte a déménagé dans la tour Majunga, je viens le voir dès que le voyant d’huile s’allume. »

Les deux-roues préférés des salariés du quartier d’affaires seraient « souvent les derniers [Yamaha] X-Max ou des Suzuki, pas forcément des énormes bécanes, mais toujours propres, des modèles récents avec peu de kilométrage » glisse le mécanicien. Au gré des réparations et des entretiens de ce mardi matin, il se met à rêver d’expansion : « Au vu de la charge de travail et du potentiel, maintenant, j’aurais bien besoin d’une autre paire de bras ». Une nouvelle embauche qui pourrait bien intervenir prochainement, vu le succès de la start-up à la Défense, selon son fondateur.

La réparation de vélo à Coeur Défense peine à décoller

Les deux-roues motorisés ne sont pas les seuls à pouvoir être soignés à Coeur Défense. Un service de réparation de vélo est également disponible, cette fois-ci exclusivement en direction des employés de la tour. La start-up Ridy, présente à Paris depuis 2016 avec un forfait réparation à domicile de 8 euros, tente de se faire une place depuis juin, via un partenariat avec la conciergerie de Cœur Défense.

Les salariés peuvent faire réparer leur vélo tous les troisièmes jeudis du mois, à condition qu’au moins cinq réservations pour des réparations soient prises pour cette journée-là. L’essai est pour l’instant un peu poussif dans le quartier d’affaires : la jeune entreprise de réparation mobile de vélos n’a pas pu venir en août car la tour était fermée, et a déjà dû annuler trois jeudis depuis la rentrée, faute de clients.